Nicaragua: Arturo Sosa condamne la fermeture de l’université jésuite
Le Père Arturo Sosa, supérieur général de la Compagnie de Jésus, a condamné, le 17 août 2023, la fermeture par le gouvernement du Nicaragua de l’Université centraméricaine (UCA), une institution jésuite. Le Père Sosa y voit une nouvelle tentative du régime Ortega «d’étouffer» l’Eglise catholique et les institutions civiles dans le pays.
Un juge nicaraguayen a ordonné la confiscation de tous les biens appartenant à l’Université centraméricaine (UCA), une prestigieuse institution dirigée par des jésuites, a annoncé l’établissement le 15 août 2023, rapporte Reuters.
Fondée en 1960, l’UCA compte parmi ses diplômés de nombreux membres de la classe politique et économique du Nicaragua, dont le président actuel lui-même, Daniel Ortega, qui y a commencé des études avant de partir rejoindre le mouvement rebelle sandiniste. Daniel Ortega a été élu plusieurs fois à la présidence du Nicaragua, la dernière fois en 2016.
En 2018, face à des protestations d’abord d’ordre socio-économique dans le pays, le gouvernement prend des orientations autoritaires, reflétées notamment par une féroce répression des manifestants et des opposants. Parmi ceux-ci, une partie de l’Eglise catholique qui a défendu les protestataires. Le conflit entre le gouvernement et l’Eglise a notamment été marqué par l’arrestation (en août 2022) et la condamnation à 26 ans de prison de Mgr Rolando Alvarez, évêque de Matagalpa, qui avait soutenu les manifestations.
Accusations de «terrorisme»
La confiscation des biens de l’UCA semble être ainsi un nouvel épisode de la bataille opposant l’Eglise à Daniel Ortega. Selon l’université, le gouvernement l’avait accusée d’être un «centre de terrorisme organisé par des groupes criminels». Dans sa lettre envoyée au responsable de l’ordre pour l’Amérique centrale, le Père Sosa affirme que les accusations du gouvernement sont «totalement fausses» et qu’elles font partie d’un programme gouvernemental plus large de «calomnie» contre ceux qui défendent la liberté.
Ce n’est pas la première fois que l’UCA est prise pour cible en Amérique centrale. En 1989, au Salvador, cinq jésuites espagnols et deux employés étaient assassinés par un commando paramilitaire sur le campus de l’université de San Salvador. (cath.ch/reuters/arch/rz)