Numérique: le pape appelle les entreprises à protéger les mineurs
«J’adresse aujourd’hui le plus pressant appel [aux entreprises] afin qu’elles assument leur responsabilité envers les mineurs», a déclaré le pape François le 14 novembre 2019 devant un parterre de responsables religieux et spécialistes du numérique. Il recevait en audience les participants au congrès ‘Promoting digital child dignity’ se déroulant du 14 au 15 novembre au Vatican.
Le monde du numérique offre de belles opportunités pour les mineurs, que ce soit en matière d’éducation ou de développement personnel, a reconnu le pontife argentin. Cependant, l’utilisation des nouvelles technologies pour commettre des abus envers les enfants à distance est réelle et ne connaît pas de frontière, s’est-il alarmé. Il est par conséquent très difficile de lutter contre ces crimes horribles. De même, la diffusion d’images relayant ces abus augmente selon lui de manière exponentielle.
Responsabilité pour les grandes entreprises
Dans ce contexte, une plus grande prise de conscience de la gravité de ce phénomène est urgemment requise, a jugé le pape François. Les grandes entreprises jouent un rôle clef dans le développement du numérique. Elles ne peuvent donc se considérer comme «non-responsables» vis-à-vis des services qu’elles fournissent à leur clients. «J’adresse aujourd’hui le plus pressant appel afin que [les entreprises] assument leur responsabilité envers les mineurs, leur intégrité et leur futur», a-t-il ainsi demandé.
Selon lui, il ne sera pas possible de garantir la sécurité des mineurs sans la pleine participation des grands groupes. En plus de respecter la législation, ces entreprises doivent se préoccuper de la direction prise par leur service de technologies et ses impacts. Et ce, car elles sont bien souvent en avance par rapports aux lois censées encadrer leurs actions. Les entreprises doivent donc prendre conscience de leurs répercussions morales et sociales.
Développer des «algor-éthiques»
Le pape a par ailleurs encouragé les initiatives législatives visant à protéger les mineurs. A titre d’exemple, l’obligation imposée par certaines législations de vérifier l’âge d’un utilisateur ne constitue pas selon lui une atteinte à la vie privée et doit au contraire être encouragée. L’âge moyen auquel les enfants regardent pour la première fois ces images étant de onze ans. A ce titre, le pontife a regretté que trop de «filtres» visant à protéger les mineurs restent encore inefficaces.
Alors que l’intelligence artificielle est désormais entrée dans l’entreprise, le pontife romain a en outre lancé un appel aux ingénieurs afin que ceux-ci se sentent «personnellement responsables de la construction du futur». Il leur incombe en effet de développer des algorithmes éthiques, soit des «algor-éthiques», a-t-il considéré. De cette manière, ils contribueront à établir une nouvelle éthique dans ce secteur.
Le successeur de Pierre s’est encore réjoui de la présence de nombreux responsables religieux à ce congrès. Selon lui, œuvrer en faveur la protection des mineurs constitue une manière d’être ensemble des témoins de l’amour de Dieu pour chaque personne. Ces enfants doivent être aimés comme «des chefs-d’œuvre de Dieu». Pour leur avenir, il s’agit de s’unir pour «bannir de la surface de la terre la violence et toutes les formes d’abus envers les enfants». (cath.ch/imedia/cg/rz)