Les djihadistes ont pris, le 24 mars, la ville de Palma, au Mozambique | © AED/ACN
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Offensive djihadiste au Mozambique: un prêtre témoigne

Le prêtre catholique Antonio Chamboco n’était pas à Palma lorsque les djihadistes de l’Etat islamique (EI) ont pris la ville du nord-est du Mozambique, le 24 mars 2021. Il a témoigné à l’Aide à l’Eglise en détresse (AED) ses inquiétudes pour ses paroissiens restés sur place.

Les forces gouvernementales mozambicaines ont annoncé, le 6 avril 2021, la reprise de Palma, à l’extrémité nord de la province de Cabo Delgado. Une information toutefois mise en doute par de nombreuses sources. On ne sait pas encore exactement quelle est la situation dans cette ville de 50’000 habitants, en grande partie vidée de ses résidents, le 24 mars.

Présomptions de massacres

Le Père Chamboco n’était pas sur place, et il a suivi de loin les développements. «Quand j’ai entendu parler de l’attaque, j’ai ressenti de la douleur et de la tristesse. De la douleur, parce que ça fait une année que je suis à Palma et que j’aime déjà les gens, la communauté». Au début, il était encore possible de rester en contact avec la ville, mais les lignes téléphoniques sont devenues rapidement inutilisables.». Le Père Chamboco ne sait donc rien de la situation de ses paroissiens. Il n’a réussi à établir le contact qu’avec deux coordinateurs pastoraux. «J’ai pu localiser l’un d’eux près de la frontière tanzanienne. Pour fuir les attaques, il est allé en Tanzanie et s’y trouve maintenant». L’autre coordinateur semble avoir trouvé refuge dans une ville située à une centaine de kilomètres à l’ouest.

La ville de Palma est située près de la frontière tanzanienne (Google Maps, capture d’écran)

Des sources affirment que des dizaines de personnes ont été tuées et que Palma serait maintenant une ville fantôme. Une vidéo envoyée à la Fondation AED, présumément tournée dans la cité après l’attaque, montre ce qui s’apparente à un massacre, avec des corps décapités et mutilés.

«Par leur frénésie destructrice, les terroristes semblent vouloir faire le maximum de dégâts et semer une terreur immense, assure Ulrich Kny, chef de projet pour le Mozambique à AED. Nous nous demandons combien d’autres morts il faudra pour que le monde réagisse et mette fin à cette violence. On dirait que ces vies ne comptent pas. Cela me déchire le cœur».

Une région dans le chaos

La région de Cabo Delgado est depuis 2017 le théâtre d’attaques de groupes armés ayant revendiqué leur lien avec le groupe État islamique. Les Nations Unies enregistraient fin 2020 plus de 670’000 personnes déplacées, et plus de 2’500 morts.

L’AED soutient les efforts de l’Église locale auprès des populations déplacées, après avoir fourni les premiers secours d’urgence pour un montant de 160’000 euros. La Fondation a également fourni une aide de subsistance aux prêtres et aux religieuses de la région, et financé la formation des séminaristes ainsi que d’autres projets liés aux besoins les plus urgents de la vie de l’Église au Mozambique. Ulrich Kny explique que, face à l’afflux prévisible de nouveaux réfugiés et la situation humanitaire, AED va augmenter son soutien financier. (cath.ch/aed/ag/rz)

Les djihadistes ont pris, le 24 mars, la ville de Palma, au Mozambique | © AED/ACN
7 avril 2021 | 16:39
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
AED (95), djihadistes (90), Etat islamique (138), Mozambique (39), Terrorisme (262)
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