Mgr Morerod invite les éventuelles autres victimes du Père Joël Allaz à se manifester (Photo: Keystone)
Suisse

Mgr Morerod invite les victimes du Père Joël Allaz à s'annoncer

La Conférence des évêques suisses (CES) et la Province suisse des capucins jugent «nécessaire, précieux et courageux» le témoignage de Daniel Pittet qui a subi pendant quatre ans (de 1968 à 1972) les viols d’un prêtre capucin. Mgr Morerod invite les éventuelles autres victimes du Père Joël Allaz à se manifester auprès de lui.

Bien que le cas du Père Joël Allaz ait déjà été fortement médiatisé en 2008, le livre de Daniel Pittet «Mon Père je vous pardonne», par ses nombreux détails, «illustre les tristes mécanismes qui ont laissé libre cours au comportement malveillant et manipulateur d’un pédophile», reconnaît un communiqué du 13 février 2017. Ces mécanismes sont dus tant aux individus qu’aux structures, comportements et mentalités dont a résulté la non-assistance. «Les capucins et le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg déplorent les erreurs qu’ils ont commises à l’époque.»

Le communiqué rappelle en outre que la Conférence des évêques et les ordres religieux suisses ont déjà reconnu à plusieurs reprises leur responsabilité face à de tels cas d’abus dans le contexte de l’Eglise.

Le cas de Joël Allaz porté trois fois devant la justice

En fait le cas du père Joël Allaz a été porté à plusieurs reprises devant la justice civile, expliquent les capucins et la CES.

En 1995, une première plainte pour abus sexuels a été déposée à Saint-Maurice, en Valais. Elle n’a pas pu être reçue par le juge d’instruction puisqu’elle concernait des cas prescrits.

En 2002, le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg instaure la Commission SOS Prévention auprès de laquelle se présentent deux victimes présumées de Joël Allaz. Les informations récoltées par cette commission et autres documents transmis notamment par l’ancien official, Mgr Jean-Claude Périsset, serviront de base pour une enquête judiciaire instruite à Fribourg. La juge d’instruction Yvonne Gendre confirme le 3 novembre 2008 que si l’enquête préliminaire a pu identifier 22 victimes, tous ces cas sont cependant prescrits et dès lors aucune accusation formelle ne peut être recevable. Durant l’enquête préliminaire toutefois, le religieux. mentionne deux autres victimes dont il a abusé en France entre 1992 et 1995. Le dossier est alors transmis au procureur de Grenoble. Le 5 janvier 2012 Joël Allaz est condamné par le tribunal correctionnel de Grenoble à une peine de deux ans de prison avec sursis. Le jugement n’ordonne aucune autre mesure de prévention.

Mgr Morerod invite les victimes à s’annoncer

Interpellé par les informations détaillées dans l’ouvrage de Daniel Pittet, Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg et président de la Conférence des évêques suisses saisit l’occasion pour faire la lumière sur la possible implication d’autres personnes. Les victimes sont vivement invitées à se faire connaître de la justice, et les cas prescrits que la justice suisse ne pourra prendre en compte feront au moins l’objet d’une procédure canonique. Pour les cas prescrits, il existe notamment un fonds d’indemnisation. La CES et les capucins espèrent que le livre de Daniel Pittet aidera d’autres victimes à parler, une démarche qui permettrait de prévenir d’autres abus.

Les capucins font leur mea culpa

Par le même communiqué, les capucins reconnaissent «les accusations selon lesquelles la façon, en cours à l’époque, d’agir avec les auteurs d’abus n’a fait que permettre d’autres viols. Afin de protéger la réputation de l’Église ou de l’ordre, ils ont essayé de résoudre le problème seuls, via des règles internes, comme le déplacement ou l’interdiction de ministère. Les déplacements ont favorisé un manque d’information auprès des nouveaux employeurs. Malheureusement encore, les indications et dénonciations des victimes n’ont pas été suffisamment prises au sérieux.»

Aidés par une instance juridique indépendante, les capucins de Suisse assurent aussi vouloir faire «la lumière et établir dans quelle mesure de nouveaux cas de soupçons révélés dans le récit de Daniel Pittet résultent d’une volonté de cacher les faits». Ils promettent de vérifier si d’autres victimes peuvent encore être identifiées. Ils affirment avoir «tiré une leçon de ces tristes événements et que diverses mesures ont été prises pour éviter que de tels actes ne se reproduisent.» La formation comprend maintenant un programme de prévention obligatoire. Les capucins adoptent aujourd’hui une tolérance zéro face à de tels crimes et sont soumis aux Directives de la Conférence des évêques suisses et de l’Union des Supérieurs Majeurs de Suisse.

Les résultats des enquêtes du diocèse et des capucins seront communiqués en temps voulu. (cath.ch/.ch/com/mp)


Plus d’infos :

  • Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, tél. +41 79 211 45 48 ou info@diocese-lgf.ch
  • Frère Agostino Del Pietro, Provincial des capucins suisses, tél. +41 41 429 67 40 ou delpietro@cappuccini.ch

Contact pour les victimes :

Contact pour les personnes préoccupées par des fantasmes sexuels envers des enfants :

Plus d’information sur http://www.eveques.ch/content/view/full/12466

Mgr Morerod invite les éventuelles autres victimes du Père Joël Allaz à se manifester
13 février 2017 | 11:16
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
Abus sexuels (1289), capucins (47), CES (356), Daniel Pittet (32), Prêtre pédophile (20)
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