Marseille: E. Macron ne prendra pas la communion à la messe du pape

À l’occasion du séjour du pape François à Marseille, du 22 au 23 septembre 2023, Emmanuel Macron sera présent à plusieurs reprises aux côtés du pontife et participera notamment à la messe – sans communier, précise l’Élysée le 14 septembre. Interrogé le 13 septembre à Rome, le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de la cité phocéenne et grand artisan de la venue du pape, juge pour sa part que le risque de récupération politique «existe» mais est «contenu».

À son arrivée à l’aéroport de Marseille-Provence le 22 septembre, le pape ne sera pas accueilli par le président mais par la Première ministre Élisabeth Borne. Emmanuel Macron doit en effet être présent à Paris pour la fin de la visite du roi d’Angleterre Charles III, un déplacement prévu en mars dernier mais reporté en raison des protestations contre la réforme des retraites.

C’est seulement le lendemain, dans la matinée, que le chef d’État français rencontrera le pontife pour la quatrième fois – après 2018, 2021 et 2022 – mais pour la première fois sur le sol français. Emmanuel Macron accueillera le pape François au Palais du Pharo aux alentours de 10h. Ils assisteront ensemble à la dernière séance des Rencontres méditerranéennes, événement qui rassemble des évêques et jeunes de l’ensemble du pourtour méditerranéen et qui est la raison première de la venue du pontife à Marseille.

La politique internationale au cœur des échanges

L’événement, a expliqué le cardinal Aveline lors d’un point presse à Rome, est l’occasion pour le pape de poursuivre son «pèlerinage méditerranéen», initié en 2013 lors de son voyage sur les rives de l’île de Lampedusa (Italie) et marqué par de nombreux déplacements depuis – les camps de migrants de Lesbos (Grèce) à deux reprises, mais aussi l’Albanie, Chypre, Malte, l’Égypte, le Maroc, la Turquie ou encore la Terre Sainte.

Emmanuel Macron écoutera le discours que le pape prononcera au Pharo puis les deux hommes auront un temps d’échange en tête à tête sur place, aux alentours de 11h30. Du côté de l’Élysée, on envisage un échange portant principalement sur des questions de politique internationale, notamment la guerre en Ukraine, le Sahel, le Liban, mais aussi plus largement les questions migratoires, qui sont au cœur du déplacement du pape à Marseille, ou encore leur vision des enjeux méditerranéens.

Élysée: le pape est un «soutien précieux» sur l’immigration

«Le pape est un soutien précieux» de la France pour trouver une solution européenne aux questions migratoires, estime-t-on à l’Élysée, considérant que sur ce dossier, les désaccords avec le Saint-Siège sont moins importants que les lignes de convergence.

L’archevêque de Marseille estime pour sa part que sur cette question – qui sera un des quatre grands thèmes des Rencontres méditerranéennes – l’Église doit éviter deux «écueils». D’une part, celui des discours «naïfs et iréniques» qui ne prennent pas en compte la réalité, et d’autre part, ceux «agressifs et instrumentalisants» contre les migrants. À ces postures partisanes, l’Église, a insisté le cardinal, doit cultiver la «proximité» et la «fidélité» aux populations, mais promouvoir le droit «à ne pas migrer».

L’Élysée assure par ailleurs que l’examen de loi sur la fin de vie, porté par la majorité présidentielle, n’a pas été repoussé à une date postérieure à la visite du pape pour des raisons stratégiques, mais pour des questions de calendrier parlementaire.

Après leur rencontre en privé, les deux chefs d’État se retrouveront aux alentours de 16h15 pour une messe au Vélodrome à laquelle le président participera – une information confirmée par le cardinal Jean-Marc Aveline et par l’Élysée. Emmanuel Macron sera accompagné de son épouse Brigitte Macron, a confirmé l’entourage présidentiel.

Un risque d’instrumentalisation «contenu»

La présence d’Emmanuel Macron «ne donne pas lieu à une prise de parole», souligne pour sa part le cardinal Aveline. «Rien de prévu en ce sens par le diocèse», insiste-t-il, reconnaissant qu’il y a «toujours un risque d’instrumentalisation» mais estimant qu’il est «contenu».

L’Élysée a balayé les critiques émises sur ce point ces derniers jours, signalant qu’elles émanaient d’un seul parti – La France Insoumise – et témoignait d’une «confusion sur le principe de laïcité». Le président assistera à la messe mais ne communiera pas, insiste un conseiller du président, rappelant qu’il est normal pour ce dernier d’avoir des relations avec les religions. L’Élysée a enfin insisté sur la dimension «festive» et «populaire» de la messe, «point d’orgue de la visite du pape».

L’Élysée assure aussi que, pour l’heure, aucune communication avec la presse n’est prévue de la part du président de la République après ses divers échanges avec le pontife. Le chef d’État retrouvera ce dernier une ultime fois à l’aéroport de Marseille-Provence aux alentours de 18h45 pour un bref temps d’échange et une cérémonie de départ, annonce l’Élysée. (cath.ch/imedia/cd/rz)