Martin, futur garde suisse | © Hugues Lefèvre/I.Média
Suisse

Martin: «Je cherchais à effectuer un service qui ait du sens»

Originaire du canton du Valais, Martin, 21 ans, prêtera serment, avec 22 autres recrues, sur le drapeau de la Garde suisse, en jurant de protéger le pape. A quelques heures de la cérémonie, ce 6 mai 2023, le jeune hallebardier raconte ce qui l’a poussé à entrer dans la plus petite armée du monde.

«Je n’ai pas d’ancêtres dans la Garde, mais je suis ému de m’inscrire dans cette longue tradition. En réalité, je crois que je ne m’en rends pas encore bien compte». En tenue de gala, Martin fait partie de la dernière promotion entrée dans la plus vieille armée du monde. À 21 ans, il a déjà servi 11 mois au Vatican. «Le serment que je fais aujourd’hui, c’est un engagement que j’ai eu le temps de méditer durant les heures de service», confie-t-il. 

En ce premier samedi de mai, c’est l’effervescence aux abords de la caserne de la Garde suisse. Le 6 mai marque le jour des prestations de serment des nouveaux gardes. Une date qui ne tient pas au hasard. Il y a près de 500 ans, le 6 mai 1527, quelque 147 Gardes suisses perdaient la vie pour protéger celle de Clément VII des troupes de Charles Quint. C’est pour leur rendre hommage et pour inscrire la dimension sacrificielle de leur engagement que chaque année, les nouveaux soldats jurent fidélité au pape ce jour-là. 

Souvenir de la Fête-Dieu

Natif de la commune de Bramois (VS), le jeune homme au profil scientifique a fait son collège et son lycée à Sion. L’attrait pour la Garde suisse remonte à plusieurs années. Martin se souvient en effet des processions traditionnelles de la Fête-Dieu, où les scouts, les servants d’autel, ou bien encore d’anciens Gardes suisses défilaient chaque année. En 2019, un séjour familial à Rome avec ses deux petits frères lui permet de découvrir la caserne de la Garde suisse. «Je ne pense pas que mes frères y entreront. En tout cas, ils sont contents d’être là pour m’entourer», glisse le jeune homme. En 2021, un de ses bons amis d’enfance s’engage à la Garde. «Il m’a raconté ce qu’il vivait, m’a expliqué que c’était accessible. Moi, je cherchais à effectuer un service qui ait du sens.» 

À peine après avoir achevé son année de service militaire à Andermatt, dans un corps de spécialistes de montagne, le jeune homme file à Rome où il intègre, le 1er juin 2022, l’armée aux uniformes les plus célèbres de la planète. À ses côtés, 22 autres hallebardiers provenant des différents cantons suisses font leur entrée. Le jeune homme, qui maîtrise le français et l’allemand, doit alors apprendre l’italien, notamment pour pouvoir assurer des postes en relation avec les touristes, comme celui de la porte Saint-Anne, l’un des accès stratégiques du Vatican. 

Progressivement, Martin est formé au service. À la Garde, les soldats doivent honorer cinq missions. D’abord, la protection du pape et de sa résidence, puis l’accompagnement du pontife lors de ses voyages. La surveillance des entrées officielles de la Cité du Vatican constitue un travail difficile et exigeant, tandis que la prestation de services d’ordre et d’honneur requiert de maîtriser un cérémonial pluriséculaire. Enfin, les soldats suisses ont pour devoir de protéger les cardinaux durant la vacance du Siège apostolique, une mission que seuls quelques anciens ont honorée en 2013, la plupart des gardes quittant la caserne après 26 mois d’engagement. 

«Un cadeau pour remercier mes parents»

Quelques heures avant de prêter serment dans la Cour Saint-Damase du Vatican, Martin a eu le «privilège» de rencontrer le pape François. Dans son discours aux jeunes gardes, le pontifie argentin les a exhortés à vivre leur foi à travers leur service auprès des membres de la Curie romaine, des pèlerins ou bien des touristes. Pour Martin, son entrée dans la Garde suisse était d’ailleurs l’occasion de progresser dans la foi. «Le fait d’avoir une chapelle à 100 mètres de ma chambre est quelque chose d’unique», sourit-il, ajoutant que la petite armée dispose aussi d’un chapelain. 

En marge de l’audience avec les jeunes gardes et leurs parents, le pape François les a salués personnellement. «Le pape a pu nous dire quelques mots… J’étais fier car mes parents m’ont offert beaucoup de choses depuis ma naissance. Et le fait de pouvoir leur donner l’opportunité de rencontrer le Saint-Père m’a rempli de joie. C’était comme un cadeau pour les remercier de ce qu’ils sont pour moi», confie le Valaisan passionné d’agronomie, à qui il reste encore 15 mois de service à accomplir auprès du pape, avant de pouvoir disposer. (cath.ch/imedia/hl/bh)

Prestation de serment
Voici le serment que prononceront les gardes, main droite levée, en tenant le drapeau de la Garde suisse de la main gauche:
«Je jure de servir fidèlement, loyalement et de bonne foi le Souverain Pontife régnant, François, et ses légitimes successeurs; de me dévouer pour eux de toutes mes forces, sacrifiant, si nécessaire, ma vie pour leur défense. J’assume les mêmes devoirs vis-à-vis du Collège des Cardinaux durant la vacance du Siège apostolique. Je promets, en outre, au Commandant et aux autres supérieurs respect, fidélité et obéissance. Je le jure, aussi vrai que Dieu et nos Saints Patrons m’assistent».

Conditions pour être admis à la Garde Suisse
Tout citoyen suisse de sexe masculin âgé de 19 à 30 ans peut être admis à la Garde suisse Pontificale s’il remplit les conditions suivantes:
-catholique pratiquant (Catholique romain).
-Mesurer au moins 1,74 m.
-Être au bénéfice d’une santé et d’une réputation irréprochables.
-Avoir accompli l’école de recrue dans l’armée suisse.
-Diplôme d’études secondaires/formation profession-nelle achevée.
-Volonté de s’engager pour 26 mois.

Martin, futur garde suisse | © Hugues Lefèvre/I.Média
6 mai 2023 | 15:56
par I.MEDIA
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