Sinistre portrait
Ouganda: Témoignage d’un missionnaire qui a connu personnellement Amin Dada
Kampala, 18 août 2003 (Apic) Giuseppe Zeno Ricotti, un missionnaire combonien de 77 ans, a personnellement connu le dictateur ougandais Idi Amin Dada avant que celui-ci accède au pouvoir en 1971. Le portrait est à la mesure de la réputation, déjà gamin Amin Dada s’illustrait par sa brutalité.
Idi Amin Dada, qui fut le président-patron de l’Ouganda, est décédé samedi matin au «King Faisal Specialist Hospital» de Gedda, en Arabie Saoudite. Sa mort aurait été causée par un blocage rénal et des complications cardiaques. Arrivé au pouvoir suite à un coup d’Etat en 1971, il renversa le gouvernement de Milton Obote et acheva sa carrière politique par sa fuite en 1979 – d’abord en Libye puis en Arabie Saoudite – après l’entrée à Kampala des troupes envoyées par l’ex-président tanzanien Julius Nyerere.
«Amin était originaire de la tribu Kakwa, son père avait été soldat au Soudan et il retourna au pays après avoir adhéré à l’Islam; ainsi, Amin se fit musulman, même si il ne s’est jamais révélé au cours de sa vie un vrai fidèle de Mahomet. Ce qui est sûr, c’est que l’ex-dictateur ne fut jamais baptisé» a raconté à l’agence MISNA le Père combonien Giuseppe Zeno Ricotti, 77 ans, originaire de Badia Calavena, du diocèse de Vérone.
Le missionnaire raconte avoir connu le dictateur avant son accession au pouvoir, «le 23 octobre 1968, durant la fête qui suivit l’ordination épiscopale du premier évêque de Lira, Mgr Cesare Asili, aujourd’hui disparu. «Amin ne parlait pas anglais et moi j’étais le seul à connaître la langue qu’il utilisait, le logbara», explique le religieux.
Expulsé de l’école élémentaire pour brutalité
Le jeune Amin, ajoute le Père combonien, «fut envoyé à l’école catholique de Koboko, mais il n’y resta que les deux premières années de l’élémentaire car durant la troisième année, il fut expulsé pour violences contre ses camarades. Il paraît qu’il frappait fort. Il a d’ailleurs été plus tard champion africain des poids lourds de boxe, rappelle le Combonien.
«En 1967, continue Père Picotti, j’appris qu’Amin voulait prendre comme épouse officielle (il en avait déjà d’autres) une jeune femme de la tribu Logbara, Myriam, qui travaillait à la télévision. Myriam était fille de Silas, pasteur protestant du comté de Maracha, où j’étais curé. Je demandai à Silas de ne pas donner son consentement à ce mariage, mais la grosse somme d’argent qui lui était offerte l’attira et il accepta.
Epouse tuée et mutilée
En décembre 1968, Père Picotti dut quitter l’Ouganda, où il retourna en 1981 après la défaite d’Amin, battu par les troupes tanzaniennes alliées d’Obote, revenu au pouvoir. «Peu avant de prendre la fuite, conclut le missionnaire combonien, Amin a tué sa femme Myriam. Je suis allé présenter mes condoléances au pasteur Silas. Ce dernier me dit que les anciens du clan ayant le droit de vérifier la mort de la victime, selon la coutume logbara, ils ouvrirent son cercueil et trouvèrent le corps de Myriam mutilé». (apic/misna/sh)