Nigeria: pas de génocide des chrétiens dans le pays
Le gouvernement du Nigeria et le Forum des jeunes chrétiens et musulmans du Nigeria (YCMFN) ont vivement rejeté les allégations de «génocide chrétien» évoquées par le rapport d’un groupe parlementaire britannique publié le 15 juin dernier. Selon eux, si le pays est effectivement confronté à la violence terroriste, celle-ci n’a pas de caractère essentiellement religieux.
Le groupe parlementaire britannique (APPG) rassemble des députés de divers partis politiques. Ce groupe d’intérêt n’a cependant pas de caractère officiel ni de pouvoir légal. Il s’est donné pour objectif de sensibiliser les députés, les médias, le gouvernement et le grand public sur la liberté de religion.
Violence dévastatrice contre les chrétiens
Dans la partie de leur rapport de 56 pages, consacrée au Nigeria, les parlementaires britanniques se sont interrogés: «Nigéria: un génocide en cours?» Selon le document, le groupe radical musulman, Boko Haram, est l’un des principaux moteurs de la persécution des chrétiens au Nigeria. «Il enlève et tue fréquemment ceux qui refusent de se conformer à son image extrémiste de l’islam». Le rapport dénonce aussi les groupes armés de bergers peulhs musulmans qui tuent, mutilent, dépossèdent et expulsent de milliers de chrétiens de leurs terres et de leurs foyers. «Ces facteurs sont aggravés par l’incapacité du gouvernement nigérian de répondre de manière adéquate à la violence, de protéger les communautés ou de traduire en justice les auteurs de violence».
Selon l’APPG, les chrétiens nigérians subissent une violence dévastatrice. Même si l’on ignore le nombre exact de victimes, Humanitarian Aid Relief Trust cite des rapports fiables selon lesquels plus de 1’000 chrétiens ont été tués entre janvier et novembre 2019, en plus des 6’000 décès estimés depuis 2015.
Une narration malveillante et partiale
Pour le Forum des jeunes chrétiens et musulmans YCMFN, les affirmations de génocide des chrétiens de l’APPG sont «des narrations malveillantes partiales et unilatérales de la part de personnalités qui ne souhaitent pas le bien au Nigeria».
Il y a certes, des défis sécuritaires dans le pays, mais ceux-ci n’ont pas de caractère religieux. L’YCMFN souligne en outre les progrès réalisés dans ce domaine, sous le président Muhammadu Buhari. Pour son président, le pasteur Phillip Attah, il est «très déplaisant d’essayer d’inventer un récit selon lequel les chrétiens sont en fait la cible d’un groupe terroriste». «Y a-t-il des meurtres de chrétiens? La réponse est oui. Des chrétiens sont certainement assassinés au Nigeria, mais le fait demeure que ce terroriste pervers a tué en fait plus de musulmans».
Le gouvernement veut la protection de tous
Pour sa part, le gouvernement nigerian, par le biais du ministère des Affaires étrangères, a condamné l’allégation de génocide des chrétiens du pays, tel que décrit par APPG. «Le gouvernement nigérian reconnaît l’impact négatif des attaques terroristes et de bandits dans le pays, mais il s’engage à assurer la protection de la vie et des biens de tous les citoyens», a notamment souligné le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ferdinand Nwonye. (cath.ch/ibc/mp)