Nicaragua: des religieuses expulsées de leur centre de formation
Les sœurs de la Congrégation des Hijas de Santa Luisa de Marillac ont été expulsées le 30 mai 2023 de l’Institut Technique Santa Luisa de Marillac qu’elles géraient à San Sebnastain de Yali. L’établissement, occupé par les forces de l’ordre, a été transféré au ministère de l’Éducation.
Elles venaient de célébrer le 30ème anniversaire de la fondation du centre de San Sebastián de Yalí, dans l’ouest du pays. Les religieuses étaient chargées de l’administration de l’établissement, explique l’agence Fides. Les religieuses étrangères ont été privées de leur résidence et font l’objet d’un ordre d’expulsion, tandis que les religieuses nicaraguayennes ont été confinées dans leurs couvents respectifs. Les religieuses ont fêté les 30 an du centre le 10 mai dernier.
Au cours de la célébration de la fête de la Pentecôte, le 28 mai, l’archevêque de Managua, Mgr Leopoldo Brenes, avait exhorté à «ne pas avoir peur» dans les situations difficiles. Le cardinal a profité de l’occasion pour inviter les gens à vivre l’espérance que la venue de l’Esprit Saint apporte face aux situations adverses.
En ce qui concerne le contexte de persécution que connaît l’Église catholique au Nicaragua, et qui a conduit ces derniers jours à la capture de trois prêtres, Mgr Brenes a également affirmé que «l’Église est entre les mains de l’Esprit Saint». L’archevêque de Managua a exhorté les fidèles et tous les paroissiens à ne pas se laisser influencer par les réseaux sociaux qui, très souvent, désinforment.
«Je vous invite à ne pas perdre le calme et à ne pas écouter tant de nouvelles, tant de publications qui exagèrent, prétendent être des sources fiables et ne le sont pas. Alors restons calmes, sans aucun doute l’Esprit Saint est celui qui guide cette église et bientôt nous aurons le», a-t-il dit à la fin de l’Eucharistie dans la cathédrale de Managua.
Nombreuses violations des droits de l’homme
La fermeture du centre du centre de San Sebastián de Yalí est un nouvel épisode des violations des droits de l’homme à l’encontre d’instituts religieux, de prêtres et de religieuses.
Le Ministère de l’intérieur du Nicaragua avait annoncé, le 18 mai 2023 au journal officiel, la «dissolution volontaire» de l’Université catholique de l’Immaculée conception de l’archidiocèse de Managua (UCICAM). L’établissement formait les séminaristes dans la capitale nicaraguayenne.
Le 13mars, le Nicaragua a suspendu ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège, suite aux propos du pape François, le 10 mars, qualifiant le pays de «dictature grossière».
Une étude a été présentée le 4 mai 2023, par la chercheuse nicaraguayenne en exil Martha Patricia Molina. Le document a recensé pas moins de 529 actes d’hostilité subis par l’Église catholique du Nicaragua depuis 2018, de la part du gouvernement dirigé par Daniel Ortega.
Parmi ces faits, le principal est évidemment la condamnation à 26 ans de détention de Mgr Rolando Álvarez, évêque de Matagalpa. On compte par ailleurs l’expulsion de 37 religieux et 32 religieuses de diverses congrégations ainsi que d’un évêque et plusieurs prêtres diocésains.
Parmi les 529 attaques survenues entre avril 2018 et mars 2023 on relève aussi la confiscation par l’État d’au moins sept bâtiments appartenant à l’Église catholique. Les hostilités contre l’Eglise comprennent aussi l’interdiction de 3’176 processions au cours de la dernière Semaine Sainte. Le rapport de 232 pages détaille toutes les hostilités perpétrées, et chaque donnée a été vérifiée et décrite dans l’ordre chronologique, souligne son auteur. (cath.ch/fides/ag/bh)