Bénin: Un pays où les frontières entre les appartenances religieuses restent floues
Omniprésence du culte vaudou
Porto-Novo, 17 novembre 2011 (Apic) Le Bénin, où Benoît XVI se rendra du 18 au 20 novembre 2011, est officiellement composé pour un tiers de catholiques, mais ce pays est aussi le berceau du vaudou, si bien que les fidèles n’hésitent pas à mêler au quotidien leurs différentes croyances.
Les données concernant les appartenances religieuses semblent ainsi contradictoires: selon le Bureau central des statistiques de l’Eglise, le petit pays compte près de 3 millions de fidèles catholiques, sur une population de plus de 8,5 millions d’habitants, soit environ un tiers. Le reste se divise entre animistes (près de 40 %) dont le culte vaudou, musulmans (24 %) et protestants (3 %). Selon d’autres sources, y compris vaticanes, la proportion de Béninois qui se reconnaissent dans les religions traditionnelles varierait de 29 % jusqu’à 65 %.
Un vaudou omniprésent
La difficulté à distinguer les appartenances religieuses est liée au fait qu’avant que les missionnaires ne viennent évangéliser la région, il y a 150 ans, les habitants du Bénin vivaient dans la croyance vaudoue.
Le vaudou fait référence à un culte syncrétique qui trouve ses racines dans les croyances de différents peuples du Golfe du Bénin, dont il constitue l’un des principaux fondements culturels. Il désigne à la fois l’affirmation de l’existence de forces invisibles et l’ensemble des moyens pour s’attirer leur bienveillance et faire communiquer les deux mondes, incluant par exemple le fait de croire aux zombies ou l’usage des fameuses «poupées vaudou».
Le vaudou peut se définir comme une culture, un héritage et une tradition englobant la société. Interdits dans un premier temps par les colons arrivés en Afrique, certains rites et danses furent ensuite adaptés au christianisme et intégrés à la liturgie catholique. Aujourd’hui, les frontières restent peu étanches entre religions traditionnelles et institutionnelles en Afrique. A Ouidah, en face de la première cathédrale de toute l’Afrique occidentale – où passera le pape – se trouve un célèbre temple vaudou, le Temple des Pythons.
150 ans d’évangélisation
La présence catholique au Bénin est le fruit de l’œuvre de missionnaires de la Société des missions africaines (SMA). C’est au port de Ouidah, d’où partirent nombre d’esclaves d’Afrique occidentale, qu’arrivèrent en 1861 les trois premiers missionnaires, un Français, un Espagnol et un Italien. Mais la première tentative d’évangélisation du Bénin remonte à 1644 avec l’arrivée à Ouidah de deux capucins bretons.
En 1883 fut érigée la préfecture apostolique du Dahomey, ancien nom du Bénin. En 1928, le premier prêtre béninois fut ordonné et il a fallu attendre 1957 pour voir la consécration du premier évêque béninois. Deux ans auparavant, par la bulle Dum Tantis, Pie XII avait créé la hiérarchie catholique locale.
L’Eglise catholique au Bénin
On compte au Bénin 11 évêques et 811 prêtres (684 diocésains et 127 religieux). Il y a donc un prêtre pour 3’679 catholiques, la moyenne mondiale étant d’un prêtre pour 2’849 fidèles. En outre, on compte également dans ce pays 139 religieux non-prêtres, 1’247 religieuses, 30 laïcs membres d’instituts séculiers, 19 missionnaires laïques et quelque 11’251 catéchistes. On recense également quelque 805 séminaristes.
Dans le domaine éducatif, il existe 165 écoles maternelles ou primaires catholiques pour un total de quelque 31’900 élèves, mais aussi 50 collèges et lycées catholiques pour environ 24’598 élèves, ainsi que deux universités catholiques qui accueillent près de 1’274 étudiants.
Concernant les institutions caritatives et sociales catholiques, on dénombre au Bénin 12 hôpitaux et 64 dispensaires, sept maisons de soins ou de retraite, 41 orphelinats ou garderies, trois centres familiaux pour la protection de la vie, 17 centres spéciaux d’éducation ou de rééducation sociale ainsi que trois autres institutions œuvrant dans ce domaine. (apic/imedia/cp/js)