William Segodisho témoigne publiquement, 27 ans après les faits | DR
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Nouveau scandale d'abus sexuels en Afrique du Sud

L’Eglise catholique en Afrique du Sud a promis d’ouvrir «une enquête en interne» à la suite d’une allégation d’abus sexuels qui concerne un prêtre jésuite britannique. Les faits remontent aux années quatre-vingt et sont déroulés sur une période de cinq ans à Johannesburg.

La victime, William Segodisho, témoigne publiquement, 27 ans après les faits. Il déclare avoir rencontré son abuseur lorsque, à 13 ans, il se trouvait dans une situation de précarité, sans domicile. Le religieux en aurait profité pour abuser de lui «mentalement et physiquement».

«Je sentais que je n’avais plus de prises sur les choses. Je me suis résigné à accepter mon sort, a-t-il avoué devant la presse le 9 octobre 2018. En échange, il me donnait de l’argent pour ma famille et il m’a appris à conduire. J’ai fini par accepter d’être utilisé comme ça. Parfois, on dit qu’on fait un pacte avec le diable. Là, c’est au sens propre du terme».

«Un peu de plaisir»

«Le père Bill m’a invité à l’église pour célébrer mon inscription [dans une école privée, ndlr]. Il m’a dit que je dormirais dans sa chambre. Sur le moment, je ne me suis douté de rien. Et puis il m’a offert un verre de whisky. Je lui ai dit que je venais d’une famille ravagée par l’alcool, mais il a insisté. J’ai vite été soûl. Il s’est mis à lister tout ce qu’il avait fait pour moi. Pour le remercier, je n’avais qu’à lui procurer un peu de plaisir.»

Le prêtre lui aurait alors demandé de le masturber avant de l’embrasser, explique-t-il, les yeux dans le vague, selon le quotidien français Le Monde. «A cette époque, je ne pensais même pas à embrasser des filles, alors une personne âgée… C’était vraiment dégoûtant.»

Muté à l’étranger

Il a ajouté avoir «longtemps tenté de faire éclater la vérité en interne», au sein de l’Eglise catholique, mais en vain. Tout ce qu’il a pu obtenir, c’est la mutation du prêtre à l’étranger.

En 2017, la Cour constitutionnelle sud-africaine a décidé de mettre fin à la prescription pour les viols. L’avocat de William Segodisho, Ian Levitt, a déclaré qu’une «action civile» contre ce prêtre est en cours d’élaboration et sera prête dans quelques semaines. Mais, qu’il y a peu d’espoir que le prêtre présumé soit extradé vers l’Afrique du Sud, pour faire face à de possibles accusations criminelles.

Vers «une avalanche de scandales»?

Sa congrégation a présenté par écrit et à deux reprises ses excuses à William Segodisho. Le quotidien sud-africain The Citizen a publié des fac-similés de ces documents. Le père jésuite Damian Howard, a reconnu lundi 8 octobre, que l’affaire avait déjà été rapportée à l’Eglise en 2001. «Le père accusé a été informé des allégations, et le provincial britannique lui a retiré de tout ministère actif. Il n’a plus jamais exercé son ministère. Nous avons pris des mesures pour veiller à ce qu’il n’y ait aucun risque pour les enfants», a encore indiqué le père Howard.

Rees Mann, responsable d’une ONG sud-africaine qui défend les victimes de violences sexuelles, a demandé à l’Église d’ouvrir toutes ses archives. «On sait par expérience dans d’autres pays dans le monde que lorsque l’on a accès à ces documents, c’est une avalanche de scandales.» (cath.ch/rfi-the citizen/ibc/pp)

William Segodisho témoigne publiquement, 27 ans après les faits | DR
13 octobre 2018 | 10:55
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture : env. 2  min.
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