Mgr Lafont (dr.), ici au début du Synode pour l'Amazonie, alerte sur la situation en Guyane française | © Vatican Media
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Mgr Lafont: «Le Synode demandera l'ordination de viri probati»

L’assemblée du synode pour l’Amazonie semble s’accorder pour demander le recours à des viri probati pour «rendre présente l’eucharistie dans les communautés isolées», estime Mgr Emmanuel Lafont. Quelques jours avant la clôture de ce synode, évêque de Cayenne, en Guyane française à présente à I.MEDIA un bilan des grandes questions pastorales abordées durant ces trois semaines de travail. 

Propos recueillis à Rome par Claire Guigou, I.MEDIA 

L’assemblée synodale a largement abordé le recours à l’ordination de viri probati (hommes d’âge mûr ayant fait leurs preuves) pour pallier le manque de prêtres. Pensez-vous que cette idée puisse être proposée dans le document final?
La question des viri probati est devenue assez claire dans l’assemblée. Premièrement, il n’y a pas de loi à changer: toute l’assemblée souhaite que le célibat reste la loi de l’Eglise latine. Elle comprend à la fois la difficulté de cette loi et dans le même temps sa beauté. Cette règle est un don de Dieu. Ceci dit, lorsqu’il n’y a pas de prêtre dans une situation, que faire? Nous sommes tombés d’accord de façon assez claire pour demander au pape que des hommes mariés puissent être ordonnés afin de rendre présente l’eucharistie dans les communautés isolées. Cela doit pouvoir se faire sans changer la loi mais en recevant la dispense du pape, déjà accordée par le passé. Un certain nombre de pasteurs anglicans sont rentrés dans la communion catholique en demandant de garder leur statut d’hommes mariés. Cela n’a pas bouleversé l’Eglise! Il y a donc déjà des prêtres mariés au sein de l’Eglise latine comme il y en a toujours eu en Orient.

Dans quelles conditions cette solution pourrait-elle être appliquée ?
Il reviendra probablement aux conférences épiscopales qui en ressentent le besoin d’en faire la demande à Rome. Cela ne veut pas dire que toutes les conférences auront recours à cette solution. Par exemple, nous avons très bien senti que les conférences épiscopales africaines ne pensent pas aux viri probati. Elles ont une autre vision. Mais ce n’est pas à la communauté catholique africaine de dire aux Amérindiens de ne pas avoir recours à cette solution et inversement. Des situations en apparence semblables peuvent être résolues de manière différente d’un continent à l’autre. L’Eglise est mondiale mais demeure multiforme: elle doit ainsi accepter ces différences de cultures et de situations. 

Pensez-vous qu’au sein de la Curie romaine certains approuvent le recours aux viri probati?
Certains membres de la Curie romaine nous ont fait part de leurs positions et nous les avons écoutés et applaudis. Ils ont également entendu ce qui se passait dans l’aula et cet appel massif [en faveur des viri probati, ndlr]. Je fais confiance au Saint-Père pour être suffisamment habile et soumis à l’Esprit-Saint pour ne pas bouleverser les choses et faire perdre les uns pour que les autres gagnent. L’ensemble de l’assemblée ayant bien compris les différences de situations et les difficultés pastorales, nous parviendrons à une solution pour laquelle tout le monde aura cheminé d’un même pas. 

L’assemblée a semblé également converger vers l’établissement de nouveaux ministères. A quoi doit-on s’attendre? 
Ce n’est pas la première fois que j’entends parler de cette question car il s’agit de mon deuxième synode. Au moment du synode sur la Parole de Dieu de 2008, l’assemblée avait demandé que des ministères précis soient confiés aux femmes. Je crois savoir que le pape Benoît XVI y était favorable. Si l’exhortation apostolique post-synodale a tardé à être publiée, c’est parce que le pape s’est trouvé face à une certaine opposition. Devant celle-ci, il n’a pas suivi ce que le synode lui avait proposé. Mais onze ans plus tard, nous pouvons et devons aller de l’avant. Lors de ce synode, les femmes ont été remarquables et nous ont aidés par leur expérience et l’Eglise doit le reconnaître d’une façon plus forte. (cath.ch/imedia/cg/mp)  

Mgr Lafont (dr.), ici au début du Synode pour l'Amazonie, alerte sur la situation en Guyane française | © Vatican Media
24 octobre 2019 | 14:10
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 3  min.
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