Moratoire sur les exécutions capitales en Indonésie
Le gouvernement indonésien a décidé le 19 novembre 2015 de suspendre les exécutions des condamnés à mort. Les milieux de défense des droits humains se félicitent de ce moratoire de fait. Au début de l’année l’exécution de plusieurs ressortissants étrangers dans le cadre d’affaires de drogue avait suscité une vive polémique dans la communauté internationale.
« Suite au ralentissement économique actuel, le gouvernement suspend les exécutions des condamnés à mort, afin de se concentrer sur les questions économiques », a déclaré le ministre indonésien de la Justice, Luhut Panjaitan, lors d’une conférence de presse, le 19 novembre dernier.
A l’annonce de ce moratoire sur les exécutions capitales, des responsables de l’Eglise catholique et d’associations de défense des droits de l’homme se sont félicités de cette décision, rapporte l’agence d’information des Missions étrangères de Pars, Eglises d’Asie.
Selon le Jakarta Post, la question de la peine de mort avait été abordée, quelques jours auparavant, avec les responsables du gouvernement australien, lors de la visite de du ministre de la justice Luhut Panjaitan, en Australie. Entre janvier et avril 2015, le gouvernement indonésien avait fait fusiller quatorze condamnés à mort, au complexe pénitentiaire de l’île de Nusakambangan, surnommé l’Alcatraz indonésien. En avril, huit ressortissants étrangers (quatre Nigérians, un Hollandais, un Brésilien et deux Australiens), condamnés pour trafic de drogues, faisaient partie des exécutés, ce qui avait provoqué une indignation internationale. Ces exécutions intervenaient suite à l’élection du président Joko Widodo qui avait annoncé qu’il n’y aurait pas de grâce pour les affaires liées à la drogue, alors que le pays compte 133 condamnés à mort dont 59 pour trafic de drogue.
Pression des gouvernements étrangers
Cette suspension temporaire des exécutions capitales accorde un répit aux condamnés qui attendent, dans les couloirs de la mort. Parmi ces derniers, Mary Jane Veloso, une Philippine catholique âgée de 30 ans, condamnée à mort après avoir été accusée de faire entrer clandestinement 2,6 kg d’héroïne sur le territoire indonésien. Son exécution, fixée en avril 2015, avait été reportée à la dernière minute, suite à un recours devant la justice, la condamnée à mort ayant déclaré avoir été victime d’un trafic d’êtres humains.
Son avocat Veloso, Edre Olalia, espère que «ce moratoire aboutira à l’abolition définitive de la peine de mort, car nous avons de sérieux doutes sur l’efficacité d’une telle mesure pour réduire le nombre de crimes, ajoutant que la peine capitale peut conduire à persécuter et tuer des gens innocents, accusés à tort pour différentes raisons ou circonstances».
Parmi les condamnés à la peine capitale figure aussi le Français Serge Atlaoui. Arrêté en 2005 dans un laboratoire clandestin destiné à la production d’ecstasy, il a été condamné à mort en 2007. Serge Atlaoui a toujours clamé son innocence. Les pressions exercées par la France sur le gouvernement indonésien lui ont sans doute valu de ne pas figurer au nombre des condamnés fusillés en avril 2015. (cath.ch-apic/eda/mp)