Le pape François (Photo: Flickr/Mazur/catholicnews/CC BY-NC-SA 2.0)
Vatican

Devant le corps diplomatique, le pape fustige le commerce des armes et le trafic des personnes

Devant le corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, le pape François a appelé le 11 janvier 2016 à arrêter les tragédies et à construire la paix «avant qu’il ne soit trop tard». Lors de la traditionnelle cérémonie des vœux, il a appelé à stopper «le trafic des personnes», à remettre en cause des pratiques établies comme le commerce des armes ou l’approvisionnement en énergie.

Devant le corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, le pape François a souhaité le 11 janvier 2016 que l’Europe trouve un «juste équilibre» entre la protection de ses citoyens et l’accueil des migrants. Le chef de l’Eglise catholique a appelé à affronter les causes des migrations, dans «le trafic des personnes», le «commerce des armes» ou de l’»énergie».

Le pape a aussi assuré que le fondamentalisme trouvait un terrain fertile en Occident dans «le vide d’idéaux» et la «perte d’identité». Dans le long discours qu’il a prononcé devant les représentants des 180 pays avec lequel le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques, le pape François s’est notamment arrêté sur «la grave urgence migratoire».

«Un sérieux problème culturel»

Ayant une pensée spéciale pour l’Europe, il a reconnu que les craintes concernant la sécurité étaient importantes, surtout depuis «la menace déferlante du terrorisme international». Il s’est alors dit convaincu que l’Europe, aidée par son grand patrimoine culturel et religieux, a les instruments «pour trouver le juste équilibre entre le double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens, et celui de garantir l’assistance et l’accueil des migrants».

Il a aussi souligné que le phénomène migratoire posait «un sérieux problème culturel». Ainsi, celui qui est accueilli a aussi «le devoir de respecter les valeurs, les traditions et les lois de la communauté qui l’héberge».

Commerce d’armes et énergie

Le pape François s’est aussi longuement arrêté sur les causes des migrations. Son constat est sans appel: «On aurait pu affronter une grande partie des causes des migrations depuis longtemps déjà».

Parmi celles-ci, le pape a notamment fustigé «l’arrogance des puissants qui instrumentalisent les faibles, les réduisant à des objets à des fins égoïstes ou pour des calculs stratégiques et politiques». «Encore aujourd’hui, avant qu’il ne soit trop tard, on pourrait faire beaucoup pour arrêter les tragédies et construire la paix», a-t-il poursuivi.

Il a alors appelé plus concrètement à «arrêter le trafic des personnes», mais aussi à remettre en cause des pratiques établies, comme le «commerce des armes», «l’approvisionnement de matières premières et d’énergie», ou encore les «politiques financières et de soutien au développement, jusqu’à la grave plaie de la corruption».

Le pape a toutefois exprimé sa gratitude pour les initiatives d’accueil assurées par le Fonds Migrants et Réfugiés de la Banque de développement du Conseil de l’Europe. Il a aussi félicité les pays ayant donné des réponses immédiates d’assistance et d’accueil, «surtout le Liban», mais aussi la Jordanie, la Turquie, la Grèce et l’Italie.

Le danger du fondamentalisme

S’intéressant aux aspects culturels et religieux connexes à la question migratoire, le pape a assuré que l’extrémisme et le fondamentalisme trouvaient un terrain fertile «non seulement dans une instrumentalisation de la religion à des fins de pouvoir, mais aussi dans le vide d’idéaux et dans la perte d’identité – aussi religieuse – que connaît dramatiquement l’Occident».

«Il apparaît de plus en plus évident, a assuré par ailleurs le pape, que seule une action politique commune et coordonnée pourra contribuer à endiguer le déferlement de l’extrémisme et du fondamentalisme».

Refus de la «culture du déchet»

Au fil de son allocution, le pape a fait part des attentes du Saint-Siège quant au Premier sommet humanitaire mondial convoqué en mai prochain par les Nations Unies. «Il faut un engagement commun qui renverse résolument la culture du déchet», a-t-il insisté. Il s’est aussi réjoui d’importants accords internationaux conclus au cours de l’année 2015, comme le Traité sur le nucléaire iranien, ou encore la COP21 de Paris, saluant une «forte prise de conscience collective» et espérant des «actions» concrètes.

Il a salué les élections dans un climat «pacifique» en République centrafricaine, et des pas importants de la communauté internationale pour une solution politique et diplomatique en Syrie, à l’approche de nouveaux pourparlers de paix à Genève.

Le chef de l’Eglise catholique a aussi pointé du doigt les tout nouveaux défis pour 2016, comme les récentes tensions entre l’Iran et l’Arabie saoudite et les essais nucléaires en Corée du Nord. Enfin, il a souhaité que l’année sainte de la miséricorde favorise la paix au Burundi, en République démocratique du Congo, en Ukraine, ou encore entre Israéliens et Palestiniens. (cath.ch-apic/imedia/bl/be)

 

Le pape François
11 janvier 2016 | 14:00
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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