Nicaragua : les évêques redemandent la tenue d’élections anticipées
Les évêques du Nicaragua ont redemandé le 23 juin 2018 au président Daniel Ortega d’accepter la proposition d’organiser de manière anticipée des élections générales en mars 2019. Objectif ? Faciliter le dialogue national actuellement suspendu et trouver une sortie à la crise qui a déjà fait plus de 212 morts en deux mois.
Dans un communiqué, la Conférence épiscopale, médiatrice du dialogue national, a rappelé que cette requête, adressée au président le 7 juin dernier, recueillait l’assentiment d’une majorité de la population et qu’elle était «indispensable pour faciliter notre travail en faveur de tous les Nicaraguayens, sans exception».
Répondant à la Conférence épiscopale le 13 juin, Daniel Ortega s’était dit «disposé à écouter une proposition». Mais il avait immédiatement douché les espoirs des prélats en rappelant qu’il se «conformerait au cadre institutionnel des lois qui régissent le pays», en particulier celles qui établissent, tous les cinq ans, la tenue d’élections présidentielles. Les prochaines étant prévues en… 2021.
Commission interaméricaine des droits humains
Les évêques sont revenus à la charge après que les pays membres du Conseil Permanent de l’Organisation des États Américains (OEA), à l’exception du Venezuela, ont appuyé un rapport de la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) qui pointe les responsabilités du gouvernement nicaraguayen dans la mort d’au moins 212 personnes, 1337 blessés et 507 personnes privées de liberté.
Le dialogue national, dans lequel l’Église est médiatrice, installé au début du mois de mai dernier, a été suspendu durant quelques semaines avant de reprendre le 18 juin. Il a de nouveau été interrompu en raison du non-respect des engagements du gouvernement.
Onze ans d’abus et de corruption
La Conférence épiscopale a annoncé jeudi qu’elle espérait la présentation du rapport de la CIDH à Washington pour reprendre le dialogue souhaité par le gouvernement et l’Alliance Civique pour la justice et la démocratie, composée d’entrepreneurs, d’organisations de la société civile, d’étudiants et de paysans.
Les protestations contre le président Daniel Ortega et son épouse, la vice-présidente Rosaria Murillo, ont débuté à cause de la très controversée réforme des retraites. Elles se sont transformées en une revendication demandant le renoncement du président, après onze ans passés au pouvoir, marqués par des accusations d’abus et de corruption. (cath.ch/jcg/mp)