Mgr Poli, archevêque de Buenos Aires, sermonne le président argentin
Lors du traditionnel Te Deum pour la patrie, du 25 mai 2017, le cardinal Mario Aurelio Poli, archevêque de Buenos Aires, n’a pas manqué de sermonner le président Mauricio Macri et plusieurs de ses ministres, leur rappelant qu’une grande partie des Argentins ne bénéficiaient pas de l’égalité des chances et manquaient du nécessaire pour une vie digne.
Pour le cardinal Poli, «il n’y a pas de raison de fêter la patrie lorsqu’une bonne part de notre peuple ne se sent pas invité, car il ne bénéficie pas des mêmes opportunités et manque du nécessaire pour mener une vie digne.» L’archevêque de Buenos Aires a tenu ses propos face au président argentin Mauricio Macri et ses ministres lors de l’homélie de l’action de grâce pour la patrie (Te Deum), célébré vendredi 25 mai dans la cathédrale métropolitaine.
Pour le prélat, «les statistiques sont valables, car elles nous donnent des indications sur la situation et nous motivent à trouver des solutions.» Mais il ne faut pas perdre de vue que les pourcentages ne montrent pas la douleur des familles qui souffrent. Et cela ne peut être résolu qu’avec la proximité fraternelle et cordiale des autres argentins. Et Mgr Poli de rajouter: «Nous avons douloureusement appris au cours de notre propre histoire que l’inégalité génère les violences.»
Appel à la responsabilité et à la solidarité
Le cardinal de Buenos Aires a lancé un appel clair au gouvernement en soulignant que tous les Argentins «aspiraient à bénéficier de politiques de l’État qui soutiennent durablement un développement humain, intégral et respectueux de la création, qui se reflète merveilleusement sur l’ensemble du territoire national.»
Mgr Poli a également appelé à la responsabilité des nantis. «Nous tous pouvons être porteurs d’un bonheur largement espéré pour les Argentins les plus démunis si nous parvenons à ce que la solidarité du plus grand nombre triomphe de la mesquinerie d’un petit groupe.»
«S’affranchir d’un destin accablant»
Marcos Pena, chef de cabinet de la Présidence, semble avoir entendu le message. «C’est la voix de l’Église et nous la partageons», a-t-il déclaré après avoir écouté le cardinal. «Nous ne pouvons pas oublier les plus fragiles. Dire que les inégalités génèrent la violence, c’est une réalité. C’est pour cette raison que nous travaillons tous les jours pour réduire ces inégalités. Après de nombreux échecs, nous autres Argentins, nous devons nous affranchir de ce destin qui nous accable et montrer que nous avons un futur rempli d’espérance», a conclu Marcos Pena. (cath.ch/jcg/mp)