«Nous allons vous crucifier», «mort au christianisme»
Jérusalem: Le président Shimon Peres interpellé après les attaques contre les chrétiens
Jérusalem, 28 février 2012 (Apic) Après les récentes profanations commises par des extrémistes juifs contre des institutions chrétiennes de Terre Sainte, le Père Pierbattista Pizzaballa a écrit au président israélien Shimon Peres pour lui demander d’intervenir. Les chrétiens sont inquiets de cette vague d’agressions commises en toute impunité par des colons vivant dans les territoires palestiniens.
Des slogans insultants comme «Nous allons vous crucifier», «Mort au christianisme», «Marie est une prostituée», ont récemment été tagués sur les murs d’enceinte d’institutions chrétiennes à Jérusalem, soit une école, un monastère, ou dans un cimetière.
Le Père Pizzaballa, custode franciscain de Terre Sainte, a demandé à Shimon Peres de faire usage de sa fonction afin que l’on arrête les extrémistes responsables de plusieurs actes de vandalisme visant des sites chrétiens ces dernières semaines à Jérusalem. Un groupe de colons, se réclamant du slogan «Price tag» (le prix à payer), proteste contre le démantèlement des constructions juives illégales dans les territoires palestiniens. Ils s’en sont déjà pris aux institutions chrétiennes ainsi qu’à des installations militaires israéliennes. Les pacifistes israéliens sont également visés.
Des prêtres victimes de crachats quasiment tous les jours
Selon le Père Pizzaballa, «ces slogans choquants, sprayés sur des lieux de prière chrétiens, spécialement à Jérusalem, blessent les sentiments de tous les chrétiens de Terre Sainte, quelle que soit leur croyance, aussi bien que les centaines de milliers de pèlerins qui visitent Jérusalem et la Terre Sainte, et encore des millions d’autres au plan mondial», rapporte le quotidien israélien «Haaretz».
«Je vous serais reconnaissant si vous utilisiez tout votre pouvoir et influence auprès des autorités afin que ce type d’action dangereuse soit éradiqué et que ces actions cessent, avant qu’elles ne deviennent une habitude à l’encontre des chrétiens en Israël», peut-on lire dans la lettre du Père Pizzaballa.
Le journal révèle également que la communauté chrétienne de Jérusalem se sent de plus en plus dans le collimateur des extrémistes. Des prêtres vivant dans la vieille ville de Jérusalem, spécialement les prêtres arméniens qui doivent souvent passer par le quartier juif, rapportent qu’ils se font cracher dessus quasiment tous les jours, écrit «Haaretz». Cette pratique est devenue si courante qu’un certain nombre d’entre eux, pour éviter les crachats, ont tout simplement cessé de se rendre dans certains quartiers de la vieille ville de Jérusalem.
Aucun suspect de ces agressions n’a encore été arrêté
Ces dernières semaines, des extrémistes juifs ont peint des slogans antichrétiens contre une église baptiste à la rue Narkis, dans un quartier résidentiel de Jérusalem-Ouest, dans un cimetière chrétien sur le Mont Sion, sur les murs du monastère grec-orthodoxe de la Sainte-Croix, dans la vallée de la Croix à Jérusalem, et contre les murs d’une école mixte fréquentée par des élèves juifs et arabes. Aucun suspect n’a encore été appréhendé, déplore le custode de Terre Sainte.
Les attaques ciblées visant les institutions chrétiennes ont provoqué l’inquiétude des communautés minoritaires. Le responsable de la Custodie de Terre Sainte a demandé au président israélien Shimon Peres d’intervenir au plus vite, pour mettre fin à cette vague d’agressions antichrétiennes. Les auteurs de ces actes de profanation sont des colons juifs orthodoxes et nationalistes qui agissent impunément. Ils commettent régulièrement des actes de vandalisme contre les militants juifs pour la paix, visant des personnalités ou des biens des membres du mouvement «Peace Now», quand ils ne s’en prennent pas directement aux Palestiniens, à des mosquées ou à des voitures.
La coupe est pleine et la limite a été franchie
«Les chrétiens de Terre Sainte, écrit le Père Pizzaballa, ont appris au fil des années à ignorer les provocations. Mais cette fois, la limite a été franchie, et ils n’entendent plus se taire».
Suite aux premiers actes de vandalisme antichrétiens, le Conseil des institutions religieuses de Terre Sainte a exhorté les fidèles juifs, chrétiens et musulmans à respecter tous les sites sacrés. Dans un communiqué, il réprouve vivement les actes des extrémistes qui exploitent ou impliquent les lieux religieux dans des querelles territoriales ou politiques.
Ces colons, qui jouissent d’une impunité suspecte, s’en prennent régulièrement aux biens des Palestiniens, saccageant des plantations d’oliviers ou détruisant des voitures. Ces militants ont déjà incendié des mosquées en Cisjordanie, et depuis quelques temps aussi en Israël même. D’après l’organisation antiraciste israélienne «Bannir les ténèbres», citée par Haaretz, une dizaine de mosquées ont été incendiées ces deux dernières années. Des propriétés appartenant à des chrétiens ont également été vandalisées. Ces extrémistes, issus des implantations juives en territoire palestinien, ont signé leurs actes «Les Maccabées de Migron», une implantation illégale que le gouvernement israélien entend évacuer. (apic/haar/be)