Mgr Scicluna est au Chili pour recueillir des «informations utiles» au sujet de Mgr Barros
Mgr Charles Scicluna, envoyé spécial du pape François, se trouve actuellement au Chili pour recueillir des «informations utiles» sur l’»affaire Barros». Mgr Juan Barros Madrid, évêque d’Osorno, est soupçonné d’avoir couvert les abus sexuels du Père Fernando Karadima, qui a sévi dès les années 1980.
Premier témoin entendu, le docteur James Hamilton dénonce le «camouflage de l’Eglise de Santiago». Les laïcs d’Osorno, entendus mercredi 21 février 2018, espèrent pour leur part que Mgr Barros sera contraint de quitter son diocèse.
Protagonistes et témoins
Mgr Scicluna est chargé par le pape de faire la lumière sur le «cas Barros». Il a expliqué le 20 février 2018 devant la presse être au Chili pour «recueillir des informations utiles» concernant ce cas. Présent au Chili jusqu’au 23 février, le prélat maltais a prévu pas moins de vingt réunions avec des protagonistes et des témoins.
Durant son intervention, Mgr Scicluna a remercié les personnes qui se sont déclarées disponibles pour le rencontrer au cours des prochains jours. Il recevait le 20 février deux victimes du Père Fernando Karadima. Parmi les autres rendez-vous, figure notamment une rencontre avec des fidèles du diocèse d’Osorno, dont Mgr Barros est l’évêque depuis 2015.
Envoyé spécial du pape
Mgr Scicluna a également remercié «de manière spéciale» le nonce au Chili, Mgr Ivo Scapolo. Selon un communiqué de la Conférence épiscopale chilienne (CEC) du 19 février, ce dernier avait invité les personnes que Mgr Scicluna allait rencontrer à lui faire parvenir au préalable leurs questions et leurs témoignages écrits. Cette demande émanait de l’envoyé du pape pour préparer ses entretiens, avait précisé la CEC. Certains avaient fermement refusé, voulant échanger uniquement en direct avec Mgr Scicluna.
Le 30 janvier, le pape François avait demandé au prélat maltais de se rendre au Chili pour écouter «ceux qui ont manifesté la volonté de donner des éléments en leur possession» sur Mgr Barros. Celui-ci est accusé par certains d’avoir été témoin des abus commis par le Père Karadima. Mgr Scicluna a déjà rencontré une première victime le 17 février aux Etats-Unis.
Témoignages à la nonciature de Santiago
Selon la presse chilienne du 20 février 2018, James Hamilton et José Andrés Murillo, victimes du Père Fernando Karadima, ont livré leur témoignage à la nonciature apostolique de Santiago. Le quotidien La Tercera rapporte que la rencontre de James Hamilton avec Mgr Scicluna a été «très cordiale».
C’est peut-être la sixième fois, confie-t-il, qu’il livre son témoignage et fournit des documents et des preuves, «non seulement sur le cas Karadima, bien sûr que c’est important, mais il est beaucoup plus important, je l’espère, que soit dévoilé le camouflage de l’Eglise de Santiago». Il met nommément en cause les cardinaux Francisco Javier Errazuriz Ossa, archevêque émérite de Santiago, et Ricardo Ezzati Andrello, actuel archevêque de Santiago, et plusieurs autres évêques, accusés d’avoir tenté d’étouffer l’affaire. Il mentionne aussi les noms d’évêques «du cercle de Karadima, qui furent témoins de beaucoup de choses».
Le cas Fernando Karadima
Le médecin chilien est le principal dénonciateur de Fernando Karadima, son guide spirituel durant sa jeunesse, alors qu’il participait au groupe de l’Action catholique de sa paroisse d’El Bosque, dont l’abuseur était le curé.
Selon le site d’information en ligne emol.com, James Hamilton se dit certain que les informations qui sortiront du Chili seront «véridiques et sincères», car Mgr Scicluna fait montre d’une attitude de «recherche de la vérité».
De nombreuses preuves
Mercredi 21 février, les réunions à la nonciature se poursuivent. Mgr Scicluna doit recevoir le groupe des laïcs du diocèse d’Osorno qui s’étaient opposés à la nomination de Mgr Barros, désigné par le pape François en 2015 à la tête de ce diocèse du sud du pays. D’après Mario Vargas, porte-parole du groupe, les laïcs vont remettre à l’envoyé spécial du pape «un dossier contenant de nombreuses preuves», en relation avec la grave crise et la division dans ce diocèse.
«Ainsi, par exemple, les lettres d’étudiants envoyées à Mgr Barros pour qu’il ne les confirme pas; des organisations pastorales qui lui écrivent pour qu’il n’entre pas dans leurs paroisses, lui en interdisant l’entrée; des prêtres qui ont quitté le diocèse d’Osorno à cause de désaccords avec lui, bref, beaucoup de preuves».
«Nous avons toute confiance, conclut Mario Vargas, que Mgr Scicluna réunira tous les documents et les déposera le 26 février entre les mains de la commission, en présence du pape François, et que cela sera convaincant pour que Barros quitte son ministère épiscopal à Osorno». (cath.ch/ag/imedia/xln/be)