Nigeria: Boko Haram perd du terrain, mais la production agricole aussi
La guerre contre le groupe djihadiste Boko Haram au Nigeria tourne finalement à l’avantage du gouvernement, rapporte le 11 mars 2016 IRIN, l’agence d’information des Nations unies. Il faudra néanmoins beaucoup de temps pour que la production agricole se relève dans les zones de conflit, au nord-est du Nigeria et au Cameroun voisin.
D’après l’ONG «Famine Early Warning Network» (FEWS NET), le conflit a fait fuir de nombreux agriculteurs de leurs terres, a fait fermer des routes et des marchés. Cela a provoqué une hausse du prix des denrées alimentaires et réduit les revenus des habitants.
Bien que les gains territoriaux de l’armée vont certainement aider à la revitalisation des zones rurales, en permettant à ceux qui ont fui de revenir chez eux, cela ne va pas complètement régler les effets négatifs que le conflit a eu sur l’approvisionnement des ménages et les sources de revenu, avertit FEWS NET.
Malnutrition des enfants
L’ONG américaine prévoit une crise alimentaire pour les ménages pauvres dans les zones les plus affectées par les combats, dans les Etats de Borno, Yobe et Adamawa, entre février et septembre 2016. Un rapport de décembre 2015 a fait état d’un taux de malnutrition des enfants de 15%, ce qui représente le seuil international d’urgence.
De l’autre côté de la frontière, au Cameroun, 1,4 millions de personnes, un tiers de la population de la région du Nord, seraient en état de précarité alimentaire, prévient Felix Gomez, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) pour le pays.
Les attaques transfrontalières de Boko Haram ont commencé dans cette région en 2013, faisant 1’200 morts.
Vols de bétail
Face à l’insécurité croissante, les agriculteurs ont réduit leurs surfaces d’exploitation. Le commerce des denrées avec le Nigeria voisin s’est également asséché, les autorités cherchant à limiter les mouvements transfrontaliers. Ces facteurs ont fait grimper le prix de la nourriture.
Malgré le recul de Boko Haram, la situation pourrait continuer à se détériorer si rien n’est fait, note Felix Gomez. Il souligne que les attaques de la secte islamiste ne sont pas les seules causes de précarisation. Les vols de bétail et les enlèvements à travers la frontière instable avec la République centrafricaine perturbent également la production et le commerce agricoles. (cath.ch-apic/irin/rz)