Un nouvel évêque pour Changzhi, avec l'accord de Rome et de Pékin
Pékin continue de souffler le chaud et le froid ans ses relations avec Rome. Au rang des signaux positifs, l’ordination, le 10 novembre 2016, avec l’approbation du pape et du gouvernement chinois du nouvel évêque du diocèse de Changzhi, dans la province du Shanxi, au centre du pays.
Situé au centre-nord de la Chine, Changzhi est un diocèse relativement riche en prêtres et en vocations. Il compte une quarantaine de prêtres et vingt-cinq séminaristes, rapporte Eglises d’Asie. Il fut aussi un des cinq diocèses pour lesquels les autorités chinoises imposèrent à l’Epiphanie 2000 l’ordination d’un évêque sans mandat pontifical. Geste qui bloqua à l’époque une éventuelle normalisation des relations entre Rome et Pékin. Le Père Andrew Jin Daoyuan devenait ainsi évêque illégitime de Changzhi. Aujourd’hui, âgé de 87 ans, il a demandé sa réintégration dans la communion de l’Eglise.
Le nouvel évêque est le Père Peter Ding Lingbin, qui assume déjà depuis quelques années les fonctions d’administrateur apostolique de Changzhi. Selon les informations disponibles, le pape a donné son accord à son ordination épiscopale et Pékin, via la Conférence des évêques ‘officiels’, a également donné son assentiment.
Ordination sous haute surveillance
L’ordination se déroulera néanmoins sous haute surveillance. Un millier de personnes seulement seront autorisées à y assister, dans la cathédrale du Sacré-Cœur de Changzhi. Chacune devant être munie d’un carton d’invitation et d’une pièce d’identité. Les téléphones portables et les appareils de photos sont interdits.
Par contre les évêques annoncés pour présider l’ordination du Père Ding sont en communion avec Rome. Il ne semble pas que Pékin cherche à glisser parmi les concélébrants un ou des évêques illégitimes. Un tel geste serait considéré comme un camouflet infligé à Rome et une provocation inacceptable pour les fidèles. Les autorités chinoises semblent donc agir de manière à ce que l’ordination de Mgr Ding Lingbin se déroule sans heurt.
Il reste à voir si la bulle de nomination du pape sera lue publiquement devant les fidèles réunis dans la cathédrale, ou si sa lecture sera donnée de manière privée. Une lecture publique attesterait visiblement du lien de l’Eglise locale avec Rome. Au contraire, la seule lecture publique de la lettre de nomination de la Conférence des évêques ‘officiels’ serait une manière d’imposer la prééminence des instances nationales ‘officielles’ de l’Eglise de Chine.
Ordinations épiscopales contestées
Une seconde ordination épiscopale, avec l’accord du pape, se prépare à Chengdu, au Sichuan. Mais deux autres ordinations seraient aussi en préparation, pour les diocèses de Heze, dans le Shandong et de Xichang, dans le Sichuan. Les deux candidats pressentis n’ont pas reçus l’accord de Rome.
Un autre test de la volonté ou non de la Chine de parvenir à un accord aura lieu en décembre avec la réunion annoncée de la ‘9ème Assemblée nationale des représentants catholiques’, une instance qui réunit à la fois des évêques, des prêtres, des religieuses et des laïcs, et qui est présentée comme l’organe suprême de l’Eglise en Chine. Cette assemblée a déjà été dénoncée par le Saint-Siège, en 2010 comme inacceptable pour la communion de l’Eglise.
A nouveau, un évêque soustrait par la police à son diocèse
Sur le terrain, la situation de l’Eglise reste difficile. Le diocèse de Mindong, dans la province du Fujian traverse ainsi une passe délicate. Après la mort du vieil évêque ‘clandestin’, Mgr Huang Shoucheng, l’été dernier, son successeur, Mgr Guo Xijin, son vicaire général, le Père Zhu, et son chancelier, le Père Xu, ont été ’emmenés en voyage’ par la police le 7 novembre.
Pour les observateurs, les autorités cherchent ainsi à faire pression sur Mgr Guo Xijin pour qu’il cède son siège à l’évêque ‘officiel’ de Mindong, Mgr Zhan Silu qui figure au nombre des huit évêques ‘illégitimes’ (non reconnus par Rome) de la partie ‘officielle’ de l’Eglise. (cath.ch-apic/eda/mp)