La montée vers Pâques des jeunes descend du Gd-St-Bernard

Les montées vers Pâques semblent exister depuis toujours. Difficile d’obtenir une réponse précise sur leur origine. Il faut remonter à l’hospice du Grand-Saint-Bernard des années 1960 pour trouver une première trace de cette tradition.

«Les jeunes ont vraiment envie de se retrouver pour cette MVP – la montée vers Pâques, mais l’acronyme a surclassé l’appellation depuis longtemps – et pas seulement en ligne», explique Sandrine Mayoraz, agente pastorale sur le secteur de Monthey (VS), dans le Bas-Valais. Ce sera restreint, «mais toujours mieux que les rencontres exclusivement on line que la pandémie a imposées l’année dernière».

Aucun événement ecclésial particulier n’atteste de la naissance officielle de ces MVP qui se déroulent à l’échelle romande. La question sur l’origine de ces MVP en a laissé plus d’un perplexe. cath.ch a tenté de trouver la source de ces rassemblements de jeunes qui prennent habituellement la forme d’un camp.

La pastorale de la montagne

Mgr Jean-Marie Lovey était aumônier des jeunes aux collèges de Sion (VS) | © B. Hallet

«A l’origine de ces montées vers Pâques, il y a l’intuition du chanoine du Grand-Saint-Bernard Gratien Volluz», explique Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion. «On se situe alors dans les années 1960, avant le concile Vatican II», précise celui qui fut aumônier aux collèges de la Planta et des Creusets de Sion (VS) dans les années 1980. Le chanoine Volluz a l’intuition qu’il y a un enjeu pastoral à faire valoir dans le monde du tourisme alpin qui se développe.

La montagne est pour le chanoine un lieu d’expérience spirituelle très forte. «Il voulait lier la démarche de prière et l’exigence de la montagne ainsi que la solidarité à laquelle ce milieu parfois hostile oblige». Il invente alors les pèlerinages alpins, sorte de retraite itinérante, en fait l’ancêtre de la montée vers Pâques. «C’était assez révolutionnaire pour l’époque.»

Itinérance en altitude

Il organise ainsi deux pèlerinages par année: en septembre, au moment du Jeûne fédéral, et lors de la semaine sainte. «Quatre jours d’itinérance en montagne, de cabane en cabane qui aboutissaient au Grand-Saint-Bernard». Avec le temps, la formule évolue pour devenir un «camp d’hiver» auquel des jeunes participent. Gratien Volluz décède en 1966 mais ses pèlerinages alpins lui survivent.

«Je garde de beaux souvenirs de ce qui était devenu des MVP itinérantes en montagne», indique l’évêque de Sion. L’ancien aumônier des collèges de Sion raconte des montées vers Pâques à peau de phoque avec des jeunes de 15 à 18 ans, encadrés par des guides de montagne. Des chemins autant géographiques que spirituels «Nous allions de cabane en cabane, selon un itinéraire préparé quelques semaines en avance. J’ai vécu avec les jeunes des célébrations eucharistiques en pleine nature, la célébration de la Passion, des chemins de croix ou encore des temps d’adoration à la cabane du Trient».

Les exigences en matière de sécurité et d’encadrement augmentent et, progressivement, cette montée vers Pâques tombe en désuétude. «Aujourd’hui elle n’existe plus mais s’est muée en montée vers Pâques des familles, notamment à la suite des travaux qui ont permis d’adapter l’hébergement de l’hospice du Simplon aux familles».

Les jeunes de Lourdes

Véronique Denis a fait partie du groupe d’animation des MVP de la Villa Vandel | © B. Hallet

Les MVP des jeunes auraient pu disparaître mais, simultanément à la baisse de l’itinérance alpine, une initiative voit le jour à Châtel Saint-Denis (FR), à la Villa Vandel. La maison est un lieu de retraite qui appartient aux missionnaires du Sacré-Cœur et au début des années 1980, des dizaines de jeunes s’y retrouvent pour une montées vers Pâques sous la houlette du Père Bernard Bitschnau.

«En fait, les jeunes de Lourdes, un groupe lancé par le Père Bitschnau, sont à l’origine de ces rassemblements. Ils trouvaient le temps trop long entre deux pélés d’été», détaille Véronique Denis, présidente du Conseil de communauté de la paroisse de Leytron (VS) et active dans le secteur des Deux-Rives. A l’époque, le groupe rassemble environ 300 jeunes. Se retrouver, oui mais dans quel but?

Rapidement, l’idée de vivre entre jeunes les célébrations du temps de Pâques enthousiasme tout le monde. «Chaque année, nous choisissions un thème différent. Nous vivions les temps forts de ce triduum pascal: adoration, vénération de la croix, chemin de croix, confessions, vigile pascale. Les jeunes allaient célébrer dans les paroisses alentour. Je garde de très bons souvenirs de ces MVP». Un groupe de jeunes porte le projet chaque année, Véronique Denis en faisait partie.

Le succès est au rendez-vous et le groupe s’agrandit rapidement au fil des années – on comptera jusqu’à 100 jeunes – à tel point qu’il est difficile d’accueillir tout le monde. «Les jeunes ont voulu recréer cette montée vers Pâques dans leur paroisse». L’expérience de la Villa Vandel essaime ainsi dans toute la Romandie. (cath.ch/bh)

Cette année, des montées vers Pâques sont organisées en présentiel. Plusieurs cantons romands proposent des MVP : https://www.monteeverspaques.org/agenda-2021

Marches, activités, liturgies et célébrations rythment les quatre jours de la MVP | © Pixabay
23 mars 2021 | 17:00
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 3  min.
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