Nouvelle médiation de la communauté de Sant'Egidio en République centrafricaine
Rome, 28 février 2015 (Apic) Une délégation de personnalités politiques de la République centrafricaine (RCA) séjourne à Rome depuis jeudi 27 février, à l’invitation de la communauté de Sant’Egidio. Ce mouvement catholique laïc joue les médiateurs en Centrafrique depuis plusieurs mois pour mettre fin à logique de violence qui s’est installée dans le pays.
Les responsables politiques centrafricains doivent rester environ une semaine à Rome pour préparer le prochain Forum de Bangui sur la réconciliation nationale. La délégation centrafricaine comprend notamment Léa Koyassoum-Doumta, vice-présidente du CNT (Conseil national de transition, le Parlement de transition), Béatrice Epaye, présidente du comité d’organisation du Forum de Bangui, ainsi que quatre anciens Premiers ministres, à savoir Martin Ziguélé, Nicolas Tiangaye, Anicet George Dologuélé et Enoch Dérant-Lakoué.
Le futur Forum devrait être l’occasion de mettre en place le processus de réconciliation dont le pays, déchiré par des rivalités sanglantes, a tant besoin. Il ouvrira aussi la voie aux élections présidentielles et législatives, prévues pour août 2015.
Soutien des mouvements Séléka et anti-Balaka
Avec le soutien des partenaires internationaux, le Forum, devra être assorti de mécanismes pour surveiller la mise en œuvre de ses principales recommandations. Divers chefs du mouvement ex-Séléka, de plus en plus fragmenté, et du mouvement anti-Balaka, ont publiquement exprimé leur soutien au dialogue national, y compris à ce Forum. Le mouvement anti-Balaka a d’ailleurs décidé de se transformer parti en politique. Il a choisi comme appellation celle de «Parti centrafricain pour l’unité et le développement» (PCUD).
Ce n’est pas la première fois que Sant’Egidio se penche sur le cas centrafricain. En novembre 2013, la communauté avait fait signer aux autorités de l’époque, à la société civile et aux communautés religieuses, un «pacte républicain». Les signataires promettaient de promouvoir sécurité, désarmement, dialogue politique et démocratie. Mais un mois plus tard, Bangui était à feu et à sang. Le séjour des leaders centrafricains à Rome coïncide avec une visite officielle de trois jours, dans la capitale italienne, du président du Congo Brazzaville Denis Sassou-Nguesso, médiateur officiel dans la crise centrafricaine.
La CPI s’en mêle
Par ailleurs, Fatou Bensouda, procureure de la Cour pénale internationale (CPI), qui effectuait mercredi 26 février une visite officielle à Bangui, a annoncé que son bureau avait ouvert deux enquêtes pour identifier les responsables des crimes en RCA. La CPI attribue aux deux groupes armés rivaux, ex-Séléka et anti-Balaka, la responsabilité des atrocités commises contre les populations civiles.
«Après analyse des informations recueillies depuis l’année dernière, le bureau du procureur conclut qu’il y avait des motifs raisonnables de penser que les groupes de la Séléka et des anti-Balaka ont commis des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre», a ajouté Fatou Bensouda.
50’000 réfugiés
Pour sa part, le HCR (Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés), a souligné que le regain de violences en RCA avait provoqué le déplacement de quelque 50’000 personnes depuis le début de l’année 2015. Quelque 30’000 personnes ont fui leurs maisons et ont trouvé refuge dans d’autres régions du pays. Plus de 19’200 autres ont traversé la frontière de la RCA vers la République Démocratique du Congo, dans la province de l’Equateur. (apic/ibc/be)
Encadré
Une «Association publique de laïcs de l’Eglise» fondée en 1968
La Communauté de Sant’Egidio a été fondée à Rome en 1968 par Andrea Riccardi, un lycéen de moins de vingt ans, au lendemain du Concile Vatican II. C’est aujourd’hui un mouvement de laïcs auquel participent plus de 50’000 personnes, investies dans l’évangélisation et les actions caritatives à Rome, en Italie et dans plus de 70 pays des divers continents. C’est une «Association publique de laïcs de l’Eglise». Les différentes communautés, répandues dans le monde, partagent la même spiritualité. Les fondements qui caractérisent le chemin de Sant’Egidio sont la prière, la communication de l’Evangile, la solidarité avec les pauvres, l’œcuménisme. La communauté s’investit dans la promotion du dialogue, indiqué par Vatican II comme chemin de la paix et de la collaboration entre les religions, mais aussi comme mode de vie et comme méthode pour la réconciliation dans les conflits. La Communauté a son centre dans l’église romaine de Sant’Egidio, dont elle a pris le nom. Elle vit depuis le début dans le quartier romain du Trastevere. Elle y a une présence continue de prière et d’accueil aux pauvres et aux pèlerins. (apic/be)