Canada: Faute d’argent pour la rénover, la cathédrale de Moncton pourrait être démolie

Mgr André Richard s’inquiète du sort de cet important monument des Acadiens

Moncton, 5 juillet 2011 (Apic) L’avenir de la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, à Moncton, dans le Nouveau-Brunswick – qui porte le souvenir de la déportation des Acadiens francophones et catholiques par l’Angleterre au 18e siècle (*) – inquiète Mgr André Richard, archevêque de Moncton. Tout en se retroussant les manches à la recherche de financements pour sauver ce haut lieu catholique de la culture acadienne, l’archevêque de cette ville du sud-est du Canada relève que le spectre de la démolition demeure présent.

Mgr Richard rappelle dans une lettre aux fidèles de ce diocèse bilingue que la cathédrale est en mauvais état. Il faut plus de six millions de francs suisses (7 millions de dollars canadiens) pour financer les réparations, ce que l’Eglise locale n’a pas.

Un autre usage pour ce lieu de culte ?

Cette cathédrale est «importante comme lieu de culte, comme signe de l’unité de notre Eglise et comme symbole de l’éveil du peuple acadien», relève-t-il sur le site internet de l’archidiocèse de Moncton (www.diomoncton.ca). Il concède cependant qu’il sera peut-être nécessaire d’envisager un usage autre que le culte pour cet édifice.

La construction de la cathédrale de Moncton a débuté en 1939 pour s’achever en 1955, année de la commémoration des 200 ans de la Déportation des Acadiens. Le pape Jean Paul II a visité cette cathédrale le 13 septembre 1984. A cette occasion, il avait évoqué le sens et l’importance de ce lieu pour l’Eglise locale.

Des travaux importants sont nécessaires pour conserver cet édifice. «Au cours des dix ou quinze années à venir, si nous voulons la maintenir, il faudra dépenser plus de sept millions de dollars. Ni le diocèse ni la paroisse n’ont ces moyens, à l’heure actuelle», précise-t-il. «Une étude de faisabilité pour une campagne de financement, réalisée à travers le diocèse, a révélé que nous ne pouvons pas recueillir cette somme».

Une démolition n’est pas complètement exclue

La cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption a été érigée par les Acadiens en reconnaissance envers la Vierge Marie. Les plans furent élaborés par l’architecte Louis-Napoléon Audet, de Sherbrooke (Québec). La construction débuta en 1939 et fut complétée en 1955 à temps pour les célébrations du deuxième centenaire de la Grande Déportation des Acadiens.

Située au cœur de la zone de peuplement acadien, Moncton héberge une active population francophone (40 %). L’archidiocèse catholique de Moncton entamera en septembre prochain, une série de consultations auprès des fidèles diocésains afin de connaître leur opinion au sujet de l’avenir de la cathédrale. Ces consultations font suite au travail d’un comité spécial effectué entre septembre 2010 et mars 2011 qui a exploré les sources possibles de financement auprès d’organismes gouvernementaux et communautaires. «Nous essayons de faire reconnaître la cathédrale comme site historique. Une telle reconnaissance pourrait aider à lui assurer un autre usage que celui du culte», a souligné l’archevêque de Moncton, qui n’écarte pas complètement, pas, faute de solutions, la possibilité d’une démolition de cet édifice patrimonial cher aux Acadiens.

(*) Les Acadiens sont en majorité francophones et catholiques. Ils sont descendants des premiers colons européens établis en Acadie à l’époque de la Nouvelle-France. Durant le Grand Dérangement de 1755, les Acadiens furent déracinés par les Britanniques, la plupart s’établissant en Louisiane. (apic/rvm/be)

5 juillet 2011 | 12:38
par webmaster@kath.ch
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