Maroc: les fonctionnaires des mosquées placés sous haute surveillance
Les autorités marocaines ont demandé à tous les fonctionnaires des mosquées et aux oulémas, de leur communiquer les noms de ceux d’entre eux qui disposent de comptes sur les réseaux sociaux, a rapporté le quotidien casablancais Libération le 6 octobre 2018.
Le Maroc compterait 50’000 mosquées et 110’000 préposés religieux. Depuis les attentats islamistes de mai 2003, à Casablanca, seconde ville du royaume, le gouvernement marocain a repris en main l’Islam et les activités dans les mosquées, autrefois hauts lieux de recrutements et d’endoctrinement des groupes religieux extrémistes. Objectifs: protéger l’islam en le prémunissant des abus, de l’instrumentalisation et renforcer la lutte contre l’extrémisme religieux.
Dans une note circulaire aux préposés religieux et aux Oulémas, publiée par Libération, le ministère des Habous (biens culturels religieux) et des Affaires islamiques a indiqué que «la mission des oulémas, imams et prédicateurs a été et restera de communiquer avec les citoyens». Dans ce cadre, «la technologie est un atout majeur, lorsqu’elle est utilisée à bon escient, dans le respect des constantes de la nation et conformément aux dispositions des textes juridiques qui régissent la fonction des oulémas et imams». Et cela conformément au guide de l’imam et du prédicateur.
Mais, a averti le ministère, «toute publication incompatible avec ces constantes et engagements sera notifiée» par le département, sans pour autant donner lieu à une quelconque mesure. «(…) Lorsque l’infraction persiste et que son auteur se trouve à double face avec un discours engagé à l’intérieur de la mosquée et un autre discours contraire», des mesures seront prises contre l’auteur.
Le Maroc, principal foyer de recrutement de Daech
En mai 2017, l’Institut pour les études de guerre (l’ISW – Institute for the Study of War) basé aux Etats-unis, avait indiqué que Daech étendait son influence sur ses réseaux de recrutement en Afrique du Nord. But: «Venir en support aux cellules terroristes destinées à miner la stabilité des Etats d’Afrique du Nord et à mener des attaques en Occident». Et cela notamment au Maroc et en Tunisie, considérés comme «les principaux foyers africains» de recrutement pour Daech en Syrie et en Irak.
Les combattants marocains sont principalement originaires du nord du pays, notamment des foyers paupérisés de Tétouan et de Fnideq, mais aussi des banlieues de Fès, de Salé ou de Casablanca. Des îlots où prospère l’idéologie djihadiste sur le lit d’un conservatisme historique, de frustrations sociales et d’une marginalisation économique.
Tolérance religieuse
Le Maroc est aussi considéré comme le pays d’Afrique du Nord le plus tolérant en matière religieuse. Le Roi Mohamed VI est le commandeur des croyants, c’est-à-dire protecteurs des croyants musulmans, chrétiens et juifs. Au début des années 2000, la nébuleuse Al Qaïda avait menacé de frapper le pays en raison de cette tolérance religieuse, qui, avait-il estimé, n’était pas conforme à l’islam.
Depuis, plusieurs attentats ont été commis en 2003, à Casablanca (41 morts et une centaine de blessés), à Marrakech, en 2011 (17 morts et 20 blessés). Le 27 Août 2017, 11 personnes ont été blessées dans un attentat à la voiture-bélier à Marrakech. Le même jour et au même moment à Fès, deux autres étaient blessées lors d’une attaque au couteau.
L’Etat a mis en place un programme de formation des imams, mourchides et mourchidates (prêcheurs et prêcheuses), et revu à la hausse les salaires des imams, prêcheurs et muezzins. Ces mesures s’ajoutent aux paiements qu’ils sont autorisés à percevoir des mécènes. Les imams ont également été intégrés dans le régime de couverture médicale de base et complémentaire, et peuvent percevoir une allocation d’aides financières pour incapacité de travail ou à l’occasion de la fête de l’Aid Al-Adha. (cath.ch/ibc/bh)