Lutter contre l'abandon de l'école est une des objectifs du couple Agustoni | ©  CMSI
Suisse

Nadia et Sandro Agustoni en Haïti: «Notre travail continue»

«Nous sommes à une septantaine de kilomètres de Portau-Prince, heureusement nous ne vivons pas la situation de violence qui s’est répandue ces dernières semaines dans la capitale haïtienne, mais nous sommes néanmoins dans une situation de grande instabilité et d’incertitude«, témoignent Nadia et Sandro Agustoni.

Silvia Guggiari catt.ch / traduction adaptation  Maurice Page

Nadia et Sandro Agustoni, volontaires de la Conférence missionnaire de la Suisse italienne, sont présents en Haïti depuis deux ans, précisément à Miragoane, dans le département des Nippes. Le couple de Tessinois, également bien connus en Suisse romande, poursuivent leur travail d’éducation. 

«L’aéroport et le port sont fermés, nous ne pouvons pas sortir de Nippes et même si nous le pouvions, ce serait très dangereux. Notre vie à Nippes se déroule assez calmement: les écoles sont ouvertes et nous pouvons réaliser nos projets» ont-ils confié le 15 mars 2024 à catt.ch.

Sur l’île, Sandro et Nadia suivent divers projets, notamment en collaborant avec le Bureau Diocésain d’éducation pour la formation du personnel scolaire. Pour des raisons de sécurité, les écoles ont été fermées pendant quelques semaines après les vacances de Noël. Dès leur réouverture, les Agustoni et leurs équipes ont repris la formation des enseignants. Ils aident également les familles d’une paroisse très pauvre par une activité génératrice de revenus, afin «qu’elles puissent payer les frais de scolarité en élevant des chèvres, par exemple», explique Sandro.

Éduquer à la non-violence

Dans cette situation de grande incertitude, Sandro et Nadia ont pensé qu’il serait plus sûr de privilégier des projets dans des zones proches et sûres; c’est le cas du projet conçu et géré par Nadia dans l’école locale. «Il s’agit d’un cours d’éducation civique obligatoire, une fois par semaine, les élèves vivent une activité qui les amène à réfléchir sur la non-violence, sur l’identité, sur ce qui nous différencie mais aussi sur ce qui nous unit aux autres et sur ce qui pousse une personne à générer des situations violentes», explique Nadia. 

A partir du jeu, des réflexions sont nées et ont été transcrites en images grâce à l’intervention d’un artiste local. Le résultat est une fresque sur le mur de l’école devant laquelle tout le monde peut réfléchir. Un projet qui peut contribuer à sensibiliser les jeunes qui, souvent, en raison de la pauvreté, sont enrôlés dans les bandes armées.

L’Eglise, une présence gênante

Mgr Pierre André Dumas, évêque d’Anse-à-Veau et de Miragoâne, grièvement blessé dans une explosion à Port-au-Prince en février, consacre beaucoup d’énergie à une éducation de qualité parce qu’il sait que l’éducation peut amener les jeunes à faire des choix et à réfléchir. Il est clair que les criminels ne veulent pas que la parole circule, alors ils frappent les gens qui aident à réfléchir et qui essaient de développer des idées, dans un pays où les jeunes n’ont plus d’incitation culturelle», explique Sandro.

«Il est difficile de continuer à travailler dans ce contexte où nous recevons beaucoup de nouvelles négatives, mais nous nous soucions des gens et de nos projets et nous voulons les mener à bien.» conclut Sandro. (cath.ch/catt,ch/mp)  

Lutter contre l'abandon de l'école est une des objectifs du couple Agustoni | © CMSI
17 mars 2024 | 14:03
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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