Mgr Barros: le cardinal O’Malley se démarque du pape François
Le cardinal Sean O’Malley, archevêque de Boston, s’est démarqué le 20 janvier 2018 des propos du pape François concernant la polémique sur l’évêque chilien Juan Barros, accusé d’avoir couvert des abus sexuels commis par un prêtre.
Le cardinal réagit, dans son communiqué publié sur le site de l’archidiocèse de Boston, à des propos du pontife prononcés devant la presse locale lors de son arrivée le 18 janvier à Iquique (Chili). Le pape répondait à une question concernant Mgr Juan Barros, à qui il est reproché de n’avoir pas dénoncé les abus sexuels commis par un prêtre de son diocèse.
Une source de grande peine pour les victimes?
«Les mots utilisés dans la phrase du pape ›Si vous ne pouvez pas prouver vos plaintes, alors vous ne serez pas crus’ reviennent à abandonner ceux qui ont souffert de crimes répréhensibles, de violations de leur dignité personnelle», affirme l’archevêque de Boston. «Il est compréhensible, écrit encore le cardinal, que les propos du pape François à Santiago du Chili ont été une source de grande peine pour les victimes d’abus sexuels par le clergé». Le pape François a-t-il observé dans le même temps, «reconnaît pleinement les énormes échecs de l’Eglise et de son clergé qui a abusé des enfants, et l’impact dévastateur que ces crimes ont eu sur les victimes, qu’il aime particulièrement».
Pas de preuve contre Mgr Barros
«N’ayant pas été personnellement impliqué dans les situations qui ont été l’objet de l’interview du pape, déclare le cardinal O’Malley dans son communiqué, je ne peux expliquer pourquoi le Saint-Père a choisi les mots qu’il a employés dans sa réponse». Le haut prélat craint toutefois que ces mots aient pu reléguer les victimes à «l’exil du discrédit».
Agé de 61 ans, Mgr Barros Madrid avait été nommé à la tête du diocèse d’Osorno, dans le sud du Chili, en 2015 par le pape François. Cette nomination est depuis contestée par certains, du fait de la proximité du prélat avec le Père Fernando Karadima. Reconnu coupable d’abus sexuels sur mineurs, ce prêtre très charismatique avait été condamné en 2011 par le Vatican à une vie de prière et de pénitence.
Le pape confirme ainsi sa position exprimée dans une vidéo en octobre 2015 et adressée aux Chiliens. La même année, une enquête de la Congrégation des évêques avait rejeté les accusations contre l’évêque.
Le «mal irréparable» des abus
Le pape François avait rencontré le 16 janvier à Santiago (Chili) des victimes d’abus sexuels commis par des prêtres. Le même jour, devant les autorités du pays le pape avait qualifié les abus sexuels commis par des membres du clergé au Chili de «mal irréparable» et dit «sa douleur et sa honte».
Proche du pape, le cardinal O’Malley est aussi membre de la Commission pontificale pour la tutelle des mineurs et membre du Conseil des cardinaux (C9). (cath.ch/imedia/ah/rz)