Malgré la forte opposition de l’Eglise

Mexique: L’avortement légalisé à Mexico

Mexico, 25 avril 2007 (Apic) L’avortement a été légalisé mardi dans la ville de Mexico malgré la forte opposition des milieux catholiques qui demandaient un référendum sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG). En Amérique latine, l’avortement hors circonstances exceptionnelles (viol, danger pour la santé de la mère, etc.) n’est légal que dans un seul pays, Cuba.

La réforme du code pénal permettra aux femmes qui le désirent d’avorter au cours des 12 premières semaines de gestation.

L’avortement en cas de danger pour la santé de la mère, de viol ou de malformation du foetus -législation en vigueur avant la réforme- restera possible au delà des 12 premières semaines. Le texte de loi adopté mardi ne concerne que la capitale mexicaine.

Dans une lettre datée du 18 avril 2007 et rendue publique ces jours par le président de la Conférence épiscopale mexicaine (CEM), Mgr Carlos Aguiar Retes, le pape a fait part de sa préoccupation et rappelé l’importance de protéger et de défendre le droit à la vie.

Selon les promoteurs du texte, une Mexicaine sur cinq a déjà avorté au moins une fois dans sa vie et 100’000 avortements illégaux sont pratiqués chaque année, selon une étude du Conseil national de la population. Des ONG avancent le chiffre de 500’000 avortements par an dans des conditions d’hygiène souvent déplorables. La campagne anti-avortement a été nerveuse, dans un pays où les catholiques représentent 93% de la population. Le Collège de bioéthique du Mexique s’est pour sa part prononcé en faveur de l’avortement estimant que son interdiction est une atteinte aux droits de la femme. En novembre, la légalisation de l’Union homosexuelle à Mexico avait déjà soulevé l’indignation de l’Eglise et de la droite catholique, avant d’être adoptée à une large majorité.

Lundi, Mgr Angelo Amato, secrétaire de la congrégation pour la doctrine de la foi, a comparé l’avortement, le mariage homosexuel ou encore l’euthanasie à un «terrorisme à visage humain tout aussi répugnant» masqué par «des expressions qui cachent la réalité tragique des faits». «Par exemple, précisait alors le prélat, l’avortement est appelé ’interruption volontaire de grossesse’» et non meurtre d’un être humain sans défense».

Profondes inégalités

Ce qui n’a pas empêché mardi, 46 des 66 députés de l’Assemblée législative de Mexico de voter en faveur du texte appuyé par le Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche) et l’ancien parti hégémonique, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), pendant qu’une centaine de manifestants protestaient ou apportaient leur soutien à la mesure aux abords de l’hémicycle.

L’accès à l’avortement reflète les profondes inégalités sociales qui divisent les Mexicains. Il peut clandestinement être pratiqué dans une clinique moderne moyennant plus de 10’000 pesos (750 euros) ou dans des conditions d’hygiène déplorables pour les plus pauvres. Une Mexicaine sur cinq a avorté au moins une fois dans sa vie et 100’000 avortements illégaux sont pratiqués chaque année dans le pays, selon une étude du Conseil national de la population.

Le Parti d’action nationale (PAN, droite catholique) du président Felipe Calderon a voté contre le texte de loi. Dimanche, l’épouse du président mexicain avait participé à une manifestation contre l’avortement. (apic/ag/arch/pr)

25 avril 2007 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!