Nigeria: Le nouveau chef de Boko Haram veut tuer tous les chrétiens
Abu Musab al-Barnawi, le nouveau leader de la secte islamiste Boko Haram, basée au Nigeria, a juré de tuer tous les chrétiens de la région. Il a annoncé en même temps que l’organisation djihadiste cesserait de cibler les musulmans.
Dans une interview publiée le 3 août 2016 par le journal al-Nabaa du, groupe djihadiste Etat islamique (EI) -auquel Boko Haram a fait allégeance- Abu Musab al-Barnawi menace de faire exploser les églises et de tuer tous les chrétiens que la milice rencontrerait.
Il affirme néanmoins que ses troupes arrêteront les attaques contre les mosquées et les marchés utilisés par des musulmans.
Le leader islamiste prétend aussi qu’il existe un complot de l’Occident pour christianiser le nord du Nigeria, auquel il accuse notamment les organisations humanitaires de participer, rapporte l’AP. «Ils cherchent fortement à christianiser la société (…) Ils exploitent la condition de ceux qui sont déplacés par la guerre, en leur fournissant de la nourriture et un abri et en christianisant leurs enfants», affirme le leader terroriste.
Ils ont tué plus de musulmans que de chrétiens
Al-Nabaa identifie Abu Musab al-Barnawi comme le nouveau «wali», ou gouverneur de la «province d’Afrique de l’Ouest». Ce terme était déjà utilisé pour qualifier l’ancien leader de la secte, Abubakar Shekau. L’article ne précise pas le statut actuel de ce dernier, bien que des rumeurs courraient depuis des semaines sur le fait qu’il avait été remplacé.
L’interview indique un changement majeur dans la stratégie des extrémistes nigérians, qui ont tué plus de musulmans que de chrétiens en attaquant des mosquées, notamment à travers des kamikazes. Les djihadistes africains sont aussi coupables d’attaques contre des marchés bondés dans des zones à majorité musulmane.
Un «putsch» chez les djihadistes
Le changement de stratégie semble indiquer un «putsch» de la part du groupe dissident Ansaru contre Abubakar Shekau. La faction avait quitté Boko Haram parce qu’elle était en désaccord avec le meurtre indiscriminé de civils, particulièrement les musulmans. Selon le journal djihadiste, le nouveau chef aurait été désigné directement par l’EI.
L’homme qui se cache sous le pseudonyme d’Al-Barnawi serait un journaliste nigérian allié à Ansaru, une organisation connue pour kidnapper les étrangers.
Redditions par centaines
En mars 2015, Abubakar Shekau avait rompu son alliance avec al-Qaïda, se tournant vers Daech. A l’époque, Boko Haram était encore la plus grande force militaire au nord-est du Nigeria. Le groupe contrôlait de larges pans de territoires et surpassait les troupes fédérales en armement et en motivation. Sous le commandement d’Abubakar Shekau, les violences se sont étendues aux pays voisins, le Niger, le Cameroun et le Tchad. Les sept ans d’insurrection ont tué 20’000 personnes et chassé plus de 2 millions de personnes de leurs maisons, créant une crise humanitaire très grave.
Actuellement, Boko Haram a perdu beaucoup de terrain face aux forces gouvernementales. Alors qu’Abu Musab al-Barnawi assure que de nombreux jeunes ont rejoint leurs rangs, les rapports de l’armée nigériane font état de centaines de redditions parmi les soldats djihadistes, alors que les troupes fédérales ont coupé de nombreuses voies d’approvisionnement de la milice. (cath.ch-apic/crux/ap/rz)