Montet: les Focolari à l’écoute de la création

«Réenchanter le monde», en se mettant à l’écoute de la création et en vivant ensemble une sobriété heureuse. Sous ce slogan, s’est réunie une centaine de personnes, le 14 octobre 2023, au Centre des Focolari de Montet, dans la Broye fribourgeoise.

Un pommier de type «paradis» a été planté dans le jardin du Centre des Focolari. L’activité a été le point culminant de la journée organisée par le mouvement d’Eglise. Un beau symbole pour exprimer ce qu’ont souhaité les acteurs de cet événement pour la terre du futur. La mise en sol du petit arbre a bénificié d’une éclaircie bienvenue dans cette journée dominée par la pluie.

Les Focolari sont un mouvement catholique à vocation oecuménique fondé par la laïque italienne Chiara Lubich en 1943. Si son activité est principalement dédiée à la recherche de la paix, la sauvegarde de la création y joue également un rôle important. Le mouvement a fondé en 1981 un centre international, à Montet, où des étudiants du monde entier reçoivent une formation basée sur des principes chrétiens.

Donner envie de s’engager

Beaucoup d’entre eux ont oeuvré à la réussite de la journée, en partageant notamment leur expérience en matière d’écologie. Cela a été le cas de Wislaine Pierre, d’Haïti. La jeune femme, qui possède déjà un diplôme d’agronomie à l’Université chrétienne du Nord d’Haïti, a exposé, durant la matinée, les problèmes sociaux et écologiques présents dans son pays. Elle a mentionné l’apauvrissement des sols, dû à des pratiques agricoles déraisonnables, la déforestation, ou encore la mauvaise gestion des ressources hydriques. Wislaine a expliqué comment, lorsqu’elle était étudiante en Haïti, elle a oeuvré à son niveau pour l’environnement. Outre des actions de sensibilisation dans son université, elle a mis sur pied des formations dans des écoles et organisé la plantation de plus d’un millier d’arbres.

«Nous voulons surtout amener des pistes de réflexions sur l’écologie et donner envie de s’engager encore davantage dans ce domaine, dans le sillage notamment de Laudato si’«, explique Pascal Pittet, l’un des organisateurs. L’objectif de la journée est aussi de connecter les personnes entre elles et de faire connaître des projets constructifs. La proximité de l’événement avec la sortie de Laudate Deum, l’exhortation apostolique du pape François qui se veut la suite de Laudato si’, est «un pur hasard», assure Pascal Pittet. Mais «cela apporte encore plus de poids à notre propos», s’amuse le membre du Conseil de région des Focolari.

Des petits gestes qui ont de grands effets

A l’occasion des témoignages qui ont émaillé la matinée, Pascal Pittet a ainsi détaillé l’EcoPlan du mouvement. La démarche a pour but d’encourager les Focolari à réexaminer leur style de vie en relation avec la protection des personnes et de la planète, à travers les différents aspects de la spiritualité de l’unité.

Jean-Michel Besson, ingénieur agronome en Valais, a présenté  Eco Eglise, une association oecuménique active en Suisse romande. Tout en relevant l’existence des ‘eco-diagnostics’ proposés par Eco Eglise, Jean-Michel Besson a rappelé, Laudate Deum à l’appui, que les petits gestes du quotidien n’avaient peut-être pas de grands effets quantitatifs, mais qu’ils opéraient «en profondeur» pour transformer la société.

 Une intervention en vision conférence avec Georgette, une enseignante focolari au Liban, a permis de se rendre compte de la situation de l’écologie dans ce pays. «Au Liban, la conscience écologique est presque nulle», a-telle averti. Une attitude compréhensible dans une population confrontée à des problèmes socio-économico-politiques gigantesques. Malgré cela, Georgette sensibilise du mieux qu’elle peut ses élèves et les autres enseignants aux petits gestes du quotidien qui peuvent avoir un impact, notamment pour économiser l’eau.

Initiatives solidaires

Trois jeunes gens sont également venus présenter leur projet de vie intitulé ‘La Grande tablée’. Il s’agit d’une communauté au service des personnes accueillies, des milieux naturels à préserver et du patrimoine bâti à valeur historique. La communauté oecuménique, en place depuis plus de quatre ans, occupe une ferme rénovée à Grant Part, au-dessus de Vevey, où ses membres pratiquent notamment une agriculture respectueuse de l’environnement.

Fabienne, de Genève, est venue parler de ‘Création solidaire’. L’association, qui mobilise plusieurs réseaux dont les Focolari, s’efforce de soutenir et de faire connaître des organisations caritatives de la région genevoise. Elle organise pour cela des événements promotionnels, dont des repas, des concerts et des ateliers. Elle vend aussi des objets fabriqués par des bénévoles sur la base de matériau de récupération.

Pluie intempestive

Après un repas de midi offrant, sous forme de buffet, une grande variété de produits locaux, le reste de la journée a été consacré à la plantation des deux pommiers et à des ateliers à choix. Une dizaine de personnes se sont ainsi essayées, dans la cour du bâtiment, à la réalisation de mandalas végétaux, dirigés par Fabienne. Une promenade des cinq sens a également emmené des participants dans la forêt voisine. Des activités malheureusement interrompues par une violente averse. Une célébration de la parole avec une représentation de danse a clos l’événement.

«Partir, c’est renaître ailleurs»

La journée a été vécue très positivement par les participants. Catherine, une membre des Focolari venue de Genève assure que les différentes activités ont fait mûrir ses réflexions sur la sauvegarde de la maison commune. «Je ne savais pas qu’il y avait tous ces outils pour pouvoir mieux orienter ses actions en faveur de l’environnement. Je pense que je vais les utiliser notamment pour acheter des vêtements plus équitables et durables».

Malgré la joie manifeste qui a émané de cette journée, les participants ont tout de même ressenti une petite ombre relative à la fermeture prochaine du Centre de Montet. Les Focolari ont en effet annoncé en septembre 2023 leur départ des lieux en juin 2024.

Catherine a vécu elle-même plusieurs années à l’institut de Montet. Elle ne peut ainsi cacher «un petit pincement au coeur» en pensant à cela. «Mais j’ai confiance dans les plans de Dieu, confie-t-elle.  Partir, c’est mourir un peu, mais c’est aussi renaître». (cath.ch/rz)

Les responsables de l’institution ont assuré à cath.ch que la fermeture du Centre de Montet serait une démarche progressive. «La décision a été douloureuse, mais elle a été prise après un processus de discernement approfondi, tout à fait dans l’esprit synodal du moment, commente Markus Näf, co-responsable du centre. Cela nous a certainement permis de le faire avec plus de sérénité.»
Pour Marius Müller, chargé de communication, il faut surtout se pencher sur tout le bien qui a été réalisé dans ses murs depuis quarante ans. Une visio-conférence récente avec d’anciens étudiants a permis de vérifier à quel point ces derniers ont su mettre en pratique et propager dans leurs pays tout ce qu’ils ont acquis à Montet.
Sur le plan pratique, Maria-Regina Piazza, co-responsable du centre, assure que les personnes touchées par la situation ont été dûment informées, afin qu’elles puissent se préparer. Cela a été notamment le cas pour l’entreprise de chaises de bureau qui réside dans le complexe. Elle continuera à fonctionner sur place, tout en restant liée aux Focolari. Markus Näf note qu’aucun cursus (qui sont de 10 ou de 12 mois) ne sera interrompu.
Le mouvement, qui possède le domaine, va prochainement former une commission de fermeture, qui sera notamment chargée de trouver un repreneur, en accord avec la commune et le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF). RZ