Messe de la Pentecôte: «l’Esprit vient guérir du repli nostalgique»
A la messe de la Pentecôte, célébrée le 5 juin 2022 à la basilique Saint-Pierre, le pape François a expliqué que «Dieu ne veut pas faire de nous des encyclopédies ou des savants» mais faire que nous voyions tout «d’une manière nouvelle, selon le regard de Jésus».
Une nouvelle fois, l’évêque de Rome a délégué la présidence de la messe au cardinal Giovanni Battista Re, Doyen du Sacré-Collège, mais il a prononcé l’homélie en restant assis dans son fauteuil roulant, conduit sur une petite estrade aménagée devant l’autel.
«Nous sommes habitués à penser que l’amour découle essentiellement de notre observance, de nos compétences et de notre religiosité», a reconnu le pape. Mais il a invité à nourrir avant tout la «mémoire spirituelle» de la présence de Dieu «dans le pardon des péchés, lorsque nous avons été remplis de sa paix, de sa liberté, de sa consolation».
L’Esprit Saint «guérit les souvenirs»
Face aux erreurs et aux sentiments de culpabilité qui peuvent tourmenter tout chrétien, l’Esprit Saint «guérit les souvenirs». «Il a fait de même avec les Apôtres et avec leurs échecs. Ils avaient abandonné Jésus avant la Passion, Pierre l’avait renié, Paul avait persécuté les chrétiens: que d’erreurs, que de sentiments de culpabilité!», a remarqué le pape François. «Seuls, il n’y avait pas d’issue. Seuls, non; avec le Consolateur, oui», a-t-il remarqué, en expliquant que l’Esprit Saint «nous apprend à nous accueillir, à nous pardonner – et à nous pardonner nous-mêmes, ce qui n’est pas si facile –, à nous réconcilier avec le passé».
L’Esprit Saint indique «les chemins à emprunter». «Il te corrige, il t’amène aussi à pleurer tes péchés», alors que le «mauvais esprit» conduit à un mauvais usage de la liberté, qui conduit finalement à un «vide intérieur». «Quand tu vois l’amertume, le pessimisme et les pensées tristes s’agiter en toi, il est bon de savoir que cela ne vient jamais de l’Esprit Saint». L’esprit du mal nous rend «nerveux, méfiants et geignards», il alimente «l’intolérance et la victimisation», a expliqué le pape.
Se réjouir des succès des autres sans les envier
Une vie inspirée par l’Esprit Saint doit amener à «s’impliquer en premier, sans attendre que quelqu’un d’autre commence» et «à ne jamais envier les autres, mais à se réjouir de leurs succès». «C’est par l’envie que le diable est entré dans le monde. Il ne faut jamais envier les autres!», a martelé le pape, en sortant de son texte.
L’Esprit Saint pousse à agir «ici et maintenant», sans repli nostalgique, contrairement à l’esprit du mal qui veut «nous emmener ailleurs: il nous accroche souvent au passé: les regrets, la nostalgie, ce que la vie ne nous a pas donné». Cette dynamique n’est pas celle de «l’esprit mondain», qui «nous presse à nous concentrer uniquement sur nos problèmes et nos intérêts, sur la nécessité de paraître pertinents, sur la défense acharnée de nos appartenances nationales et de groupe».
Le «vacarme» de l’Esprit Saint refonde «l’harmonie»
La venue de l’Esprit Saint peut s’accompagner d’un certain «vacarme» ou d’un désordre apparent, comme ce fut le cas le matin de la Pentecôte, a expliqué le pape François, mais il a souligné que c’est ce même Esprit Saint qui fonde et refonde «l’harmonie». Ainsi, il «nous rappelle de toujours partir du regard de Dieu sur nous», a insisté le pape.
«À chaque époque, l’Esprit renverse nos schémas et nous ouvre à sa nouveauté; il enseigne toujours à l’Église la nécessité vitale de sortir, la nécessité physiologique d’annoncer, de ne pas rester fermée sur elle-même», a insisté le pape, inscrivant implicitement cette homélie dans la dynamique synodale qui est engagée dans tous les diocèses du monde et qui culminera avec une assemblée d’évêques venus du monde entier au Vatican à l’automne 2023. (cath.ch/imedia/cv/gr)