Nicaragua: manifestation massive de soutien aux évêques
Des milliers de personnes ont participé, le 28 juillet 2018, dans la capitale nicaraguayenne Managua, à une marche de soutien aux évêques et aux prêtres du pays. De nombreuses organisations de la société civile ont ainsi salué le travail d’une Eglise catholique attaquée par le gouvernement de Daniel Ortega pour ses positions en faveur de la démocratisation du Nicaragua.
«Merci, courageux évêques, d’être aux côtés du peuple», affirmait une pancarte brandie durant la marche pacifique. Les milliers de personnes munies de drapeaux nicaraguayens, de banderoles et de pancartes se sont déplacées du rond-point Jean Paul Genie, au sud de Managua, à la cathédrale métropolitaine, rapporte le quotidien local Nuevo Diario. Les représentants de la société civile ont déclamé un manifeste de soutien aux évêques sur le parvis de l’édifice. Jean Carlos Lopez, de l’Alliance civique pour la justice et la démocratie, a remis le texte à Mgr Carlos Aviles, vicaire général de l’archidiocèse de Managua, qui représentait la Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN). Le prêtre a rappelé que l’Eglise était engagée dans un effort de médiation absolument pacifique dans la crise qui secoue actuellement le pays. Et que l’Eglise se devait de secourir les personnes faibles et en danger.
Plus de 440 morts
La manifestation marquait les 100 jours du soulèvement populaire contre le gouvernement du président Daniel Ortega. Depuis fin avril 2018, des rassemblements populaires massifs exigent une démocratisation du Nicaragua et le départ immédiat du président. Les manifestations ont souvent été durement réprimées par les forces de l’ordre et les milices qui soutiennent le gouvernement. Selon l’Association nicaraguayenne pour les droits humains (ANPDH), les violences ont déjà fait plus de 440 morts.
Dans ce contexte, l’Eglise catholique, qui soutient de nombreuses positions des groupes protestataires et qui a souvent protégé des manifestants, s’attire les foudres du pouvoir. Plusieurs églises et prêtres ont été attaqués dans le pays et le cardinal Leopoldo Brenes, archevêque de Managua, a été malmené par des partisans de Daniel Ortega lors d’un rassemblement. Le président a en outre verbalement agressé les évêques, les traitant de «putschistes» et les accusant d’aider les «terroristes».
Féministes et LGBT en soutien à l’Eglise
La manifestation du 28 juillet a rassemblé largement au sein de la société civile. Des groupes habituellement plutôt opposés à l’Eglise, comme les associations de défense des homosexuels ou les mouvements féministes, se sont joints au cortège. «Les évêques ont risqué leur vie pour défendre et soutenir les jeunes qui se sont trouvés dans des situations périlleuses», affirme dans le quotidien nicaraguayen La Prensa Ariana McGuire, féministe et membre de la coordination universitaire opposée au gouvernement.
Suite aux accusations du président Ortega à leur encontre, les évêques lui demandé par écrit, fin juillet 2018, s’il désirait encore qu’ils conservent leur fonction de médiation dans la crise, indique l’agence d’information vaticane Fides.
Jusqu’à maintenant, le chef d’Etat avait exclu toute modification du calendrier électoral. Le 30 juillet 2018, il s’est toutefois déclaré, dans une interview à CNN en espagnol, prêt à organiser un référendum sur la possibilité d’élections anticipées. (cath.ch/ag/rz)