Neuf «jeunettes» pour accompagner le bourdon Emmanuel
Paris: Notre-Dame s’offre de nouvelles cloches
Paris, 20 octobre 2011 (Apic) Depuis 1856, elles sonnent sans faute toutes les 15 minutes. Mais en 2012, elles pourraient bien perdre la voix. Angélique-Françoise, Antoinette-Charlotte, Hyacinthe-Jeanne et Denise-David, les cloches de la tour nord de Notre-Dame de Paris devraient être fondues et remplacées par un nouveau carillon, indique «The New York Times» du 18 octobre 2011.
Bien que mentionné sans fanfare par une affiche à l’intérieur de l’église, le projet de remplacement des cloches n’est pas passé inaperçu. Des voix outragées s’élèvent pour protester contre la destruction de témoins essentiels de l’histoire de France. De fait, ces cloches du 19e siècle ont sonné la fin de la Première Guerre Mondiale et la libération de Paris en 1944.
«Elles ont sonné à des moments fondamentaux de notre histoire. Elles vont disparaître et on ne saura plus rien d’elles», regrette Xavier Gilibert, ardent défenseur de cloches. Un avis partagé par Fernando Gabrielli. Le Brésiliens d’origine et Parisien de cœur a lancé une véritable croisade sur Internet pour s’opposer à «ce scandale majeur». Sur sa page Facebook, il s’adresse même au pape en ce terme: «Mon très cher Benoît. Je ressens une peine immense à l’idée de perdre pour toujours ces trésors de la France qui me sont si chers.»
Bien que d’apparence indestructible, les cloches de bronze s’usent et se désaccordent. «Comme les êtres humains, elles vivent puis, un jour, elles se fanent», remarque Philippe Paccard, propriétaire de la plus ancienne fonderie de cloches de France. Il n’y a pas de miracles, même à Notre-Dame. «C’est un des pire ensemble de cloches de France» affirme Hervé Gouriou, campagnologue. «Elles sont abîmées et mal accordées.»
Sonner comme à l’Ancien régime.
Avant la Révolution, la cathédrale comptait 20 cloches dans ses tours nord et sud. Fondues, elles furent transformées en canon après 1792, alors que les révolutionnaires confisquaient tous les biens religieux. Près de 80% des cloches de France disparurent à cette époque. En 1856, Napoléon III offrit les quatre cloches actuelles de Notre-Dame, à l’occasion du baptême de son fils.
Devenues cloches de discorde, ces quatre «vieilles dames» devraient faire la place à neuf «jeunettes» dans le cadre de la rénovation de Notre-Dame, à l’occasion de son 850ème anniversaire. Les nouvelles cloches auront la forme et le son des cloches de l’Ancien régime.
Seul rescapé de la Révolution, le grand bourdon Emmanuel devrait être épargné. Considéré comme le plus beau d’Europe, il sonne de la tour sud à l’occasion des cérémonies religieuses d’importance, des visites papale, des funérailles présidentielles et des commémorations. Lorsque le pape Jean Paul II est décédé en 2005 à l’âge de 84 ans, le bourdon a sonné 84 fois. Accordées au grand bourdon, les nouvelles cloches devraient reproduire le carillon «originel». (apic/thenewyorktimes/amc)