Mgr Pierre Pican, évêque émérite de Bayeux-Lisieux, est décédé dans sa 84ème année

Mgr Pierre Pican, évêque émérite du diocèse de Bayeux-Lisieux de 1988 à 2010, est décédé dans sa 84ème année, lundi 23 juillet 2018.

Né le 27 février 1935, Mgr Pican fit sa profession religieuse chez les salésiens de Don Bosco puis fut ordonné prêtre le 24 avril 1966. En mars 1988, il fut nommé évêque coadjuteur de Mgr Jean Badré et devient évêque titulaire du diocèse de Bayeux-Lisieux en novembre de la même année.

A Rome, il fut membre Conseil pontifical pour les laïcs. Au sein de la Conférence des évêques de France, Mgr Pican était en charge de l’accompagnement des prêtres aînés. Les obsèques de Mgr Pierre Pican seront célébrées lundi 30 juillet à 15h en la cathédrale de Bayeux.

L’affaire de l’abbé René Bissey, «l’épreuve de mon ministère»

Mgr Pican qualifie d’»épreuve de mon ministère», de «choc de ma vie» l’affaire de l’abbé René Bissey qui l’a conduit  devant les tribunaux, «où un prêtre a été condamné pour pédophilie et moi pour non-dénonciation».

L’évêque de Bayeux-Lisieux avait été condamné en septembre 2001 à trois mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les actes pédophiles d’un prêtre de son diocèse, l’abbé René Bissey. En octobre 2000, ce dernier avait été condamné à 18 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Calvados pour viols et agressions sexuelles sur onze mineurs entre 1987 et 1996. C’était la première fois qu’un évêque se retrouvait condamné par la justice française depuis la Révolution. Bien que contestant le bien-fondé de sa condamnation, Mgr Pican renonçait à faire appel «dans une volonté d’apaisement» à l’égard des victimes.

Cas de pédophilie: restriction du champ du secret professionnel

«Après avoir pris le temps de réfléchir, déclarait-il à Bayeux, le 7 septembre 2001, j’ai décidé de ne pas faire appel de la décision du tribunal correctionnel de Caen, en date du 4 septembre 2001, qui m’a condamné à trois mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’atteintes sexuelles sur mineurs. Ce procès extrêmement complexe dépassait ma propre personne. Essayant de prendre de la distance par rapport à ce que j’éprouve, je constate qu’ont été réaffirmés des principes de première importance touchant le respect des personnes, à travers l’option de conscience et le secret professionnel des ministres du culte».

L’évêque regrettait cependant que le jugement à son encontre «comporte une restriction du champ du secret professionnel qui ne laisse pas d’inquiéter. Une telle remise en cause – même partielle – de la jurisprudence admise et constamment réaffirmée jusqu’ici demanderait que je fasse appel. Je ne saurais pourtant oublier l’épreuve subie par les victimes de l’abbé Bissey. Même si certains ne l’ont pas perçu, j’ai constamment été habité par l’ampleur de leur drame, et les souffrances qui se sont exprimées lors des procès m’ont marqué en profondeur. Aussi ai-je voulu manifester ma volonté d’apaisement à l’égard des parties civiles et ne pas raviver les blessures, au cours d’un nouveau procès qui se déroulerait devant la cour d’appel de Caen. J’ai aussi beaucoup pensé à mon diocèse, à l’Eglise, à toutes celles et ceux qui, de bien des manières, ont été affectés par cette situation. C’est pourquoi, dans l’espoir de contribuer au retour de la paix dans les consciences et dans les esprits, j’ai décidé de ne pas faire appel».

Le secret de la confession est absolu

Le secret de la confession est absolu, inviolable, selon le code de droit canonique (canon 983). Ce droit ne souffre pas d’exceptions, sous peine d’excommunication pour celui qui l’enfreint (canon 1388). Il est par ailleurs garanti par la Cour de cassation qui reconnaît que les ministres du culte – qu’ils appartiennent d’ailleurs à la religion catholique ou à la religion réformée – sont tenus de garder le secret sur les révélations qui leurs sont faites dans le cadre de l’exercice de leur ministère  sacerdotal ou en raison de ce ministère (Cass. crim., 11 mai 1959). Mais depuis l’éclatement, dès les années 1990, des affaires de pédophilie, le secret de la confession est largement contesté. Depuis 1992, le Code pénal prévoit que les sanctions prévues dans le cas de violation du secret professionnel ne s’appliquent pas dans les situations de sévices sur mineurs de moins de 15 ans. (cath.ch/com/be)

 

Mgr Pierre Pican, évêque du diocèse de Bayeux-Lisieux de 1988 à 2010 | Diocèse de Bayeux-Lisieux
24 juillet 2018 | 15:22
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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