Nicaragua: les évêques donnent un mois au président Ortega pour entamer un «vrai dialogue»

L’Église n’hésitera pas à se retirer du dialogue si le gouvernement du Nicaragua ne répond pas aux demandes de la population. Tel est l’avertissement lancé par l’archevêque de Managua au président Ortega à qui il donne un délai d’un mois pour entamer un «vrai dialogue».

En clôture d’une manifestation à l’appel de l’Église catholique, samedi 28 avril 2018, à Manágua, Mgr Leopoldo Brenes, le cardinal-archevêque de la ville, a précisé que l’Église, sollicitée pour être médiatrice, conditionnait sa participation à une réelle volonté du gouvernement de dialoguer.

Après les manifestations des 19 et 20 avril ayant fait entre 34 et plus de 60 morts selon les sources, l’Église catholique a accepté, à la demande du président Daniel Ortega, d’être médiatrice dans un dialogue national entre le gouvernement et la société civile.

Ayant déjà conditionné sa participation à l’interruption de toute violence et hostilité, Mgr Brenes a précisé que «l’Église n’hésiterait pas à se retirer du dialogue si le gouvernement ne démontrait pas les dispositions nécessaires pour répondre au demandes exigées par la population».

Le président doit vraiment dialoguer

«Nous donnons un mois au gouvernement pour dialoguer, a souligné le prélat. Une fois passé ce délai, si nous parvenons à la conclusion que le président n’est pas vraiment animé de l’intention de faire avancer les pourparlers, nous nous retirerons et nous en informerons la population.»

La pire crise en 15 ans de présidence

Le 16 avril, une vague de manifestations de masse a débuté pour s’opposer à une réforme de la Sécurité sociale qui augmentait la contribution des salariés et des entreprises et, pour la première fois, sollicitait la contribution des retraités nicaraguayens. La dure répression des forces de police a eu pour effet de transformer les manifestations en mouvement général de protestation contre le président Ortega, entraînant la pire crise politique en quinze ans au pouvoir.

Tentative d’intimidation

Selon un communiqué de l’archevêché, un motard est par ailleurs entré dans le presbytère de la cathédrale de Manágua pour intimider le cardinal Brenes, le 30 avril, avant la messe de 8 heures. Déboulant à toute vitesse, l’homme a crié: «qui est celui qui veut la paix?» D’après les descriptions des témoins, le motard semble appartenir à une unité des forces du gouvernement, que la population et les organisations des droits humains accusent d’être les responsables de la mort de plusieurs dizaines de manifestants. (cath.ch/jcg/mp)

3 mai 2018 | 10:22
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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