Mgr Huonder s'excuse auprès des homosexuels
Coire, 13.08.15 (cath.ch-apic) «Je tiens à présenter mes excuses à toutes les personnes offensées par mon discours, en particulier celles ayant une sensibilité homosexuelle», déclare le 12 août 2015 Mgr Vitus Huonder. L’évêque de Coire explique, dans une lettre pastorale publiée sur le site internet du diocèse, que le passage du Lévitique condamnant l’homosexualité qu’il a cité ne représentait pas son opinion personnelle.
«Il est évident que je ne soutiens pas l’appel de l’Ancien Testament à mettre à mort les personnes ayant une sensibilité homosexuelle», affirme le prélat grison. Il avait cité, fin juillet lors d’un congrès en Allemagne, un passage du Lévitique selon lequel «Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable, ils seront punis de mort: leur sang retombera sur eux» (Lévitique 20:13)». Mgr Huonder explique dans sa lettre du 12 août que la citation choisie ne représente pas son opinion personnelle, mais bien plutôt sa conviction que «dans le cadre d’une réflexion théologique, aucun passage des textes sacrés ne doit être passé sous silence juste parce qu’il pose des difficultés dans le contexte d’aujourd’hui». Le prélat indique que, lors de sa présentation controversée du 31 juillet à Fulda, en Allemagne, il a cité 11 textes de l’Ancien Testament, qu’il a ensuite brièvement expliqués.
Une contribution à la discussion sur le synode
Avec cette citation, il n’a pas voulu dire que ce passage de la Bible constituait «une consigne de comportement pour l’Eglise». Il entendait plutôt démontrer que, dans le Lévitique, on pouvait trouver un rejet drastique des actes homosexuels et que «nous, en tant que chrétiens, devions en être conscients». L’évêque de Coire place son intervention dans le contexte du prochain synode sur la famille, pour lequel on parle de la nécessité d’un «tournant pastoral» concernant l’approche de l’homosexualité.
Mgr Huonder estime ainsi que l’action pastorale de l’Eglise doit «restaurer l’ordre divin». Il importe, selon lui, que les personnes soient, à travers la «charité pastorale», «libérées de leur état naturel déchu, pour les amener à vivre comme des enfants de la lumière». L’évêque juge que «pour arriver à cela, la foi représente pour tous une aide, également pour les personnes ayant une sensibilité homosexuelle». Cette action de l’Eglise doit ainsi être menée avec «compassion et tact», selon le prélat grison. Il explique sa position en se référant au catéchisme de l’Eglise catholique selon lequel, les actes d’homosexualité «ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas» et les personnes homosexuelles sont «appelées à la chasteté». Reprenant l’ouvrage d’instruction à la doctrine catholique, Mgr Huonder précise qu’il faut éviter à l’égard des homosexuels «toute marque de discrimination injuste».
Un texte «mal compris»
Le prélat s’excuse, à la fin de sa lettre pour toutes les personnes qui se sont senties offensées par ses déclarations, en particulier les personnes homosexuelles. «Je peux assurer à ces dernières que l’Eglise ne laisse personne de côté». Il admet avoir fait l’erreur de ne pas avoir imaginé l’effet que pouvait avoir son discours hors de la sphère de réflexion académique et interne à l’Eglise. Il estime également qu’il aurait dû avoir plus présent à l’esprit la situation sociale existant actuellement dans le monde, en particulier les exactions du groupe djihadiste «Etat islamique» (EI) à l’encontre des chrétiens et des opposants, mais également des homosexuels.
Mgr Huonder a rencontré des homosexuels et ressenti «à quel point ils souffrent»
Dans une longue interview publiée le 12 août au soir sur le site internet du quotidien alémanique «Blick», Mgr Huonder admet que l’exposé présenté à Fulda ne s’est pas passé dans les meilleures conditions. «Si c’était à refaire, j’aurais commenté mon allocution de manière exhaustive et j’aurais demandé qu’on me la relise à l’avance», reconnaît-il. Il reproche cependant aux médias de n’avoir que partiellement rapporté ses déclarations. «Les gens n’ont pas interprété mon exposé en tant que tel, mais ce que les médias en ont présenté», souligne-t-il. «Toute personne ayant lu le texte en entier ne peut pas affirmer que j’ai exhorté à la peine de mort [pour les homosexuels]», martèle le prélat grison.
A l’adresse des personnes qui ont porté plainte contre lui, il déclare: «Il y a aujourd’hui en Suisse des gens qui appellent à la tolérance, mais qui veulent abolir la liberté d’opinion et de croyance de ceux qui pensent autrement». Il précise ne pas se sentir isolé au sein de la Conférence des évêques suisses (CES), ni mis à l’écart par les fidèles de son diocèse. Il rejette également les accusations selon lesquelles il serait en porte-à-faux avec le pape François. «Il y a quelques semaines, le pape m’a accueilli pour une longue audience privée en tête à tête, indique l’évêque de Coire. Elle s’est déroulée dans une ambiance très fraternelle.»
Le prélat souligne également dans l’interview avoir déjà rencontré, dans le cadre de son travail pastoral, des personnes homosexuelles. «Après plusieurs discussions, j’ai pu ressentir à quel point ces personnes souffrent», a affirmé l’évêque de Coire. (apic/com/bli/rz)
La lettre en entier (en allemand), sur le site de kath.ch