Beat Hug, chef de projet de l'association "600 ans de Nicolas de Flüe" (© Sibylle Kathriner)
Suisse

«Le message de Nicolas de Flüe va au-delà de son jubilé»

Les célébrations du 600ème anniversaire de saint Nicolas de Flüe sont officiellement terminées. L’association de parrainage «Retour au Ranft» (Mehr Ranft) a organisé onze projets de base et coordonné plus de 200 projets participatifs. Le chef de projet Beat Hug en tire un bilan positif:»Le message de Nicolas de Flüe a touché de nombreuses personnes de manières très diverses, sans surcharger le lieu central du Ranft».

L’association de soutien voulait porter au monde le message de Frère Nicolas. Cela a-t-il réussi?
Beat Hug: Oui, nous avons réussi. Le leitmotiv «Mehr Ranft» a joué pour nous dès le début son rôle de boussole. C’est un résumé du message de Nicolas de Flüe: un appel à la solidarité, à la tolérance, à la responsabilité personnelle et à la simplicité. Bien sûr, il est important d’aller sur les lieux où le saint a vécu, dans les gorges du Ranft, mais le leitmotiv a su se répandre bien au-delà.

«Nous nous sommes délibérément abstenus d’organiser des événements majeurs»

Franz Enderli, président de l’association «600 ans de Nicolas de Flüe» a appelé à plus de modestie, plus de simplicité, plus de silence et de concentration sur l’essentiel. Cela n’entre-t-il pas en contradiction avec les 11 projets de base et les 200 projets participatifs?
Non. Les projets de base étaient modestes dans leur attitude. Nous nous sommes délibérément abstenus de réaliser de grands événements et des projets de masse. Nous avons opté pour de nombreux événements plus modestes, qui se sont déroulés au niveau local tout au long de l’année. Bien sûr, nous marchions sur la corde raide. Néanmoins, je crois que les principes de sérénité et de focalisation sur l’essentiel ont été respectés.

«Nous ne voulions pas surcharger le lieu central du Ranft»

Nous avons porté l’attention du public sur les lieux de vie et de travail de Frère Nicolas, au Flüeli-Ranft, mais aussi à Sachseln (OW). Nous avons essayé d’atteindre au mieux les personnes, tout en nous efforçant de ne pas surcharger le site du Ranft, pour le préserver en tant que lieu de repos et de ressourcement. C’est ce que, à notre avis, Nicolas de Flüe aurait fait.

Vous avez opté pour une diversité de lieux de manifestations, afin d’épargner le Ranft. L’impression reste néanmoins d’une grande abondance d’événements…
Sur le plan quantitatif, c’est vrai, mais nous nous sommes toujours adressé à des catégories de personnes différentes, à travers une approche décentralisée: il y a eu des célébrations religieuses ou artistiques. Les manifestations ont eu un caractère ciblé.

(Photo:Andrea Moresino)

Etes-vous parvenus à toucher des personnes qui ne connaissaient pas Nicolas de Flüe?
Nous avons touché des catégories de personnes totalement nouvelles. Notamment à travers le projet «Les jeunes racontent Nicolas de Flüe», dans lequel nous avons visité plus de 100 classes d’école. Les élèves ont fait la connaissance d’une figure historique parfois méconnue. Avec «L’expérience mobile Nicolas de Flüe», nous avons également atteint des personnes qui ne savaient absolument rien de l’ermite du Ranft. Le fait que notre livre commémoratif ait déjà été publié dans sa troisième édition montre en outre qu’il est largement diffusé.

«Beaucoup ont vécu un rapprochement historique entre Eglises»

Y a-t-il eu des réactions particulières à l’égard de projets individuels?
Il y a eu des réactions très positives, par exemple, lors de la Journée œcuménique nationale de commémoration à Zoug, le 1er avril, où de nombreuses personnes ont assisté au rapprochement historique des Eglises catholique et protestantes. La reconnaissance mutuelle de culpabilité était très touchante et inattendue.

Le Ranft a été le lieu de vie et d’action de Nicolas de Flüe (Photo: Michael Beat/Flickr/CC BY 2.0)

Le discours de l’écrivain Peter von Matt, lors de la cérémonie officielle du 30 avril, a également suscité de nombreuses réactions positives venant de toute la Suisse.

Y a-t-il aussi eu des réactions négatives?
Tout le monde n’a pas aimé la démarche du timbre spécial. L’artiste a choisi une forme de représentation moderne qui ne correspond pas à tous les goûts. Certains ont considéré que Frère Nicolas aurait dû être représenté de la même manière que sur les portraits peints de son vivant.

Dorothee von Flüe a constitué la découverte de l’année commémorative, selon la conférence de presse donnée le 15 novembre. A-t-il réellement fallu le jubilé pour la découvrir?
Je pense que sa découverte n’était possible que dans notre temps. Il n’y a encore pas si longtemps, les femmes avaient un rôle très différent dans l’histoire et dans la société. Pour l’association de soutien, il était clair que sa commémoration devait être réalisée différemment qu’il y a 100 ans. Nous voulions souligner que sans Dorothée Wyss, il n’y aurait pas eu de Nicolas de Flüe. Malheureusement, il se trouve que l’on ne sait pas grand-chose d’elle. Le livre anniversaire constitue ainsi le plus grand recueil existant de textes sur Dorothée.

Le premier portrait peint de Nicolas de Flüe interpelle les écoliers de Martigny (Maurice Page)

L’année jubilaire est terminée – que reste-t-il maintenant?
Beaucoup de gens ont pu connaître de nouvelles facettes de Nicolas de Flüe. Cela a aussi été possible parce que nous ne l’avons pas réduit à ses 20 dernières années de vie en tant que «Frère Nicolas» ou à son statut de saint patron de la Suisse, selon l’Eglise catholique. Nous l’avons présenté au contraire comme une personnalité non rattachée à une confession particulière. Cela restera, ainsi que les réseaux qui se sont créés à l’occasion des célébrations, par exemple entre artistes. Les valeurs qu’il incarne sont en outre intemporelles et leur portée va au-delà de l’année commémorative. (cath.ch/kath/sys/rz)

 

Beat Hug, chef de projet de l'association «600 ans de Nicolas de Flüe» (© Sibylle Kathriner)
17 novembre 2017 | 14:34
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 4  min.
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