Mgr Bätzing: un moratoire «n’est pas une option»
Un moratoire sur le chemin synodal allemand – proposé la veille lors de la rencontre avec la Curie – «n’est pas une option», a affirmé Mgr Georg Bätzing, président de la Conférence des évêques d’Allemagne, lors d’une conférence de presse organisée à l’Augustinianum le 19 novembre 2022.
L’évêque de Limbourg a assuré que si la conférence épiscopale allemande a entendu les «réserves» de la Curie romaine, elle «veut et doit apporter des réponses aux questions posées par les fidèles».
Pendant un quart d’heure – suivi d’un temps de questions-réponses avec la presse – le représentant de l’épiscopat allemand a fait le bilan de «l’éprouvante visite ad limina” des évêques allemands qui s’est tenue à Rome du 14 au 18 novembre.
Cette séquence était attendue en raison des tensions entre Rome et l’Allemagne concernant les propositions réformistes du chemin synodal allemand. Celles-ci portent notamment sur la morale sexuelle et l’homosexualité, les ministères des femmes et le sacerdoce des prêtres.
En réponse, la Curie avait publié une mise en garde officielle pendant l’été tandis que le pape François avait émis des réserves claires lors d’une conférence de presse au retour de Bahreïn.
«Le dialogue peut réussir de cette manière»
Lors de la conférence, Mgr Bätzing a assuré que l’entretien de deux heures que le pontife avait accordé aux 62 évêques allemands, le 17 novembre, les avait «encouragés». Le pape, a-t-il expliqué, a écouté les différentes positions des évêques allemands puis les a enjoints au courage et à la patience pour résoudre leurs tensions.
L’évêque n’a pas minoré la confrontation avec la Curie lors des rencontres dans les dicastères ou lors de la réunion inter-dicastérielle inhabituelle organisée la veille, affirmant avoir échangé «de manière dure sur le fond et ferme sur le ton». Se félicitant des progrès de la culture synodale qu’il a constaté au sein de la Curie, plus à l’écoute selon lui, il s’est dit assuré «que le dialogue peut réussir de cette manière».
Concernant la non-participation du pape à la réunion inter-dicastérielle, il a expliqué l’avoir apprise pendant la réunion et en avoir d’abord été «irrité». Mais il a confié avoir ensuite compris son absence: «Le pape est un jésuite intelligent ; cette fois, il nous a laissé nous battre comme des frères».
Pas de volonté d’interdire les bénédictions de couples homosexuels
«Je suis reconnaissant que les réserves qui existent à Rome aient été ouvertement exprimées», a affirmé l’évêque de Limbourg à propos de la réunion de la veille, se réjouissant aussi «que les soucis et opinions de nos évêques – sur l’ensemble des sujets – aient été entendus». Il a expliqué que la préparation de la déclaration commune publiée la veille avait en revanche posé des difficultés.
«Nous ne sommes pas d’accord sur des questions théologiques importantes, notamment en ce qui concerne la voie synodale», a reconnu l’évêque allemand. Il a une nouvelle fois défendu le processus et écarté la proposition de moratoire qui avait émergé. «L’Église en Allemagne ne suit pas son propre chemin», a-t-il insisté.
Mgr Bätzing a ensuite été interrogé sur ses positions concernant les bénédictions des couples homosexuels. «Je ne retirerai pas» la possibilité de bénir les couples de même sexe qui «croient et demandent la bénédiction de Dieu», a-t-il insisté. Du côté du Saint-Siège, a-t-il enfin confié, la question de l’ordination des femmes est considérée comme «close».
Le pape ne veut pas décider du sort du cardinal Woelki sous pression
Le président de la Conférence des évêques d’Allemagne a expliqué qu’ils avaient tenté d’obtenir une réponse du pape concernant le cas du cardinal Rainer-Maria Woelki à Cologne. Sans succès, puisque le pape leur a fait comprendre qu’il refusait de décider sous pression. L’archevêque de Cologne, qui a remis sa démission au pape François au printemps dernier, est au cœur de très fortes dissensions entre certains membres de son diocèse concernant sa gouvernance et sa communication, sur fond de crise des abus.
Mgr Bätzing a enfin confié être partagé entre «soulagement et inquiétude» à l’issue de cette séquence. Il a annoncé qu’il irait rendre compte des résultats obtenus au chemin synodal allemand dès la semaine prochaine. (cath.ch/imedia/ak/cd/gr)