Medea Sarbach, représentante des catholiques suisses au pré-synode de Rome, du 19 au 24 mars 2018. | © B. Hallet
Suisse

Medea Sarbach: «Le pré-synode, un bon signe de l’Eglise au monde»

La Bâloise Medea Sarbach, 23 ans, représentera la Suisse à la réunion pré-synodale sur la jeunesse, la foi et le discernement vocationnel qui se tiendra à Rome du 19 au 25 mars 2018. Ce rendez-vous international est l’occasion pour l’Eglise d’envoyer «un bon signe au monde», en se mettant à l’écoute des jeunes, croyants et non croyants.

«Je me réjouis que l’Eglise cherche à comprendre la jeunesse et pas seulement les jeunes catholiques. Cette réunion est un bon signe donné au monde», indique Medea Sarbach. La jeune femme va représenter les jeunes Suisses à la réunion pré-synodale des jeunes, fin mars. Elle se réjouit également que le pape ait convié des jeunes athées et des agnostiques à participer au grand rassemblement romain.

La démarche de cette Eglise qui écoute et qui accompagne est pour elle primordiale. «Il est important, pour bien discerner en vue du synode d’octobre, que le pape veuille aussi entendre des jeunes situés au-delà de l’Eglise». Le monde change, l’Eglise doit surtout donner de l’espérance au monde.

Engagée en Eglise

Représenter la Suisse à Rome ne l’impressionne pas. Originaire de Bâle-Campagne, elle raconte volontiers la joie qu’elle a éprouvée lorsque la Conférence des évêques suisses (CES) lui a confirmé qu’elle porterait les couleurs de l’Eglise catholique suisse à Rome. «Je n’ai aucune pression», affirme-t-elle tranquillement. La perspective de se retrouver avec 315 jeunes du monde entier l’enchante. Elle va pouvoir discuter avec ceux qui ne partagent pas sa foi et cela ne la gêne pas. Au contraire, elle est persuadée que ce regard extérieur va aider l’Eglise à discerner et à croître.

Medea sera d’ailleurs accompagnée de deux autres jeunes Suisses à l’image de notre pays: le Lucernois Sandro Bucher, 25 ans, développeur de communauté et responsable des réseaux sociaux pour un magazine scientifique. Il est athée et membre de l’IBKA, une ligue internationale d’agnostiques et d’athées. Le trio est complété par Jonas Feldmann, étudiant en médecine à Zurich. Il a participé à plusieurs JMJ, mais a pris ses distances avec l’Eglise. Chrétien-critique, il a cessé de pratiquer. Les deux représenteront les jeunes critiques de langue allemande.

Cette réunion internationale n’est pas une première pour Medea. A 23 ans, cette étudiante en 3e année de théologie à l’Université de Fribourg a déjà participé aux Journée mondiales de la jeunesse (JMJ) de Rio et de Cracovie. Elle s’est également rendue à plusieurs JMJ suisses. Elle est membre du comité des JMJ nationales qui se tiendront du 27 au 29 avril à Fribourg. Elle exprime, au-delà de la rencontre, la joie de se retrouver avec d’autres croyants, d’expérimenter l’église universelle qui est beaucoup plus grande que la paroisse qu’on connaît.

«L’Eglise doit donner l’espérance au monde»

La réunion de Rome revêt aussi une dimension spirituelle forte pour la Suissesse. L’Esprit-Saint, affirme-t-elle, «sera partie prenante de ce rendez-vous international. Il nous aidera à discerner». Elle parle naturellement de sa foi. «Je n’ai pas à me cacher, assume-t-elle, ne serait-ce que pour les chrétiens persécutés dans le monde, qui ne peuvent même pas entrer dans une église pour prier».

La jeune femme évoque volontiers son questionnement sur le sens de la vie, la souffrance, la mort. Elle dit avoir trouvé les réponses dans la personne de Jésus lorsqu’elle a participé dans un camp d’enfant chrétien. Comment trouver du sens à l’existence sans Dieu? «Sans Dieu, on vit, on meurt et c’est fini».

Douter pour progresser dans la foi

Medea a grandi dans une famille pratiquante où on parlait librement de foi à table. Elle a passé une enfance au Jubla (jeunesses catholiques), à servir la messe elle a été animatrice pour la jeunesse, et a fait un volontariat avec « voyage-partage ». La foi se conjugue avec l’action. Elle est croyante et pratiquante non par mimétisme mais par choix. »Mes parents ne m’ont rien imposé».

Elle n’a pourtant pas avancé aveuglément sur son chemin spirituel. Avec le sens critique que lui ont inculqué ses parents, elle a su douter. Sans tout rejeter, elle s’est questionnée sur sa foi. «Le doute est important dans la vie d’un chrétien pour progresser. Sans cela, on reste dans la foi de l’enfance. Douter m’a permis de mieux comprendre ce qu’a dit et fait Jésus». Elle a acquis la conviction que Dieu l’aime et qu’il a donné son fils pour elle.

«Sans Dieu, on vit, on meurt et c’est fini».

Le regard clair, la voix posée, la jeune femme sourit de temps à autre, sans plus. Elle paraît sérieuse mais pas triste. On devine sa joie de participer à la réunion pré-synodale. De langue maternelle suisse allemande, elle fait un effort pour parler un bon français. Plutôt réservée, elle cherche ses mots pour nuancer son propos.

Synode des évêques en octobre

«A l’église je me sens chez moi où que ce soit dans le monde». Une sensation expérimentée aux Etat-Unis pour un échange, ou en Colombie, dans le cadre de ›voyage-partage’, où la Bâloise a passé six mois au service des filles issues de situations familiales difficiles. «J’ai vécu l’unité de l’Eglise, mais avec une couleur locale». Nul doute qu’à Rome, elle se trouvera aussi «comme à la maison».

Medea veut trouver le moyen de proposer sa foi aux autres. Ce qu’elle souhaite pour l’Eglise et les jeunes au terme de cette réunion? Donner de l’espérance et de la joie au monde.

Elle suivra avec attention les débats des évêques du monde entier, qui se réuniront en Synode à Rome en octobre 2018 pour poursuivre les discussions amorcées par les jeunes, en ce mois de mars. Car le pape François veut dynamiser la pastorale à l’égard des jeunes générations. Un nouvel axe fort de son pontificat. Et les surprises sont peut-être à venir, en ce domaine. (cath.ch/bh)

Medea Sarbach, représentante des catholiques suisses au pré-synode de Rome, du 19 au 24 mars 2018. | © B. Hallet
15 mars 2018 | 08:00
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 4  min.
Medea (1), pré-synode des jeunes (27), Rome (346), Synode (178), synode2018 (109)
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