Minsk : Le président biélorusse autorise le retour de Mgr Kondrusiewicz

Après l’intervention du pape François, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a autorisé le retour au pays de Mgr Tadeusz Kondrusiewicz, métropolite catholique de Minsk et Moguilev. Bien que citoyen du Belarus (Biélorussie), il s’était vu interdire l’accès à son pays, le 31 août 2020, et son passeport avait été annulé.

La nonciature apostolique en Biélorussie a fait savoir le 22 décembre 2020 que les autorités biélorusses ont informé qu’il n’y a pas d’obstacles pour que l’archevêque Tadeusz Kondrusiewicz retourne en République de Biélorussie», selon le site internet de l’Eglise catholique romaine à Minsk.

Remerciements du nonce apostolique à Minsk

L’archevêque Ante Jozić, nonce apostolique à Minsk, capitale de la Biélorussie, «exprime sa gratitude aux autorités de l’Etat de la République du Bélarus pour avoir répondu positivement à la demande de Sa Sainteté le pape François, concernant la possibilité du retour de l’archevêque Tadeusz Kondrusiewicz, qui pourra ainsi célébrer la solennité du Saint Noël avec les fidèles dont il est le pasteur».

La semaine précédente, un envoyé spécial du pape avait rencontré Alexandre Loukachenko afin de trouver une solution à la situation de Mgr Kondrusiewicz. Les Biélorusses sont pour majorité des orthodoxes, mais le pays compte de petites minorités catholiques, qui observent pour une part le rite romain originaire de Pologne ou le rite oriental issu de l’Ukraine voisine.

Loukachenko avait accusé Kondrusiewicz de vouloir «détruire le pays»

En septembre, le Belarus avait, sans donner aucune explication, refusé l’entrée à Mgr Kondrusiewicz, qui revenait de Pologne.  Le métropolite est un citoyen biélorusse. Tout en confirmant sa volonté d’approfondir ses relations avec le Vatican, le président Loukachenko avait déclaré à l’époque que l’archevêque «s’est rendu en Pologne et a reçu des instructions sur la façon de détruire le pays». «Personne n’est autorisé à faire de telles choses», avait déclaré Loukachenko.

Sur son site internet, l’Eglise catholique romaine en Biélorussie avait publié des extraits de l’interview de Mgr Kondrusiewicz sur la chaîne de télévision catholique polonaise Trwam, dans laquelle il affirmait que l’élection présidentielle du 9 août 2020 en Biélorussie avait été «truquée». Depuis l’annonce des résultats de l’élection présidentielle du 9 août 2020, qui a vu le président sortant Alexandre Loukachenko crédité de 80% des voix, la colère de la rue, qui dénonce une vaste fraude électorale, ne s’est pas calmée.

Insistance du Vatican

Depuis septembre, le Vatican a insisté sur le retour au Belarus de Mgr Kondrusiewicz, qui est président de la Conférence des évêques catholiques de Biélorussie, alors que, selon l’agence de presse officielle bélarusse Belta, Loukachenko appelle l’Eglise catholique à jouer «un rôle constructif dans la société biélorusse».

Le 21 décembre 2020, le président Loukachenko a estimé «essentiel de préserver la paix interreligieuse et entre les Eglises dans le pays», lors de la nomination du commissaire aux religions et nationalités Alexandre Roumak, rapporte l’agence officielle Belta.

Mise en garde de Loukachenko

«Nous n’interférons pas avec la foi [des fidèles, ndlr], je tiens à le souligner une fois de plus, nous n’interférons pas avec les sentiments des gens. Mais nous devons protéger notre Etat. Nos croyants vivent dans l’Etat biélorusse. Tous les leaders des confessions religieuses vivent dans cet Etat. Je dirai même plus, et j’ai toujours insisté sur ce point : toutes les organisations publiques, y compris les organisations religieuses, opèrent sur le territoire de notre Etat», a-t-il déclaré lors de cette cérémonie.

Et de mettre en garde contre les tentatives d’utiliser la religion à des fins de division : «Nous devons préserver la paix interreligieuse et inter-Eglises. Certaines personnes vont essayer de la détruire et de la détériorer. Mais nous devons empêcher ces tentatives», a souligné le dirigeant biélorusse.(cath.ch/belta/interfax/ catholic.by/be)