Mgr Markus Büchel, évêque de St-Gall, fête ses 75 ans
L’évêque de St-Gall, Mgr Markus Büchel fête ses 75 ans, le 9 août 2024. Selon le droit canonique, il est tenu de présenter sa démission au pape. On ignore encore qui lui succédera. Le diocèse de St-Gall a conservé le privilège d’élire lui-même son évêque.
Markus Büchel fêtera son 75e anniversaire en compagnie de ses proches, indique la porte-parole de l’évêché Sabine Rüthemann, au Ppfarrblatt de Berne. Ce d’autant plus qu’il est en vacances. Il n’est pas prévu d’organiser une manifestation officielle. De nombreux fidèles félicitent l’évêque par courrier, ou lorsqu’ils le rencontrent personnellement, complète sa porte-parole.
Même s’il a présenté sa démission, Mgr Büchel ne quittera son poste que lorsqu’elle sera acceptée par le pape. Le diocèse n’est donc pas orphelin.
St-Gall peut élire lui-même son évêque
Après l’acceptation de sa démission, la phase d’élection d’un nouvel évêque pourra commencer. Comme les diocèses de Bâle et de Coire, St-Gall dispose de droits spéciaux pour l’élection de son évêque. Contrairement aux dispositions générales du droit canonique, l’évêque sera élu par le chapitre de la cathédrale. Cette élection doit avoir lieu dans un délai de trois mois. Cette décision se fonde sur une bulle pontificale de 1847.
Manque de personnel, question des femmes, célibat obligatoire
A St-Gall, la population est également généralement consultée pour déterminer les qualités souhaitées pour le nouvel évêque. Un groupe composé d’une délégation du chapitre de la cathédrale et d’une délégation du groupe «Réformes maintenant» discutent actuellement de mesures appropriées pour cette consultation.
Le groupe «Réformes» a déjà recueilli auprès de la population des questions que celle-ci souhaiterait poser à un futur évêque. Parmi celles-ci, le manque croissant de personnel, la promotion des femmes dans le diocèse, mais aussi les «sujets chauds» comme l’ordination des femmes ou l’abolition du célibat obligatoire des prêtres.
Comment l’évêque de Saint-Gall sera-t-il élu ?
Le chapitre de la cathédrale, composé de 13 membres, établit une liste de six candidats éligibles (c’est-à-dire âgés d’au moins 35 ans, prêtres depuis cinq ans, travaillant dans le diocèse de Saint-Gall, pas de religieux). Actuellement, selon le doyen de la cathédrale Guido Scherrer, environ 60 prêtres remplissent ces conditions.
La liste est envoyée à Rome, le Vatican l’examine et la renvoie au chapitre de la cathédrale.
Le Collège catholique – le parlement de l’Eglise cantonale élu par le peuple – a la possibilité de biffer trois noms qui ne lui conviennent pas.
Le chapitre cathédral élit l’évêque et envoie le nom à Rome.
Le pape confirme l’élection de l’évêque. Ce n’est qu’à ce moment-là que son nom est rendu public. (cath.ch/pfarrblatt Bern/mp)
«L’évêque ne peut remplir sa mission que dans la confiance»
A l’occasion de son 75e anniversaire, Mgr Markus Büchel est revenu pour kath.ch sur les éléments marquants de sa vie de prêtre et de son action d’évêque.
«Je suis reconnaissant de pouvoir être en bonne santé», relève d’abord Markus Büchel. Dans l’attente de l’acceptation de sa démission, son travail continue comme avant.
Evêque de St-Gall depuis 2006, Mgr Büchel a toujours apprécié être en route avec de nombreuses personnes, spécialement les jeunes.
Il garde aussi un souvenir particulier des rencontres avec les papes Benoît XVI et François. «Benoît XVI m’a reçu en audience privée avant mon ordination épiscopale. En tant que président de la conférence épiscopale, j’ai pu assister à l’élection du pape François. Son programme de renouveau de l’Eglise – l’homme au centre et vers des structures synodales – coïncide avec les développements chez nous en Suisse.»
Fils de paysans
Issu d’une famille d’agriculteurs de la vallée du Rhin, avec un frère et trois sœurs, Marku Büchel relève que «dans notre famille, l’Eglise et la vie quotidienne étaient naturellement liées. Les prières et l’assistance à la messe allaient de soi. J’ai aimé être enfant de chœur. Mes années de gymnase et d’études ont été marquées par le Concile Vatican II et les synodes diocésains en Suisse. Cette période de renouveau dans l’Église a été une motivation essentielle pour mes études de théologie.»
Vicaire et curé
Markus Büchel garde aussi un profond souvenir de ses douze ans comme vicaire en ville de Saint-Gall, notamment des camps de jeunes. Ensuite, les sept ans à Flawil ont été marquées par un grand renouveau de l’Eglise. L’évêque Ivo Fürer le nomme alors vicaire épiscopal. «Je ne m’y attendais pas. Le départ a été difficile. Mais aujourd’hui, avec le recul, je peux dire que les nouveaux défis (…) ont été des années très enrichissantes. J’ai dû et pu apprendre beaucoup de choses nouvelles.»
Evêque depuis 2006
Après sa désignation comme évêque de St-Gall en 2006, Mgr Büchel a aussi été président de la Conférence des évêques suisses. Il retient de cette période des changements d’évêques dans presque tous les diocèses et la collaboration avec les organes de droit public ecclésiastique. «Il n’a pas toujours été facile de tenir compte des différentes culturelles et linguistiques en Suisse. La préparation du Synode des évêques sur la famille a suscité de grandes attentes et laissé derrière elle de nombreuses déceptions. Supporter ces tensions a souvent été difficile», note-t-il.
Abus sexuels dans l’Eglise
La lutte contre les abus sexuels dans le contexte ecclésial a été un des autres éléments marquants de son épiscopat. L’évêque reconnaît que «cela ne va pas aussi vite qu’on le demandait au début. Mais nous travaillons intensivement sur ces questions.»
«Un évêque ne peut remplir sa mission que si les gens lui font confiance et s’il agit de manière transparente et crédible. Malheureusement, les conflits internes à l’Église de ces dernières années ont également porté atteinte à cette confiance dans le pasteur», admet Mgr Büchel. «Les réactions de ces derniers mois m’ont montré que cette relation directe avec les collaborateurs dans les paroisses a été trop négligée.»
Retour aux questions existentielles
Pour l’évêque les questions existentielles des gens sur le sens de la vie et les expériences religieuses restent omniprésentes. Les questions sur la mort préoccupent également les gens au-delà des confessions chrétiennes. »Je considère le fait de poser des questions et de chercher ensemble comme une grande chance, mais aussi comme un défi pour rendre le soin des âmes toujours plus personnel et individuel. (…) Cela n’est possible que si des chrétiennes et des chrétiens convaincus assument cette tâche en tant que baptisés dans leur environnement personnel et dans leur vie professionnelle. Le modèle de l’Eglise synodale du pape François, qui se fonde sur la théologie du peuple de Dieu du Concile Vatican II, veut nous conduire sur ce chemin dans le monde entier. J’y vois une grande force et un grand avenir.»
A propos de l’ordination des femmes, Markus Büchel «partage la préoccupation du pape François, qui estime que cette question ne doit pas conduire à des divisions. (…) Nous prions pour que le discernement spirituel synodal ouvre la voie à des solutions continentales sans remettre en question l’unité universelle.» (cath.ch/kath.ch/mp)