Fribourg : Communion populaire lors de la célébration de la 'Poya' d'Estavannens

Messe télévisée en eurovision avec Mgr Charles Morerod

Estavannens, 12 mai 2013 (Apic) « N’importe quel temps qu’il fasse, il est bon pour quelqu’un ». Le proverbe ne pouvait pas mieux s’appliquer pour la célébration de la Poya d’Estavannens le 12 mai 2013. Cet hommage au travail de la terre et de la montagne est un rituel qui valait bien une messe, télévisée en eurovision pour la circonstance. Et la présence de l’évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg Mgr Charles Morerod qui a expliqué avoir compris pourquoi la Gruyère est aussi verte.

Le pré de la chapelle du Dah, construite au dessus du village pour le protéger des avalanches, a servi de cadre de verdure à la célébration de la messe des armaillis. Sous la forêt des parapluies les participants ont suivi la cérémonie animée par le choeur des armaillis de la Gruyère. Dans son homélie en patois, le Père Dominique Fragnière a magnifié la tradition de l’alpage et des coutumes ancestrales. Il faut dire que la « Poya » est à la Gruyère ce que la « Fête de vignerons » est au canton de Vaud. Une célébration du terroir et des racines qui sommeillent dans les cœurs des Fribourgeois. Pour fêter le jour du Seigneur l’assemblée réunissait tous les âges. Beaucoup de personnes avaient revêtu le costume traditionnel des armaillis ‘bredzon’ pour les garçons, ‘dzaquillon’ pour les filles. Offrande des produits de la terre : le pain et le fromage de gruyère porté au dessus de la tête sur l”oji’. Communion avec la nature malgré les caprices du ballet des nuages au-dessus de l’Intyamon. Image de piété populaire autour de la petite chapelle de Notre-Dame, au jour même du départ du pèlerinage de Lourdes comme l’a relevé Mgr Morerod.

Outre les Romands, les téléspectateurs tessinois, mais aussi belges, hollandais et irlandais ont pu vivre cette plongée dans une suisse profonde. Dans le paradoxe plus ou moins assumé entre la réalité alpestre et sa représentation collective selon les termes de l”historien-préfet Patrice Borcard.

Une vie pastorale proche du sacerdoce

La Poya est le rassemblement de toute une région, la célébration d’une histoire commune, comme le rappelle Patrice Borcard. « Mais cette fête se chargera de sens si elle permet d’éclairer les défis de cette vie pastorale qui est aujourd’hui plus proche du sacerdoce que de l’activité économique. La Poya est la reconnaissance d’une région pour le travail difficile d’une branche qui œuvre au carrefour de l’agriculture et du tourisme, de la conservation des paysages et du maintien de la biodiversité. » Outre l’autorité religieuse, l’autorité politique l’avait aussi compris puisque le Conseil d’Etat -quasi in corpore- avait fait le déplacement pour assister à la messe et à la fête.

La poya

Poya vient du podium latin qui signifie endroit surélevé, colline. En franco-provençal le terme prend le sens de montée ou de pente. Dans les Préalpes, poya renvoie depuis le Xve siècle au départ des troupeaux pour l’alpage vers la mi-mai. La poya est une pratique encore bien réelle puisque 10’000 vaches laitières, 26’000 génisses et 7’000 ovins et caprins montent chaque année passer une centaine de jours sur les prés d’altitude, comme le précise le livret de la fête. 35 chalets fabriquent encore le Gruyère ou le Vacherin.

Le mot poya désigne aussi la représentation picturale des montées à l’alpage accrochées au linteau des fermes. Cet art populaire remonte au milieu du XIXe siècle. Enfin la poya c’est aussi le chant traditionnel connu de tous les Fribourgeois et que l’on chante notamment lors de la Fête des vignerons.

(apic/mp)

Des photos de ce reportages sont disponibles à l’apic au prix de 80.– francs la première, 60.– les suivantes.

12 mai 2013 | 18:59
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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