Mgr Kräutler appelle à la résistance contre le président Bolsonaro
Le président brésilien Jair Bolsonaro veut ouvrir les territoires indigènes à l’exploitation industrielle. Un geste qui aurait des conséquences dramatiques, avertit Mgr Erwin Kräutler, évêque émérite d’Altamira, dans un appel aux médias, le 10 juillet 2021.
L’exploitation ne serait pas seulement un coup de poignard dans le cœur des peuples qui y vivent, mais surtout une «nouvelle attaque grave contre l’écosystème amazonien, avec des conséquences au-delà des frontières du Brésil», affirme Mgr Kräutler, dans un communiqué relayé par l’agence de presse autrichienne Kathpress.
Les prospecteurs d’or menacent les peuples autochtones
L’ancien évêque d’Altamira, à l’est de l’Amazonie, a mis le doigt sur les conséquences déjà sérieuses de la pandémie parmi les indigènes. «Les prospecteurs d’or ont propagé le coronavirus et d’autres maladies parmi les populations autochtones, ce qui a tué beaucoup de personnes. Ils ont également usé de violence armée pour s’accaparer des ressources aurifères. Dieu merci, les Indiens ne se laissent pas abattre et se sont rendus par centaines dans la capitale fédérale pour exiger le respect de la Constitution», indique l’évêque né en Autriche dans lettre.
Les droits fondamentaux inscrits dans la constitution en 1988
Au cours de l’Assemblée constituante des années 1980, l’Église catholique, avec les représentants des peuples indigènes, avait demandé avec force que les droits fondamentaux de ces derniers soient inscrits dans le texte fondamental. Ils avaient fait pression pour que ces articles soient fondés sur les droits humains universels. Maintenant, l’enjeu n’est plus l’établissement des droits des autochtones, mais leur préservation au Brésil, note Mgr Kräutler.
L’évêque rappelle également l’importance mise par le pape François sur l’Amazonie et les peuples qui y vivent. Une attention marquée notamment dans son encyclique Laudato si’ (2015) et son exhortation apostolique Querida Amazonia (2020).
Plainte prévue au niveau international
S’il y a beaucoup de choses qui ne vont pas au Brésil, note Mgr Kräutler, il se dit certain que la reconnaissance de cette réalité tragique de l’Amazonie sera le prélude au changement. Parce que «les milliers et les milliers de personnes qui descendent dans la rue dans toutes les capitales et les grandes villes, même en Europe, pour demander la destitution de Bolsonaro ne peuvent pas simplement être ignorées». D’après l’évêque, l’organisation faîtière des peuples indigènes APIB (Articulation des peuples indigènes du Brésil) prévoit encore en juillet de porter plainte contre le président Bolsonaro devant la Cour internationale de justice de La Haye pour génocide et écocide.
Bolsonaro menacé?
Face à plus de 500’000 morts du Covid au Brésil et plusieurs scandales le concernant, une majorité de Brésiliens sont à présent en faveur de la destitution de Jair Bolsonaro. Actuellement, le président connaît le taux d’approbation le plus bas depuis son entrée en fonction en janvier 2019.
Selon les sondages, Bolsonaro aurait peu de chances d’être réélu lors des élections d’octobre 2022. Il serait largement devancé par l’ancien président Luiz Inacio Lula. Les inquiétudes montent cependant, au Brésil, suite à des déclarations du président en exercice selon lesquelles les élections pourraient ne pas avoir lieu. Il fait notamment pression pour que le Congrès autorise le vote par bulletins papier, en plus du vote électronique en vigueur depuis 1996. (cath.ch/kap/ag/arch/rz)