Natalité: un point de convergence entre le pape et Giorgia Meloni?
Le pape François, plutôt opposé à Giorgia Meloni, notamment sur sa politique migratoire, se retrouvera aux côtés de la cheffe du gouvernement souverainiste à l’occasion des États généraux de la natalité, les 11 et 12 mai 2023. Ce sera la première prise de parole commune du pape et de la cheffe du parti Fratelli d’Italia sur un thème qui les rapproche.
Le président de la Fondation pour la natalité, Gigi de Palo, espère ainsi pouvoir «porter le thème de la dénatalité à l’attention du monde politique et au centre du débat public». Il se réjouit de voir que ce thème attire finalement «l’attention des citoyens», qui ont pris la mesure du phénomène et souhaitent «la mise en place de solutions concrètes», explique-t-il dans son communiqué.
Le pontife y participera pour la deuxième fois. Le 14 mai 2021, c’est aux côtés du chef du gouvernement alors récemment nommé pour piloter la relance post-Covid, Mario Draghi, que le pape François avait participé aux États généraux de la natalité. «Une société qui n’accueille pas la vie cesse de vivre», avait affirmé le pontife, se dressant notamment contre les discriminations à l’égard des femmes enceintes dans le monde du travail.
L’érosion démographique s’est poursuivie malgré la fin des restrictions liées à la pandémie de Covid-19. Les données de l’année 2022 se sont avérées particulièrement alarmantes en Italie, avec 719’000 décès pour seulement 393’000 naissances, le niveau le plus bas jamais enregistré dans l’histoire de la péninsule depuis son unification au XIXe siècle. Depuis 2014, l’Italie a perdu 1,5 millions d’habitants. Elle pourrait en perdre 11 millions de plus d’ici à 2068 si la tendance actuelle se confirme.
Dans son communiqué, la Fondation pour la natalité met en valeur l’urgence de relancer la natalité, pointant un objectif d’atteindre le niveau des 500’000 naissances annuelles et d’atteindre un seuil de 1,60 enfants par femme en 2030. Parmi les défis posés par les perspectives démographiques, la Fondation évoque notamment «les contributions et les limites de l’immigration» et «les difficultés objectives dans la conciliation entre maternité et travail».
Giorgia Meloni et le pape François, une proximité inattendue?
Si les deux dirigeants se retrouvent ensemble à la tribune, il s’agirait de la première prise de parole commune du pape et de Giorgia Meloni depuis l’accession au pouvoir de la dirigeante souverainiste, en octobre 2022. La victoire électorale de la leader du parti Fratelli d’Italia avait alors été observée avec circonspection au Vatican, compte tenu de sa ligne dure à l’égard des migrants et de l’Union européenne.
C’est toutefois dans une atmosphère visiblement détendue que le pape François a reçu Giorgia Meloni en audience privée le 10 janvier 2023. La présidente du Conseil, qui avait assisté aux obsèques de Benoît XVI cinq jours plus tôt, avait alors affiché sa proximité avec le pontife sur les questions familiales. Elle est revenue le 19 avril au Vatican pour une réunion de préparation au Jubilé 2025, étant cette fois-ci reçue à la secrétairerie d’État. Les bonnes relations entre le Saint-Siège et le gouvernement italien avaient alors été soulignées.
Si les positions du pape François sur l’accueil des migrants lui valent de nombreuses critiques parmi les soutiens de Giorgia Meloni, la dénonciation de «l’hiver démographique» constitue un axe de convergence entre le pape et les gouvernements conservateurs, comme cela avait été souligné lors de sa récente visite en Hongrie.
La démographie n’est cependant pas une préoccupation exclusive de la droite. Parmi les autres personnalités politiques attendues aux États généraux de la natalité figurent le leader de la Lega, Matteo Salvini, mais aussi des personnalités de gauche, comme le maire de Rome, Roberto Gualtieri, ou encore la nouvelle secrétaire du Parti démocrate, Elly Schlein. (cath.ch/imedia/cv/bh)