Mgr Descourtieux chargé des discussions avec les traditionalistes de la FSSPX
Mgr Patrick Descourtieux a été nommé le 30 mars 2019 par le pape François comme chef de bureau à la Congrégation pour la doctrine de la foi. Si le Saint-Siège n’a pas précisé la mission exacte de ce prêtre originaire du diocèse de Paris, il devrait prendre la tête de la section «spéciale» en charge des dossiers de l’ancienne commission pontificale Ecclesia Dei.
Ecclesia Dei était chargée des discussions avec la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX). Mgr Descourtieux travaillait au sein de celle-ci avant sa suppression par un motu proprio du pape François le 19 janvier 2019.
«Constatant que son but doctrinal, pourtant essentiel, n’était pas atteint, François a décidé de transférer les compétences de la Commission à un bureau spécial de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Le personnel est resté le même, à l’exception de son secrétaire, Mgr Guido Pozzo, nommé surintendant à l’économie de la Chapelle musicale pontificale», note le service de presse de la FSSPX.
Le 17 janvier 2019, le pape François a supprimé la Commission pontificale Ecclesia Dei que le pape Jean Paul II avait créée en 1988 et que Benoît XVI avait rattachée à la Congrégation pour la doctrine de la foi en 2009 afin de faciliter le dialogue avec la FSSPX.
Une oreille attentive aux vœux des traditionalistes
Mgr Patrick Descourtieux, âgé de 61 ans, est un prêtre français détaché de l’archidiocèse de Paris et mis à la disposition de la Congrégation pour la doctrine de la foi depuis 2010. Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, agrégé des lettres et docteur en théologie, Mgr Descourtieux a été ordonné prêtre en 1986.
Vicaire à la paroisse Saint-Séverin de Paris, il a été envoyé à Rome en 1989 comme membre de la section francophone de la Secrétairerie d’Etat. En 1999, il est devenu recteur de la Trinité-des-Monts, l’une des cinq églises nationales françaises dans la Ville éternelle, tout en enseignant à l’Institut patristique Augustinianum à partir de 2002.
A la suite de la fermeture de la maison des religieuses de la Trinité-des-Monts, il rentre à Paris, où il est nommé prêtre résident à la paroisse Sainte-Clotilde, puis chapelain à Notre-Dame depuis 2008. Spécialiste de patrologie, il enseignait dans le même temps à la Faculté Notre-Dame de l’Ecole Cathédrale.
Depuis 2010, il travaille au sein de la Commission pontificale Ecclesia Dei comme official, tout en poursuivant son enseignement patristique. «Il est à souhaiter que Mgr Descourtieux œuvre efficacement à la protection des intérêts de la Tradition, qui ne se borne pas à une pratique liturgique et spirituelle, mais aussi et essentiellement à la défense et à la transmission de la foi catholique», écrit encore la FSSPX. Les milieux traditionalistes rappellent que Mgr Descourtieux connaît bien la liturgie traditionnelle et qu’il a été attentif aux fidèles souhaitant célébrer selon le rite tridentin. A Paris, il a fait partie des prêtres diocésains délégués pour la célébration selon cette forme.
Le schisme de Mgr Lefebvre
La commission Ecclesia Dei a été créée en 1988 à la suite du schisme de Mgr Lefebvre comme voie de ralliement pour les traditionalistes qui souhaitaient rester fidèles à Rome. Cette instance s’est également occupée pendant trente ans du dialogue avec la FSSPX. Le motu proprio par lequel le pape François a supprimé la Commission pontificale Ecclesia Dei en attribuant ses compétences à une section spécifique de la Congrégation pour la doctrine de la foi revêt une double signification, note Andrea Tornielli, directeur éditorial du Dicastère pour la communication du Vatican.
En premier lieu, le pape rappelle que le caractère exceptionnel qui avait conduit Jean Paul II à l’instituer en 1988, après la rupture avec l’archevêque Marcel Lefebvre et les ordinations épiscopales survenues sans mandat pontifical, s’est atténué. La Commission devait favoriser la récupération de la pleine communion ecclésiale avec les prêtres, les séminaristes, les religieux et les religieuses liées au rite romain préconciliaire, en leur permettant de maintenir leurs propres traditions spirituelles et liturgiques.
L’urgence n’existe plus
Cette urgence n’existe plus, grâce notamment à la décision de Benoît XVI de libéraliser l’usage du Missel Romain de 1962 promulgué par Jean XXIII avant le début du Concile. Pour cette raison, le pape rappelle que «les instituts et les communautés religieuses qui célèbrent habituellement dans la forme extraordinaire ont trouvé aujourd’hui une vraie stabilité de nombre et de vie». Leur existence est donc consolidée, et toutes les fonctions sont transférées à la nouvelle section qui, entre autres, s’appuiera sur le personnel jusqu’à présent en service au sein de la Commission.
La seconde signification de la décision est liée aux compétences spécifiques du Dicastère doctrinal. La décision du pape François s’inscrit dans un parcours déjà initié par le pape Benoît XVI, qui en 2009 avait voulu que le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi préside la Commission Ecclesia Dei. Le nouveau passage d’aujourd’hui est motivé par le fait que les finalités et les questions traitées par la Commission «sont d’ordre essentiellement doctrinal».
Il reste le thème doctrinal
Avec la levée des excommunications des évêques ordonnés de façon illégitime en 1988, le libre usage du Missel Romain de 1962 et les facultés concédées aux prêtres de la Fraternité par le pape François, «le thème doctrinal reste l’unique, mais aussi le plus important, à être ouvert. Surtout maintenant que la Fraternité a changé de guides», note Andrea Tornielli. Les nouveaux responsables ont en effet annoncé vouloir demander une autre discussion avec le Saint-Siège sur les textes du Concile Œcuménique Vatican II. «Un thème délicat qui sera abordé par le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Luis Ladaria». (cath.ch/imedia/vaticannews/fsspx/be)