Noël: «La rencontre avec Jésus nous transforme»
«La rencontre avec Jésus nous transforme. Elle ouvre cet ‘autre chemin’ du retour à la plénitude de la vie», écrit le Père Jaroslaw Krawiec OP. L’auteur des Lettres de Kiev nous a envoyé une méditation à l’occasion de Noël et nous rappelle «que nous sommes tous créés à l’image de Dieu».
Jaroslaw Krawiec, Kiev
«Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître.» (Lc 2,15). Les bergers des environs deviennent les premiers témoins de la naissance du Sauveur. Répondant à l’appel de l’ange, ils vont trouver «un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire» (Lc 2, 12). Les mages d’Orient se mettent également en route. C’est un voyage plus long et plus mystérieux.
Ils reçoivent comme guide son étoile, qui «les précédait jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant» (Mt 2,9). Les anciens auteurs chrétiens ont souligné qu’après avoir adoré Jésus à Bethléem et lui avoir offert leurs cadeaux, les mages d’Orient «regagnèrent leur pays par un autre chemin.» (Mt 2,12). La rencontre avec Jésus nous transforme. Elle ouvre cet «autre chemin» du retour à la plénitude de la vie.
La guerre en Ukraine, qui dure depuis près de trois ans, a révélé à beaucoup d’entre nous de nouveaux chemins vers Dieu et vers l’homme. L’un d’entre eux est le chemin de la compassion. Cette attitude profondément chrétienne naît de la rencontre avec un autre être humain. Il s’agit d’un lien de solidarité avec une personne qui souffre. Dans l’un des nombreux courriels que j’ai reçus dans les premiers jours de la guerre, j’ai lu un message d’Iliana et Mariusz, des tertiaires dominicains de Pologne: «Nous sommes en prière et en pensée avec vous tous. Nous aimerions que vous sachiez que vous n’êtes pas seuls. Nous vivons avec nos enfants à la campagne, mais nous avons une maison assez grande pour accueillir quelqu’un dans le besoin». La compassion transcende la pitié et la tristesse provoquées par notre confrontation à divers événements tragiques. Elle va plus loin et consiste à porter la souffrance avec les autres.
«La compassion transcende la pitié et la tristesse provoquées par notre confrontation à divers événements tragiques.»
Le pape François a qualifié la compassion de langage de Dieu. «Notre Dieu est un Dieu de compassion et c’est, pourrait-on dire, la faiblesse de Dieu, mais c’est aussi sa puissance», a-t-il déclaré dans l’une de ses homélies prononcées à la Maison Sainte-Marthe en 2019. – C’est la plus grande chose qu’il puisse nous donner, car c’est la compassion qui l’a poussé à nous envoyer son Fils». François a ensuite mentionné une photographie située au siège de la Charité apostolique. Elle s’intitule «Indifférence». Elle représente une femme vivant dans la rue qui, par une froide soirée d’hiver, saisit la main d’une femme très bien habillée sortant d’un restaurant de luxe, et cette dernière regarde ailleurs. «C’est notre indifférence. Nous regardons souvent ailleurs. C’est ainsi que nous fermons la porte à la compassion».
Les évangélistes décrivent un Jésus qui voit les gens dans le besoin avec une attention infaillible. Il ne détourne pas le regard, il ne se cache pas dans la foule, il ne se tait pas par peur du jugement des autres, il ne recule pas à la vue d’un lépreux, mais il tend la main et le touche.
Dans la première épître de saint Jean, nous lisons: «Celui qui a de quoi vivre en ce monde, s’il voit son frère dans le besoin sans faire preuve de compassion, comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui? (3, 17)». Comme le remarque le cardinal polonais Grzegorz Ryś, l’auteur de cette lettre «ne nous reproche pas du tout d’avoir fermé notre porte-monnaie à une autre personne. Il critique un cœur fermé!»
Noël nous rappelle que nous sommes tous créés à l’image de Dieu. Il est en chacun de nous. Nous avons une ressemblance avec un Dieu compatissant, même si, en raison de nos diverses difficultés, faiblesses et péchés dans la vie, elle est quelque peu brouillée. Noël est l’occasion de remettre de l’ordre dans nos cœurs, de renouveler en eux l’image de Jésus compatissant.
«Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître.» (Lc 2,15). Hérode choisit de ne pas s’y rendre. Terrifié par la nouvelle de la naissance du Messie, il est resté dans les murs du palais de Jérusalem, s’enfonçant de plus en plus dans la haine et la peur pour son pouvoir.
Jarosław Krawiec OP, Kiev le 24 décembre 2024