Manifestation contre les abus de la loi sur le blasphème au Pakistan | © Asianews
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Pakistan: un chrétien accusé de blasphème suite à un post sur Facebook

Un chrétien pakistanais de 49 ans, résidant dans le Pendjab pakistanais, au nord-est du pays, a été accusé de blasphème et arrêté pour avoir publié sur Facebook un passage de la Bible. La publication mise en cause est un extrait de l’épître de saint Paul aux Corinthiens sur le sacrifice d’animaux, considéré comme blasphématoire, explique l’agence Fides.

Le passage, tiré du chapitre 10 de l’épître de saint Paul aux Corinthiens, versets 18-22, publié sans commentaire est le suivant: «Voyez l’Israël selon la chair: ceux qui mangent des victimes sacrificielles ne sont-ils pas en communion avec l’autel? Que veux-je donc dire? Que les viandes sacrifiées aux idoles ont de la valeur? Ou qu’une idole a de la valeur? Non, mais je dis que ces sacrifices sont offerts aux démons et non à Dieu. Or, je ne veux pas que vous communiez avec les démons […]».

Le message a été posté sur Facebook le 27 juin dernier, deux jours avant la fête islamique du sacrifice, l’»Eid-Ul-Azha», précise l’agence Fides. Le plaignant, un musulman qui réside dans le même village que l’accusé, a lu le texte et l’a associé à l’essence du sacrifice de l’Aïd, accusant le chrétien de blasphème. Les tensions se sont exacerbées après que le plaignant a incité les villageois à annoncer bruyamment des «actes blasphématoires commis par des chrétiens» dans plusieurs mosquées.

Craintes de représailles

Craignant des représailles, des dizaines de familles chrétiennes se sont réfugiées dans un village voisin. Bien que la publication ne contienne pas de commentaire personnel relatif à la fête de l’Aïd Ul Adha, célébrée dans le monde entier du 29 juin au 1er juillet, l’accusation de blasphème s’est répandue, accompagnée de manifestations de violence.

La famille a quitté son village et s’est adressé à l’avocate chrétienne Aneeqa Maria Anthony, directrice de l’organisation «The Voice», qui règle ce type d’affaires. L’avocate a pris note de l’enregistrement de la plainte (le «First Information Report»). Elle a assuré la sécurité de l’homme et de sa famille, qui risquent une agression ou même une exécution sommaire. Le chrétien a été présenté au tribunal de la ville voisine de Sargodha, où le juge a accordé une libération sous caution avant l’arrestation. L’homme, accompagné de son avocat, s’est ensuite rendu au poste de police pour enregistrer sa déclaration avant d’être placé en garde à vue. L’équipe juridique attend maintenant l’audience prévue le 11 juillet pour la confirmation de la libération sous caution.

«Nous savons que l’accusé n’a commis aucun crime. Mais, compte tenu des circonstances actuelles, de la question brûlante de la loi sur le blasphème et du lieu où nous nous trouvons, la situation n’est pas favorable», a confié l’avocat à l’agence Fides. Il espère que les violences n’éclateront pas entre les communautés.

La fameuse «loi sur le blasphème» au Pakistan comporte de plusieurs articles du code pénal: les articles 295 et 295a punissent le blasphème contre la religion de manière générale; deux paragraphes controversés (295b et 295c), en particulier, punissent d’une peine d’emprisonnement à vie ou de la peine de mort le fait de bafouer l’islam, le Coran ou le prophète Mahomet. De plus, la charge de la preuve n’incombe pas à l’accusateur. La loi est souvent instrumentalisée et mise au service de vendettas personnelles. (cath.ch/fides/bh)

Manifestation contre les abus de la loi sur le blasphème au Pakistan | © Asianews
6 juillet 2023 | 11:25
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 2  min.
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