Les musulmans zurichois accusent Gerhard Pfister de «superficialité»
L’Association des organisations islamiques de Zurich (Vioz) critique le document du PDC intitulé «Valeurs et Etat de droit», publié le 17 décembre 2017 par l’hebdomadaire alémanique Sonntagszeitung. L’organisation faîtière des musulmans zurichois accuse le président du parti Gerhard Pfister de mener une «politique identitaire superficielle».
Dans son communiqué du 20 décembre 2017, la Vioz répond à chaque point développé dans le papier du PDC. Ce dernier liste une série de propositions visant à empêcher la radicalisation des musulmans en Suisse.
Il plaide notamment pour l’interdiction du voile islamique à l’école, ainsi que le conditionnement du droit de séjour des musulmans arrivant en Suisse à la signature d’un accord détaillé sur l’intégration. Le document parrainé par Gehrard Pfister prône en outre un contrôle accru des communautés musulmanes ainsi que l’interdiction d’entrée en Suisse pour les fondamentalistes.
Le voile et la liberté
Face à ces exigences, la Vioz souligne qu’elle est inconditionnellement favorable à la démocratie, à l’Etat de droit et à la Déclaration universelle des droits de l’homme. L’association se dit également «concrètement engagée en faveur de l’intégration, de la paix sociale et du dialogue interreligieux».
La Vioz consacre une grande partie de sa réponse au volet vestimentaire de l’argumentaire du PDC. Le fait d’attribuer un caractère «discriminatoire» au voile, comme l’affirme le PDC, reflète une vision «patriarcale et paternaliste», affirme l’association faîtière. Le voile constituerait, selon les musulmans zurichois, «une forme individuelle et personnelle de respect d’un commandement qui lie une personne à Dieu». En Suisse, la majorité des musulmanes choisissent de se couvrir la tête avec une entière conviction et responsabilité, dans le cadre de la «liberté démocratique».
Le port du voile appartient, théologiquement parlant, «aux commandements religieux individuels et il fait partie de la pratique religieuse des musulmans», relève la Vioz dans son communiqué. «Avec son document, le PDC lorgne du côté des Etats totalitaires, dans lesquels on dicte aux femmes ce qu’elles peuvent porter. Le débat sur la burqa va dans le même sens», affirme l’association islamique.
«L’Etat ne peut imposer une culture dominante»
Concernant l’accord de principes demandé aux migrants, la Vioz réplique que ce n’est pas le rôle de l’Etat de prescrire des attitudes internes. «L’Etat ne peut imposer une culture dominante, car sa culture dominante est le seul système juridique», soulignent les musulmans zurichois.
Ils assurent également agir déjà eux-mêmes contre les extrémistes violents, notamment en organisant des ateliers sur ce thème pour les jeunes et en contribuant au financement de la prévention de l’extrémisme. «Nous serions heureux de pouvoir recevoir du soutien dans cette lutte et non de l’hostilité», relève la Vioz.
En général, l’association islamique, accuse Gerhard Pfister de mener une « politique identitaire superficielle et non constructive». Pour la Vioz, le président du PDC s’efforce de se profiler dans l’opinion publique «en exigeant des mesures répressives contre les concitoyens qui professent d’autres croyances, ce qui va à l’encontre des principes fondamentaux de l’Etat de droit». (cath.ch/kath/sys/rz)