L’homme de la démocratie et de la justice sociale
Nicaragua: Daniel Ortega docteur honoris causa de l’UCA (290790)
Managua, 29juillet(APIC) L’Université Centroaméricaine (UCA) de Managua,
dirigée par les Jésuites, a conféré vendredi 27 juillet à l’ancien président nicaraguayen Daniel Ortega Saveedra, 44 ans, le titre de docteur honoris causa en sciences humaines.
Dans son discours, le Père César Jerez, recteur, a indiqué que
l’Université, qui célébrait le jour même son trentième anniversaire, avait
voulu par cette décision, qui est un acte académique, reconnaître les
mérites de Daniel Ortega. Trois raisons ont guidé ce choix: sa gestion
politique, sa contribution à la paix et son apport à la démocratie.
Une gestion politique tournée vers les pauvres
A propos de la gestion politique de l’ancien président, le recteur jésuite a mis en avant son contact avec le peuple, dans la ligne d’une option
pour les pauvres. Même si des erreurs ont été commises, cette gestion ne
peut se comprendre que si on la situe dans la logique des majorités, et
donc des déshérités. C’est au nom de cette logique que la réforme agraire a
rendu la terre aux paysans, que l’éducation est devenue un droit pour tous
– elle est désormais gratuite jusqu’à l’université -, que la santé a été
organisée également pour tous. Même s’il est vrai que la guerre a été un
obstacle majeur à la réalisation du projet, le peuple a retrouvé sa dignité.
La situation de guerre a certes provoqué des violations des droits de
l’homme au Nicaragua. Celles-ci ont été reconnues et réparées dans la mesure du possible. Une conscience nationale a néanmoins surgi et le pays est
devenu un pionnier de la reconnaissance d’une société pluri-ethnique.
Contribution à la paix, à la démocratie et à la réconciliation
Le recteur de l’UCA a reconnu que la contribution de Daniel Ortega à la
paix a été centrale. La guerre imposée de l’extérieur, dont le coût a été
énorme (elle a notamment entraîné des pertes économiques considérables) a
été amenée progressivement vers sa fin. Le recteur en a retracé les grandes
étapes, avec les réunions de Contadora, puis celles d’Esquipulas, la condamnation de l’intervention américaine par la Cour internationale de La
Haye et enfin la réunion de Sapoa avec la Contra.
La contribution de l’ancien président à la démocratie a été particulièrement soulignée par le recteur: son contact avec le peuple, la promotion
des organisations populaires, la nouvelle Constitution, qui sont plus qu’un
simple processus électoral. Les deux élections de 1984 et de 1990 ont été
justes et limpides. Le transfert du pouvoir a été respecté et la transition
pacifique. C’est peut-être la première fois qu’un pouvoir révolutionnaire
acquis par une lutte armée a accepté de céder sa place.
L’UCA s’est réjouie des dix années de révolution sandiniste, car cette
révolution a été celle des pauvres, a indiqué le Père Jerez, et elle entend
contribuer aujourd’hui à la réconciliation, mais sur la base d’une société
plus juste, de l’éducation pour tous, de la défense de la souveraineté de
la nation et d’une gestion de la paix qui soit un exemple pour le monde et
une espérance pour les chrétiens.
S’adressant aux étudiants qui venaient de recevoir leur diplôme, le
recteur leur a rappelé que le titre académique qu’ils ont acquis doit les
mettre au service des autres, car c’est à tout le peuple qu’ils doivent
d’avoir pu étudier gratuitement.
Triomphe du modèle démocratique
Dans sa réponse, Daniel Ortega a regretté la polarisation de la société
nicaraguayenne entretenue par un groupe qui veut rétablir l’oppression du
peuple et nier la démocratie. Après avoir évoqué la violence politique qu’a
connue le pays depuis son indépendance – affrontements des partis libéraux
et conservateurs, quarante ans de dictature, interventions et occupations
américaines -, il a indiqué qu’avec la révolution, c’est le principe de la
justice économique et sociale qui a prévalu. Quant aux élections, a-t-il
ajouté, elles ont vu la victoire non de la contre-révolution, mais du modèle démocratique. (apic/cip/kna/cor)