Nouvel Almanach: Caritas Suisse veut être proactive dans le développement
Lucerne, 01.10.2015 (cath.ch-apic) Avec la sortie de son nouvel «Almanach Politique du développement», Caritas Suisse veut être encore plus proactive dans le domaine, confie à cath.ch Odilo Noti, responsable de la communication de l’œuvre d’entraide catholique. La démarche coïncide également avec l’émergence de pressions externes sur la coopération internationale de la Suisse.
La nouvelle série de publications annuelles de l’œuvre d’entraide basée à Lucerne s’intéresse à la pauvreté et aux moyens de la combattre dans le monde, ainsi qu’aux tâches actuelles et aux défis à venir de la politique du développement. La première édition est consacrée aux perspectives de la coopération au développement. L’ouvrage a pour l’instant été tiré à 1’500 exemplaires en allemand et à 700 en français, mais des tirages supplémentaires sont prévus, indique Odilo Noti, le 1er octobre 2015.
Cath.ch: A qui est exactement destiné l’Almanach?
Odilo Noti: Ce n’est pas un ouvrage pour les experts. Il cible principalement ce que je qualifierais de «public intéressé». Ce sont les personnes qui ont un niveau de connaissance moyen sur le sujet, et qui sont concernés de près ou de loin par le domaine, comme les politiciens ou les journalistes. Mais nous voulons en premier lieu interpeller les milieux qui ont des compétences de décision.
Nous essayerons d’atteindre ces personnes en utilisant nos contacts et nos canaux de communication propres. Nous ne voulons pas distribuer le livre à grande échelle, car ce serait le dévaloriser, mais nous allons faire le maximum pour informer à son sujet.
Cath.ch: La publication a-t-elle été coordonnée avec les organisations partenaires dans le secteur du développement?
O.N.: Nous n’avons pas jugé nécessaire de coordonner cette démarche. Le but est aussi de démontrer à quel point Caritas Suisse est engagée et proactive dans le domaine du développement, que c’est une organisation qui a une certaine force. L’ouvrage n’a cependant pas été conçu dans l’isolement. Le nouvel Almanach correspond au positionnement typique de Caritas Suisse, caractérisé par un double mandat: d’un côté ‘aider’ sur le terrain, la coopération pratique, et d’un autre ‘influencer’, être présent dans le discours politique, dans l’opinion publique.
Le nouvel Almanach n’est qu’un début, une sorte d’essai, mais nous avons la volonté de continuer dans cette voie, parce que nous estimons nécessaire de fournir un tel espace de réflexion sur le travail de la coopération internationale.
Cath.ch: Mais il existe d’autres publications de ce genre en Suisse. La coalition d’ONG Alliance Sud, dont Caritas Suisse fait partie, en produit notamment. N’avez-vous pas peur d’un effet de saturation dans le public?
O.N.: Non. Je dirais qu’il y a même trop peu de publications de ce genre. Il existe certes d’autres espaces de réflexion sur la politique de développement, mais qui prennent une approche différente, ou qui se situent à un autre niveau. Toutes se complètent et l’Almanach vient ajouter une facette supplémentaire au tableau. Le travail d’Alliance Sud est plus orienté vers le lobbying pur, vers la politique en tant que telle. Ses publications ne traitent par exemple pas du travail concret des ONG sur le terrain.
Cath.ch: La sortie de cette nouvelle série signifie-t-elle que Caritas Suisse s’oriente désormais plus vers le développement?
O.N.: Nous ne sommes pas davantage orientés vers le développement, nous voulons simplement définir un profil plus clair dans ce domaine. Encore une fois, il est très important pour nous d’amener une réflexion sur ces questions, d’être proactifs dans ce domaine. La démarche vient aussi du fait que nous observons de plus en plus de pressions externes sur la coopération internationale de la Confédération, notamment au niveau du budget. C’est un secteur que nous estimons essentiel pour la Suisse et que nous avons à cœur de sauvegarder.
Un des aspects de la première édition de l’Almanach est aussi de mettre en garde contre une «surestimation» de la coopération. Certains en attendent trop. Nous expliquons, notamment dans un article que j’ai écrit avec Hugo Fasel [président de Caritas Suisse, ndlr.] que beaucoup de choses ne dépendent pas de ce secteur. La coopération au développement n’a globalement pas la dynamique et la force qui lui permettraient de devenir le moteur et le ressort aptes à déterminer un changement de la société. Les flux de capitaux privés, les investissements directs, le système économique international, jouent un rôle plus important et plus immédiat pour le développement économique d’un pays que la coopération au développement, même si cette dernière reste nécessaire. (apic/rz)