La nomination des évêques, un enjeu pour l’Eglise en 2017
Entre réforme de la procédure de choix des évêques et sièges stratégiques à pourvoir dans le monde, la nomination des évêques sera un enjeu déterminant en 2017 pour le pape François. Analyse.
Le pouvoir de nommer les évêques est une des actions les plus discrètes au sein du Vatican, mais aussi une des plus quotidiennes pour le pape: elle est capitale sur le long terme, car elle dessine le visage de l’Eglise de demain. Preuve de son importance, c’est là-dessus que se focalise le bras-de-fer actuel entre le Saint-Siège et le gouvernement chinois, qui souhaite conserver la mainmise sur les nominations.
Ailleurs dans le monde, les relations avec le pouvoir politique peuvent être moins tendues, la nomination des évêques reste cependant un enjeu ecclésial déterminant. Et c’est pourquoi certaines décisions sont scrutées avec intérêt par les vaticanistes.
Le récent exemple de Calgary, au Canada, est assez emblématique. Le Saint-Siège a annoncé le 4 janvier 2017 la résignation de l’actuel titulaire du diocèse, Mgr Frederick Henry, deux ans avant l’âge fatidique de 75 ans. Aussitôt, des médias y vont vu un désaveu de la part du Saint-Siège, au vu de l’opposition résolue du prélat, très engagé sur les questions de société, au gender dans les écoles. Mgr Henry a dû publier sa lettre envoyée en février au pape pour y exposer ses graves problèmes de santé.
Vers une réforme?
Depuis 2015, la réforme de la nomination des évêques et de leurs profils est au coeur des réunions du Conseil des cardinaux, le fameux C9. En septembre dernier, «les cardinaux ont longuement réfléchi sur le profil spirituel et pastoral d’un évêque aujourd’hui», avait affirmé Greg Burke. Le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège n’avait pas exclu un «aggiornamento» de la procédure de nomination. Ce sera en tout cas «un point clef de la réforme», avait-il ajouté.
Auparavant, le recueil d’informations lors de la procédure avait également été examiné, ainsi que le rôle des nonces. Lors de la nomination de l’archevêque de Chicago, le désormais cardinal Blaise Cupich, les trois noms proposés avaient été refusés par le pape.
Différentes selon les pays et les diocèses, dépendantes de plusieurs dicastères selon les cas – Congrégation pour le clergé, pour les Eglises orientales ou pour l’évangélisation des peuples – toutes les procédures de nomination dépendent fortement, au début du processus, du nonce apostolique. Ce dernier recueille des informations sur les profils des candidats et les transmet à Rome, à la Congrégation des Evêques dont le préfet est le cardinal Marc Ouellet. Au final, trois noms – la terna – sont soumis au choix du pape.
Les postes à pourvoir
Sur les plus de 5’000 évêques catholiques dans le monde, un certain nombre auront l’obligation de présenter leur résignation en 2017, parce qu’âgés de 75 ans. Sans que le pape soit tenu d’accepter.
Etablie par le site américain Crux, une liste des sièges épiscopaux qui seront ainsi en vue en 2017 comprend les noms des cardinaux Laurent Monsengwo à Kinshasa (RDC), Donald Wuerl à Washington (Etats-Unis), Wilfrid Fox Napier à Durban (Afrique du sud), Angelo Scola à Milan (Italie), Norberto Rivera Carrera à Mexico (Mexique), André Vingt-Trois à Paris (France), Oscar Rodriguez Maradiaga à Tegucigalpa (Honduras), John Ton Hon, Hong Kong, et Mgr Peter Okada à Tokyo (Japon).
Et parmi cette liste, le journaliste John Allen Jr en retient particulièrement trois: Durban, Mexico et Milan. Car ces trois sièges sont actuellement tenus par des personnalités à tonalité plutôt conservatrice. A l’encontre des choix effectués par le pape à Bruxelles ou Madrid, pour ne parler que de l’Europe.
Le journaliste affirme néanmoins que rien ne permet de savoir les choix qui seront faits – et si ces évêques sont effectivement remplacés. Le pape François, selon lui, peut choisir des profils qui lui ressemblent, comme il peut faire un «geste d’unité», en tenant compte des différentes sensibilités dans l’Eglise. (cath.ch/imedia)